1.7 Polars victoriens divers

 

 

 

Titre : Whitechapel


Auteur : Sarah Pinborough
Édition : Bragelonne (2014)

Résumé :

Londres, 1888. Lorsque des cadavres de femmes atrocement mutilées sont repêchés dans la Tamise, le médecin légiste Thomas Bond comprend qu’un second tueur sévit dans les rues de Whitechapel.

 

Or cet assassin paraît plus inhumain que Jack l’Éventreur lui-même…


Pour lutter contre ses insomnies, le docteur Bond passe ses nuits dans les fumeries d’opium.

 

Chaque soir, un inconnu en noir vient examiner les rêveurs perdus dans les brumes opiacées.

 

Pourrait-il être la clé du chaos qui s’est emparé de la capitale ?

 

Critique : 

À ma gauche, poids lourd, Jack The Ripper, dit "L'Éventreur", spécialisé dans l'ouverture au couteau de femmes de petites vertus dans les rues mal éclairées de Whitechapel.

 

À ma droite, poids lourd aussi, le Tueur de la Tamise dit "Tueur au Torse", spécialisé dans le "démembrage" (néologisme) des femmes afin d'en faire des puzzles et qui les éparpille pour que les roussins s’amusent plus en travaillant plus.

 

Deux tueurs sur le ring, deux tueurs opérant au même moment, mais chacun de leur côté, chacun ayant sa méthode personnelle pour faire couler le sang et rendre les policiers chèvres.

 

Pardon, on me signale en régie que Jack The Ripper ayant eu droit à tous les honneurs des médias en son temps et les recevant encore maintenant au travers de nombreux ouvrages, il ne volera pas la vedette du Tueur de la Tamise dans ce roman. Le combat des Titans n'aura pas lieu.

 

Jack, tue dans ton coin, amuse-toi, fais un peu parler de toi dans ce roman, mais ne vient pas faire de l'ombre à ce criminel qui était plus inhumain encore que toi.

 

Non, ce roman ne nous parlera pas une Xème fois de l'ami Jack, mais d'un autre tueur qui a sévit au même moment et dont on a peu parlé, Jack ayant éclipsé tous les autres.

 

Le roman nous parle donc de ce tueur qui démembrait des femmes et jetait les troncs dans l'eau, les autres parties étant manquante.

 

Scotland Yard est sur les dents et le docteur Bond, médecin légiste, insomniaque, fumeur d'opium et enquêteur à la petite semaine va tenter de résoudre cette affaire qui a des ramifications bien plus complexe qu'il ne le pense au départ.

 

Si l'enquête ne comporte pas de course-poursuite, elle est rythmé et le suspense est entretenu par un récit qui fait souvent quelques bonds dans le temps afin que nous ayons une vue d'ensemble complète.

 

Le changement de narrateur permet aussi de nous donner différents points de vue et rend le récit moins linéaire qu'un qui ne serait attaché qu'à un seul narrateur. On passe même aussi d'un récit à la première personne avec le docteur Bond à des récits à la troisième personne avec d'autres personnages.

 

Bref, une belle découpe du récit et, bien qu'au départ cela soit un peu éparpillé, à la fin, le corps du récit est complet et il ne nous manque pas une seule pièce.

 

Le style d'écriture est simple, mais pas basique, il est même émaillé de quelques mots à chercher au dico.  Point de vue descriptions des meurtres ou des cadavres retrouvés, on ne fait pas dans la dentelle, on détaille le tout sur un ton froid et médical.

 

Le tronc de la victime – une femme – n’avait plus ni bras, ni jambes, ni tête. Au niveau des extrémités tranchées, des amas grouillants de vers plongeaient dans les chairs en putréfaction pour s’en repaître. Dans le silence du caveau, nous entendions distinctement le chuintement humide des asticots à l’œuvre. Par endroits, quelques larves blanches tombaient à terre à force de se tortiller.

— Je suis bien content, dis-je en me penchant sur le torse. La partie inférieure du vagin est toujours présente dans le pelvis, et même chose pour le rectum. Ainsi que la partie avant de la vessie, ajoutai-je en inclinant la tête pour mieux voir.

 

Niveau personnages, on a un peu de tout, de tous les milieux et je les ai trouvé correctement dépeint, sans en faire trop ni trop peu. J'ai bien aimé le docteur Bond, homme de science à l'esprit plutôt cartésien, troublé et cherchant l'oubli dans les fumeries d'opium.

 

Quant au petite coiffeur bien connu des ripperologues de tout poils, ça m'a fait tout drôle de le voir dans un tout autre rôle que celui qui lui échoit régulièrement. Et oui, si ceci est une fiction, elle se base tout de même sur des faits et des personnages réels !

 

Bien entendu, qui dit Éditions Bragelonne dit petits éléments fantastique dans l'enquête. Le tout étant bien amené, ça glisse comme un couteau bien aiguisé dans le corps de Mary Jane Kelly.

 

Et puis, qu'est-ce que je ne donnerais pas pour me retrouver dans le Londres de Sherlock Holmes et pour m'encanailler dans les pubs mal famés et les gargotes à opium !

 

Ici, on ne passe pas trop de temps dans les beaux salons mais on arpente les rues remplies de smog et on respire les miasmes du Londres pollué. Sans parler des odeurs de cadavres putréfiés !

 

Toute la misère du monde est concentrée dans le quartier de Whitechapel, c'est cru, l'auteur ne recouvre pas la pauvreté de beaux atours, elle la décrit de manière brute de décoffrage : meurtres, alcool, opium, sexe violent, enfants crevant de faim, gens entassés les uns sur les autres, femmes vendant leurs corps, gosses abandonnés...

Combien de familles vivent ici, tassées dans une ou deux pièces, et priant pour avoir de quoi payer la semaine ? Depuis leurs grandes demeures bien chauffées où ils comptaient leur fortune, les propriétaires anonymes chargeaient avocats et huissiers de tirer de leurs proies jusqu’au dernier penny.

 

Les pires bordels y étaient légion. Les plaisirs fugitifs que les marins venaient y chercher en provenance des quais tout proches avaient toutes les chances de s’accompagner d’une bonne vérole, entre autres infections carabinées.

 

À Londres cohabite la misère et la richesse... Et l'auteur nous le retranscrit bien.

 

Il existait deux Londres bien distinctes. La première appartenait à ceux qui s’habillaient pour aller à l’opéra, et la seconde à ceux qui survivaient en vendant des allumettes dans la rue devant l’Opéra.

[...] Ces messieurs et gentes dames si prompts au geste charitable et si soucieux de "leurs pauvres", comme s’ils avaient la moindre idée de l’enfer que vivaient ces gens-là.

Londres était une ville cupide et rapace, où le fossé entre la richesse et la misère avait la taille d’un gouffre.

 

C'est un roman qui se lit facilement et lorsqu'on commence, on a du mal à ne pas aller jusqu'au bout. L'enquête n'est ni trop rapide, ni trop lente, un bon compromis entre les deux et elle est bien fichue, en plus.

 

Une belle plongée dans les rues sombres de la ville à la recherche des morceaux de femmes, une pipe à opium coincée dans la bouche.

 

Au fait, la tête de la dame, elle est où ?? ♫ Latêtoutai, latêtoutai ♪ ??

 

PS : Le tueur au torse a fait au moins deux victimes, deux femmes dont on a retrouvé seulement les torses, amputés de tous leurs membres. L’une d’elles fut même retrouvée sur le chantier des nouveaux locaux de Scotland Yard. Comme Jack, il ne fut jamais attrapé. Mais son modus operandi était différent, ce qui fait dire aux spécialistes qu’il y avait bien deux tueurs.

 

Challenge "Thrillers et polars" de Canel (2014-2015), Challenge "Polar Historique" de Sharon, Challenge "Victorien" chez Arieste, Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

 

 

 

Titre : La nuit de l'éventreur


Auteur : Robert Bloch
Édition : Clancier-Guénaud (1988)

Résumé :

Londres, 6 août 1888...


Cent ans avant que Norman Bates, Hannibal Lecter et leurs collègues ne défraient la chronique, le premier et toujours le plus célèbre des "serial killers" assassine d'horrible façon une jeune prostituée, puis une autre, puis une troisième... Jack l'Éventreur entre dans la légende.


On ignore toujours son identité. Et pourquoi, soudain, ses crimes ont cessé…

 

Critique : 

Lorsque l'on me présente un tel menu, je ne puis que saliver d'avance...

 

"Dans cette œuvre de fiction, certaines libertés ont été prises à l’égard de certains personnages ayant réellement existé, mais les détails concernant les activités de Jack l’Éventreur proviennent directement des archives de l’époque".

 

Whitechapel, 1888, c'était pas le père Nowel qui déambulait dans les rues, distribuant des cadeaux aux péripap... aux puéripa... aux putes !

 

— Y en a des milliers par ici, ivres-mortes et rongées par la maladie, propageant l’infection chaque fois qu’elles écartent les jambes.

— Des prostituées comme celles-ci retroussent leurs jupes n’importe où… dans des ruelles, des cours, ou debout contre un mur. Rien n’est trop vil pour leurs goûts, aucun acte trop perverti pour qu’elles ne l’accomplissent. Et tout cela pour une pièce de six pence, afin de s’offrir un lit, pour une nuit, dans un garni sordide.

 

Non, dans le genre distribution, c'était plutôt celle des coups de couteaux à gogo et l'éparpillement de votre capital vie dans sa version "je dissèque à tout vents".

 

Ne nous y trompons pas, ceci est un roman, une fiction basée sur des faits "réels", bien que nous ne sachions pas tout et que nous ne soyons sûrs de rien.

 

L'histoire racontée est telle qu'elle aurait pu se passer lors de ces journées "corps ouverts".

 

Malgré le côté fictionnel, pour celui qui veut en apprendre un peu plus sur les crimes de 1888 et sur la vie miséreuse dans certains quartiers de Londres, cet ouvrage fera parfaitement l'affaire étant donné qu'il sera moins indigeste qu'une étude brute de dépeçage, pardon, de décoffrage.

 

Sous le voile de fumée noir recouvrant la ville, la lueur des becs de gaz vacillait et flamboyait, tandis que les âmes perdues s’éloignaient lentement dans les rues ténébreuses de l’Inferno. Des démons demeuraient ici… des terrassiers ivres entrant en titubant dans des assommoirs, des déchards tapis devant des taules sordides, des rupins nippés façon bourgeois rôdant dans les ruelles, à la recherche d’accrocheuses.

Le rire n’avait que faire dans les rues de Whitechapel avec ses maisons de rapport surpeuplées, ses cours malpropres empestant la sueur et les eaux d’égout. Au lieu de rires, on entendait l’écho sans fin de sanglots et de jurons, les voix de la pauvreté et de la souffrance.

 

L'écriture coule comme le sang fraichement versé, pas de temps mort bêtement perdu entre les meurtres 3-4 et le dernier de Mary Jane.  On suit l'inspecteur Abberline dans son enquête et l'on s'attache à des personnages secondaires, tels le Dr Mark Robinson et Eva.

 

Tous les personnages ayant existé sont dans les pages, suspects comme policiers, vous partagerez leurs pensées, mais pas assez pour deviner s'ils pourraient être les coupables ou pas.

 

On y croisera Conan Doyle, Oscar Wilde, Joseph Merrick et un chef de police - Charles Warren - totalement incompétent qui vous fera mieux comprendre pourquoi Jack court toujours.

 

Toutes les erreurs, conneries, bourdes et autres inconstances durant l'enquête sont reproduites dans les pages : lavage de scènes de crimes, lavage des corps, effacement d'une phrase sur un mur, le coroner qui veut clore l'affaire, les chiens qui n'ont pas suivi de piste, les faux témoignages, les lettres anonymes et signées.

 

Tiens, même les rapports d'autopsie sont là, mais décrit à chaud, devant le corps encore chaud des victimes. Âmes ou estomacs sensibles, vous sauterez quelques paragraphes.

 

Elle était allongée sur le dos, ses deux bras écartés, la jambe gauche tendue et la droite repliée au genou. Son visage levé vers le ciel était un masque d’horreur pour Halloween ; une partie du nez avait été tranchée, le lobe de son oreille droite quasiment sectionné, et les deux paupières inférieures étaient entaillées. Ses joues, sa mâchoire et ses lèvres étaient tailladées ; la gorge en dessous béait, formant une cavité écarlate, d’une oreille à l’autre.

 

Si le monde a frémi de peur durant quelques mois face à ces crimes atroces, l'auteur, de par ses introductions en tête de chapitres, nous remet les choses bien à leur place : Jack, ce n'est rien comparé à ce que certains êtres humains ont fait à leur semblables.

 

"Les têtes de chapitre sont là pour nous faire souvenir que, bien qu’étant horribles, les crimes de Jack l’Éventreur pâlissent en comparaison des exploits beaucoup plus terrifiants qui ont été continuellement commis au nom du patriotisme, de la religion et des lois de la nation."

 

Le plus étrange, c'est que cette série de crimes n'a pas eu que du négatif. Ils ont attirés l'oeil du reste de la ville sur ces taudis qu'étaient Whitechapel et on a même doté les rues d'éclairage public suite à ces meurtres. Ironique, n'est-il pas ?

 

J’y avançais la suggestion que, à la longue, ces crimes se révéleraient peut-être d’un grand profit. Tout au moins, ils auront servi à attirer l’attention du grand public sur la misère et la pauvreté de l’East End, et accélérer ainsi les réformes sociales.

 

Un roman fictionnel excellent pour celui ou celle qui voudrait découvrir - ou approfondir - les crimes de 1888. Norman Bates fait pâle figure face à tonton Jack The Ripper...

 

Et puis, parfois, on est passé à un doigt de LA réplique culte, voyez plutôt :

 

— Que diriez-vous de deux doigts de porto ?
— Non merci, je me sens tout à fait bien.
— À votre guise.

— Prenez place, inspecteur. Puis-je vous offrir deux doigts de sherry ?

 

Challenge "Thrillers et polars" de Canel (2014-2015), Challenge "Polar Historique" de Sharon, Challenge "Victorien" chez Arieste, Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

 

 

 

Titre : La derniere victime


Auteur : Emmanuel Ménard
Édition : Le masque (1992) CyLibris (2002)

Résumé :

Le 31 août 1888 débute dans les bas-fonds de Londres, dans le quartier de Whitechapel, une des plus célèbres affaires criminelles au monde.

En l'espace de quelques mois, la mort de quatre prostituées, retrouvées horriblement mutilées, fait surgir la figure diabolique de Jack L'Éventreur, la terreur de l'East End, dont l'identité est encore à ce jour demeurée mystérieuse.

Depuis cet automne de 1888, les hypothèses les plus folles se sont succédé... Complot franc-maçon, rejeton royal sombré dans la folie, médecin de la reine cherchant à venger la mort de son fils syphilitique, toutes les pistes ont été suivies...

Sans résultat, et pour cause, ainsi que vous pourrez le découvrir ici en côtoyant tous les acteurs de ce drame, du chef de la police londonienne, sir Charles Warren, à un jeune auteur de romans de détection, un certain médecin du nom de Conan Doyle…

 

Critique : 

The return of Jack The Ripper ! ♫ Tonton Jack est revenu ♫ Du sang, des viscères, comme on en avait jamais vu ♪

 

Non, non, il n'est pas "revenu" au sens premier du terme, c'est juste moi qui ait lu beaucoup sur lui ce mois-ci, dont un pas plus tard que le lundi 15 juin.

 

Là, je suis contente de ma lecture, pas de dégommage de roman en règle, pas de tir au bazooka sur un auteur qui tenterait à l'aide d'hypothèses foireuses ou capillotractées de nous faire croire que l'affaire est classée car il (elle) l'a résolue.

 

Nous sommes face à de la fiction, mais avec des personnages connus puisque nous croiserons Arthur Conan Doyle, médecin écossais qui a écrit un roman avec une sorte de détective appelé Sherlock Holmes (marchera jamais, mdr), le fameux incompétent Sir Charles Warren (chef de la police de Londres), l'inspecteur Abberline, Sa Très Gracieuse Majesté, etc.

 

— Ce général Warren, fit Elizabeth, tout gentleman qu'il est, me paraît fort incompétent.
— Je ne suis pas d'accord, s'écria Hallward émergeant de son mutisme. Warren n'a rien d'un gentleman.

 

Ici, les descriptions des meurtres, tout en étant véridiques, sont tout de même édulcorées, vous ne devrez pas lire les rapports d'autopsie (zut alors), ce qui fait que les âmes sensibles pourront le lire sans défaillir.

 

Les descriptions de l'East End ne sont pas détaillées comme dans les autres romans qui avaient tout du roman noir, mais l'accent est plus mis sur la psychologie des gens.

 

Nous avons tout d'abord le reflet des mœurs et des pensées de l'époque : pas de femmes dans la police; les meurtres ne peuvent être que des actes d'étrangers, jamais un anglais de ferait ça; le colonialisme, c'est bon pour les peuples parce qu'ils faut bien les civiliser, ces sauvages; quand à l'esclavage, c'est pas mauvais pour la santé, enfin !

 

Sans oublier que tous ces gens bien pensant des beaux quartiers se fichaient pas mal des gens qui vivaient dans "l'abîme" (l'East End), étaient tout à fait d'accord et heureux lorsque Sir Charles Warren fit charger 20.000 chômeurs par les policiers, déclenchant un Bloody Sunday...

 

Les gens riches et aisés se moquaient bien de la misère noire qui régnait dans certains quartiers et après deux meurtres sanglants, les voilà qui veulent jouer les bons samaritains. Hypocrisie, quand tu nous tient.

 

—[...] Depuis la mort de Mary Nichols, tout le monde, et notamment les gens aisés de Londres, s'aperçoivent que durant des années, ils ont côtoyé avec un mépris souverain une misère noire qui les dérangeait parce qu'elle était devant leur porte. Et pour rattraper des décennies d'hypocrisie, tout le monde s'émeut brusquement, clame la misère de l'East End, et veut apporter son écot pour améliorer la situation de Whitechapel. Ceux là même qui applaudissaient Warren quand il fustigeait "la racaille" sont les premiers à vouloir jouer les bons samaritains. Quel qu'ait été le but de Jack l'Éventreur, il aura au moins réussi à nous ouvrir les yeux sur la situation de l'East End ! D'après mon ami, tel a peut-être été toujours été le mobile de l'assassin.

 

Avec un style tout ce qu'il a de plus classique dans l'écriture, l'auteur nous entraine dans les rues de Whitechapel ainsi que dans l'enquête sur le fameux Jack menée par un pair du royaume : Lord Edward Ashley.

 

Oeuvre de fiction, donc, pas de coupable ayant une existence réelle, mais tout de même bien trouvé. J'ai entrevu la vérité peu de temps avant Edward et je me suis demandée comment l'auteur allait meubler les 60 dernières pages.

 

Pas de panique, elles furent bien meublées et j'en suis restée ébahie. Purée, c'est vache un coup pareil mais bien pensé. Juste un léger bémol : tenir autant de gens dans le secret n'est pas très réaliste parce que les gens, ça parle !


Mention très bien pour un blackmailer qui, malgré toute ses exactions m'est resté sympathique jusqu'au bout.


Un bon roman fictionnel sur Jack The Ripper, sans trop de sang ou de boyaux, sans les théories fumeuses habituelles, avec une enquête bien ficelée, brillante et des personnages sympathiques et réels (pour certains).


Ça fait du bien après les spéculations orientées de madame Patricia Cornwell...

 

Challenge "Thrillers et polars" de Canel (2014-2015), Challenge "Polar Historique" de Sharon, Challenge "Victorien" chez Arieste, Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park, Lire "À Tous Prix" chez Asphodèle (Prix du Roman Policier du festival de Cognac 1992) et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

 

 

 

 

Titre : Trois mille chevaux vapeur
 
Auteur : Antonin Varenne
Edition :  Albin Michel (2014)


Résumé :

Birmanie, 1852. Arthur Bowman, sergent le la Compagnie des Indes orientales est choisi pour accomplir une mission secrète durant la 2e guerre anglo-birmane. Mais l’expédition tourne mal et les hommes sont capturés et torturés pendant plusieurs mois. Seuls dix d’entre eux en sortiront vivants.

Londres, 1858. Alors qu’il se noie dans l’opium et l’alcool, luttant avec ses fantômes, Bowman découvre dans les égouts le cadavre d’un homme mutilé. La victime semble avoir subi les mêmes sévices que ceux qu’il a endurés dans la jungle birmane.

Persuadé que le coupable est l’un de ses anciens compagnons de captivité, Bowman décide de partir à sa recherche. Une quête qui s’achèvera douze ans plus tard, en 1864, sur les rives d’un autre continent.

À l’Ouest. Où une autre guerre a éclaté. Le chemin qui le mènera à la vérité sera aussi celui de sa rédemption.

 

Critique :

1852, Madras, Birmanie... Nous partîmes 15 mille, mais pas un prompt renfort, nous ne fûmes plus que dix élus à monter sur le Sea Runner, 30 en arrivant à la jonque qui devait nous mener en mission, mais elle s'échoua sur la berge...

 

Par mon commandement, mes hommes se mirent en joue et nous vinquîmes la jonque ennemie, mais deux autres survinrent. Prisonniers, nous ne fûment que 10 à survivre aux tortures lorsqu'en 1853, les Birmans libérèrent les prisonniers britanniques dont nous faisions partie.
 
1858. Arthur Bowman est rentré depuis 5 ans à Londres, cassé, traumatisé, hanté par une armée de fantômes qu'il tente de noyer dans l'alcool. Surveillant à la brigade de la Tamise, il regarde la ville suffoquer sous l'odeur pestillencielle qui la ronge.
 
Les chaleurs des derniers mois ont fait desendre le niveau de la Tamise et les déchets s'y accumulent : merde, cadavres de bêtes en provenance des abattoirs et tutti quanti. Franchement, n'éditez jamais ce roman en odorama, on le fuirait tant ça y fouette dans ces passages !
 
"Fin juin, la température avait continué de grimper et la Tamise s'était épaissie au point de devenir une lente coulée de lave putride.
 
Les déchets des usines, déversés dans les mêmes égouts ou directement sur les berges, s'accumulaient en nappes noires et grasses. Les rejets des abattoirs flottaient à la surface du fleuve solidifié.
 
Des carcasses de vaches et de moutons, engluées dans la boue, passaient lentement devant le nouveau Parlement de Westminster.

Les pattes des squelettes pointaient en l'air comme sur un champs de bataille abandonné et des corbeaux venaient s'y percher.
 
Il fallait une demi-journée pour que les cornes d'un bœuf, à l'horizon du pont du Lambeth, passent sous les fenêtres de la Chambre des Lords et disparaissent sous le pont de Waterloo. On prétendait qu'à certains endroits on pouvait traverser le fleuve à pied.

Le 2 juillet, la chaleur fut sans égale et la ville tout entière recouverte par l'odeur d'un gigantesque cadavre".
 
Londres crève, Londres pue, Londres à soif mais Londres continue !
 
"Si l'enfer avait une odeur, elle ne pouvait pas être différente de celle-là et l'idée faisait son chemin: Londres se changeait bel et bien en enfer, il y avait derrière cette peine divine une raison enfouie, un péché monstrueux".
 
C'est un meurtre horrible qui va faire bouger l'ancien sergent Bowman de la torpeur dans laquelle il se complaisait : ce corps, comme passé à la moulinette, il est persuadé que c'est un de ses anciens hommes qui l'a torturé. Ils étaient dix à s'en être sorti...
 

Menant son enquête afin de retrouver les 9, il élimine les incapables, les décédés, le fou, l'emprisonné et le suicidé. Lorsque sa liste ne comporte plus que deux noms, il apprend qu'un est parti et que l'autre est pasteur.

 

Bowman n'hésitera pas à traverser l'océan à destination de l'Amérique pour suivre la piste de son homme lorsqu'il lira qu'un meurtre semblable à celui des égouts de Londres à eu lieu dans une ville américaine.

 

Là, on peut dire que ce roman vous fait vivre l'aventure avec un grand "A". Un Triple "A" même : Aventure, Action, Amérique.

 

Réunissant un peu tous les genres, mélangeant le roman de guerre avec du polar historique et trempant le tout dans du western et de l'aventure intérieure, ce roman entre dans 7 de mes challenges littéraires.

 

Un superbe voyage sur trois continents, passant de la Birmanie à Londres puis New-York et ensuite sur les plaines désertiques de cette jeune nation en construction que sont les États-Unis. Le portrait n'est pas flatteur, mais il est réaliste.

 

— Les États-Unis ne sont pas une jeune nation, mais un commerce d'êtres humains florissant. Ceux qui débattent aujourd'hui à Washington de l'émancipation des esclaves sont les propriétaires des usines où travaillent ces femmes. Ce sont eux qui font tirer sur les ouvriers. Dans le Sud, un Blanc qui tue un Nègre ne va pas en prison, mais un Blanc qui aide un esclave en fuite ira moisir dans une cellule pendant longtemps. Les pauvres sont trop nombreux, on ne doit pas les laisser se réunir.

 

— Les Blancs ont inventé en Amérique un pays sans passé pour avoir une vie nouvelle. Mais cette terre a une mémoire. C'est pour ça qu'ils nous tuent [les indiens], pour l'effacer. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Ce que j'en pense ? Que c'est la même saloperie partout où je suis allé.

 

L'écriture est magique, elle vous scotche aux pages qui défilent plus vite que le vapeur Persia sur l'océan, celui qui possède un moteur de trois mille chevaux vapeur et qui vous fait la traversée en 9 jours et quelques heures (sans croiser d'iceberg, lui).

 

Pas de baillement, pas de décrochement de la machoire, pas de "Hé, c'est du chiqué" car tout est bien dosé, bien écrit, bien pensé, bien dosé et les personnages secondaires sont bien travaillés. Un pensée émue pour les Fitzpatrick.

 

L'aventure est une véritable épopée, vous traverserez les states sur votre mustang, suivant la piste sanglante du criminel, mangeant sur le pouce une tambouille d'haricots ou de lard, bivouaquant à la belle étoile, chassant, dépeçant et buvant des les rivières, avant de vous saouler dans un bar quelconque.

 

Ce roman, c'est aussi des galops furieux durant des heures et des heures qui m'ont cassé le dos, mis les reins en compote et collé des hémorroïdes au cul tellement la selle était peu confortable et que mon Arthur Bowman cravachait comme un fou.

 

L'ex-sergent Bowman... un sacré mec ! Bougon, grognon, un meneur d'homme, pas un tendre, mais tout de même... sous sa carapace, là, bien au fond, il saura s'émouvoir. Et nous émouvoir de par ses blessures profondes dans l'âme.

 

Bowman, c'est un boxeur. Cent fois mis au tapis, cent fois il se relèvera et repartira au combat, encore plus enragé qu'avant. Jusqu'au K.O final, mais il ne renonce jamais.

 

— Pour votre malheur, Browman, vous avez survécu à des choses qu'un homme normal n'aurait pas supportées. Vous auriez dû vous tuer depuis longtemps, mais si vous ne l'avez pas fait, c'est qu'il y a en vous quelque chose de plus fort que ce dont vous avez été victime.

 

La traque est intense, rude, il est seul avec Walden, son mustang, seul avec lui-même et ses fantômes. Seul avec ses armes et ses pensées noires. Seul sur la piste...

 

Un livre qui restera gravé dans ma mémoire, tel un mustang marqué au fer rouge sur la cuisse : à vie.

 

Un anti-héros avec qui j'ai voyagé sans m'ennuyer une seule seconde, un homme qui m'a ému, émerveillé, emballé et avec qui j'aurais encore fait un bout de chemin.

 

À tel point que ce matin, alors que je continuais mon roman sur la jeunesse de Sherlock Holmes à Pau entammé la veille (j'étais p 40) dans la foullée de "Trois mille chevaux vapeur"  je me suis dit "Mais pourquoi Bowman va-t-il à la biblio municipale ? Il n'y en a pas dans l'Ouest sauvage !" quand je me suis souvenue que le roman était terminé et que j'étais dans un autre où les biblio municipales sont présentes.

 

C'est vous dire si Bowman m'a marqué !

 

Réclamation : pourquoi, à un moment donné - p554 - ce roman se termine ?? L'auteur ne pouvait-il pas encore ajouter 200 pages juste pour mon plaisir personnel ? Quel est l'imbécile qui a inventé le mot "Fin" à des romans de cette trempe là ??

 

Un gros coup de coeur pour ce roman sombre, mais lumineux.

 

"Je ne crois pas au fond nous ayons lu trop de livres. Seulement nous vivons entourés de gens qui n'en n'ont pas lu assez, aussi incultes que cette terre. Si nous avons été naïfs, c'était en croyant des hommes d'affaires, plus qu'à nos idées".

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2014-2015), Challenge "Polar Historique" de Samlor (repris par Sharon), Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, Challenge "Victorien" chez Arieste, le "Challenge US" chez Noctembule, le Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park, le "Challenge Ma PAL fond au soleil - 2ème édition" chez Métaphore,  "Il était une fois dans l'Ouest" chez The Cannibal Lecteur et "Ma Pedigree PAL - La PAL d'excellence".

 

 

 

Titre : Un intérêt particulier pour les morts
 
Auteur : Ann Granger
Édition : 10-18 (2013)

Résumé :

Nous sommes en 1864 et Lizzie Martin accepte un poste de dame de compagnie à Londres auprès d'une riche veuve qui est aussi une propriétaire de taudis. Lizzie est intriguée d'apprendre que la précédente dame de compagnie a disparu, apparemment après s'être enfuie avec un inconnu.

 

Mais quand le corps de la jeune fille est retrouvée dans les décombres de l'un des bidonvilles démolis récemment autour de la nouvelle gare de St Pancras, Lizzie commence à se demander ce qui s'est passé.

 

Elle renoue avec un ami d'enfance, devenu l'inspecteur Benjamin Ross, et commence à enquêter avec son aide, au péril de sa vie, pour découvrir la vérité sur la mort de la jeune fille dont le sort semble étroitement lié au sien.

 

Critique : 

En l'an de grâce 1864,  Elizabeth Martin (Lizzie), 29 ans quitte son Derbyshire pour monter à la capitale afin de jouer à la dame de compagnie auprès d'une riche veuve.

 

Pourquoi ? Parce que son père, médecin fort apprécié dans la région, est décédé il y a peu de temps, la laissant sans un rond... À force d'aider son prochain, il en a oublié de laisser à sa fille de quoi subvenir à ses besoins.

 

Dans cette Angleterre rigide des années 1860, la femme n'a pas la place qu'elle mérite. Elle doit juste fermer sa bouche et tenir sa maisonnée, tout en pondant quelques marmots (les riches en faisant moins que les très pauvres).

 

Lizzie a 29 ans, pas mariée, c'est donc une vieille fille, pour l'époque. De plus, elle a du mal à tenir sa langue et n'est pas ce que l'on peut dire "jolie". Bref, elle risque de voir pousser les toiles d'araignée entre ses jambes, la pauvre. De plus, à cette époque, s'envoyer en l'air en dehors des liens du mariage est trèèèès mal vu !

 

1864... C'est aussi à cette époque que l'on rasa des taudis afin de bâtir la future gare de Saint-Pancras. Et les gens qui y survivaient ? Mais enfin, tout le monde s'en moque ! Vous pensez bien, des pauvres... Le capitalisme n'est pas une invention de notre siècle et on nous le démontrera dans le roman.

 

L'arrivée de Lizzie dans la ville de Sherlock Holmes (en 1864, il était tout gamin et vivait à la campagne) n'est pas de tout repos ! Voilà que le fiacre qui l'emmène chez la vieille peau croise la route d'un tombereau avec le cadavre d'une jeune femme dessus !

 

Coïncidence malheureuse, le cadavre est celui de la précédente dame de compagnie qui avait disparu, apparemment en s'enfuyant avec un inconnu.  Rhôôô, très mal vu à l'époque ! Petite dévergondée, va ! Elle brûlera dans les flammes de l'Enfer, selon le Dr Tibbet, gardien de la moralité devant l'Éternel (passez-moi mon AK47, s'il vous plaît).

 

Lizzie, en digne émule de Sherlock Holmes et du couple Charlotte et Thomas Pitt auquel elle ressemble un peu, va enquêter sur cette affaire où se mêlent d'étranges coïncidences...

 

Coup de bol, l'inspecteur principal est une lointaine connaissance du Derbyshire et il voue à Lizzie une admiration sans borne. Non, pas de scènes de sexe torride dans le roman, désolée.

 

Certes, l'intrigue n'est pas recherchée comme celles d'Agatha Chrisie, mais ce fut un véritable plaisir de découvrir cette nouvelle venue dans le polar historique victorien !

 

Personnages agréables - certains étant détestables, mais c'est ce qui fait le sel de l'histoire - un majordome un peu louche avec sa manie de surgir partout, sa femme qui a tout du dragon, des personnages suspects, des rigides, des collets montés ou bon à jeter dans la Tamise, la panel est varié et bien représenté.

 

L'époque est bien restituée, il ne manquait plus que le bruit des roues des fiacres et l'odeur putride des taudis !

 

Bon point, je n'avais pas vu venir le (la) coupable à la fin !

 

Le seul bémol sera à attribuer à l'imprimeur qui, une fois arrivé à la page 216 passe à la 145 ! Abus d'alcool ou manque de café, tout rentre dans l'ordre à la 241 mais il me manque l'histoire qui s'est passée durant ces 25 pages manquantes !

 

Sans transcender le genre, ce polar ce lit avec grand plaisir et je me demande bien ce que les autres tomes nous réservent. En tout cas, ce sera avec moi !

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), Challenge "Polar Historique" de Samlor (repris par Sharon), Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, Challenge "Victorien" chez Arieste, Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park et "Challenge Ma PAL fond au soleil - 2ème édition" chez Métaphore.

 

 

 

Titre : Retour à Whitechapel
 
Auteur : Michel Moatti
Édition : Pocket (2014)

Résumé :

Automne 1941, Amelia Pritlowe est infirmière au London Hospital et tente de survivre aux bombardements de l’armée allemande. Lorsqu’elle reçoit la lettre posthume de son père, elle n’imagine pas qu’elle va devoir affronter un cataclysme personnel tout aussi dévastateur. Sa mère n’est pas morte d’une maladie pulmonaire comme elle l’a toujours cru.

 

Sa mère, Mary Jane Kelly, a été la dernière victime de Jack l’Éventreur. Elle avait deux ans. Mue par une incommensurable soif de vengeance, l’infirmière va se lancer dans une traque acharnée.

 

Elle intègre anonymement la société savante d’experts "ripperologues", la Filebox Society, et va reprendre l’enquête depuis le début, reconstituer les dernières semaines de la vie de sa mère, suivre toutes les pistes et accepter tous les sacrifices pour retrouver celui qui reste encore aujourd’hui une énigme.


En décryptant les documents d'époque, Michel Moatti recompose l'atmosphère nocturne et angoissante de l'East End du XIXe siècle.

 

En redonnant vie aux victimes, en recomposant leurs personnalités sociales et affectives, il propose une solution à l'énigme posée en 1888 : qui était Jack the Ripper ?

Critique : 

Là, je m'incline devant le roman de monsieur Moatti car il a réussi à mélanger la fiction avec le réel, donnant vie au quartier de Whitechapel et à quelques unes de ses prostituées les plus célèbres !

 

Nous sommes en 1941 et tout l'Europe est écrasée par les bottes des Boches... Toute ? Non, une île résiste encore et toujours à l'envahisseur, mais est écrasée par les multiples bombes que le cousin Germain lui envoie. C'est le Blitz à Londres et il vaut mieux louvoyer entre les bombes.

 

Secouant la manche de ma grosse veste remplie de poussière due à l'effondrement d'un bâtiment, je pénétrai au London Hospital afin de faire la connaissance avec Amelia Pritlowe, une infirmière qui, comme moi, tente de survivre aux bombardements du sinistre moustachu.

 

C'est penchée sur son épaule que j'ai lu, avec elle, la lettre posthume qu'elle venait de recevoir de son père.

 

Moi, j'avais lu le résumé, donc je savais déjà que cette lettre allait être son petit Hiroshima à elle. Oui, je n'exagère pas... Cette lettre, ce sera son cataclysme personnel, tout aussi dévastateur qu'une bombe de grande puissance qui vous pèterait dans les mains.

 

Sa mère n’est pas morte d’une maladie pulmonaire comme elle l’a toujours cru. Que nenni !! Sa maman se prénommait Mary Jane Kelly... Ça vous remet ?? Yes, Mary Jane, la dernière victime de Jack l’Éventreur, celle sur laquelle il  s'était lâché...

 

Souvenirs ? Néant car elle n'avait que deux ans. Alors, Amelia va retrousser ses manches et mener l'enquête, 53 ans après.

 

Alors, non seulement l'auteur propose une nouvelle vision de l'identité du meurtrier qui me plaît bien, mais en plus, il a parfaitement mis en scène le tout.

 

On alterne les chapitres avec l'enquête d'Amélia, prête à toute, même à entrer dans un club de "ripperologues", et les chapitres qui se déroulent en 1888, dans les ruelles sombres de Whitechapel.

 

"Il y a alors quelque chose de pourri dans l'Empire britannique, et le tueur en série est le nettoyeur fou de sa capitale, comme s'il s'était assigné à lui-même une mission, s'attaquant à des filles de rien pour les précipiter dans le néant".

 

L'incendie des docks, le 31 août, nuit de la mort de Mary Ann Nichols s'y trouve, la manifestation des ouvrières de l'usine d'allumettes "Bryan & May" qui ont eu le visage ravagé et dévoré par le phosphore, les femmes qui devaient vendre leur corps pour gagner de quoi boire un coup et dormir dans un asile qui avait tout du taudis... Tout se trouve dedans !

 

"Douze visages d'horreur firent face aux hommes de la police et aux mandataires des fabriques. Douze visages mangés par l'acide, décomposés par le cancer, ravagés par la maladie du phosphore. Les mâchoires de certaines apparaissaient à travers la chair nécrosée des joues, révélant l'émail jauni de dents putréfiées. D'autres n'avaient plus de lèvres, et des gencives gonflées, boursouflées, rouges comme des sections fraîches de betterave, pointaient vers l'avant, à la manière de monstrueuses figures de proue. L'une d'entre elles, qui tenait le centre du rang, avait un œil exsangue, déplacé vers le milieu du visage, empiétant sur un nez absent et sur l'orbite voisine".


Celui qui voudrait en savoir un peu plus sur  l'atmosphère nocturne et angoissante de l'East End de 1888, et bien, il est servi !

 

Un magnifique travail de reconstitution, comme si on y était, le tout sans ennuyer le lecteur une seule seconde. Les pages ont défilé sur deux jours. Je l'aurais même lu plus vite si je n'avais pas eu d'autres choses sur le feu.

 

À cause ou grâce au tueur de Whitechapel, les 5 victimes sont passé de l'ombre à la lumière, passant du néant à la postérité pour l'éternité, devenant les prostituées les plus célèbres de l'univers...

 

"La sauvagerie de ses crimes, le caractère fulgurant de sa "carrière" - il n'a officiellement sévi que quelques mois, d'août à novembre 1888, laissant derrière lui cinq victimes -, l'énigme intacte de son identité font de cet être réel un mythe".

 

Grâce à l'auteur, les victimes viennent de revivre une nouvelle fois : leurs personnalités, leurs vies de misère, leurs joies,leurs emmerdes, leurs personnalités sociales et affectives...

 

Tout est recomposé, sans pathos, sans exagération, le tout formant un roman où le voyeurisme n'est pas invité et où l'enquête que mène Amélia a quelque chose de touchant.

 

On a même droit à des fac-similés des documents d'enquêtes de l'auteur. Un vrai travail qu'il a accompli là.

 

Je ne sais pas si sa théorie est bonne, mais la proposition de solution à l'énigme posée de 1888 pourrait être plausible...

 

Une lecture qui m'a enchanté !

 

Je vous laisse, je vais me réfugier dans le métro, il pleut des bombes dans ma ville de Londres !

 

"L'indifférence est la caractéristique saillante de tous les tueurs en série, qu'ils agissent en solitaire ou en bande, comme lors des génocides. C'est cette indifférence à l'autre qui doit dois retenir de les admirer".

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), au Challenge "Polar Historique" de Samlor (repris par Sharon), au Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, au "Mois anglais III" chez Titine et Lou, au Challenge "Victorien" chez Arieste et au Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park.

 

 

 

Titre : Le livre rouge de Jack L'éventreur
 
Auteur : Stéphane Bourgoin
Édition : Grasset (1998)

Résumé :

"Le Livre rouge de Jack l'Eventreur" est un livre de fond sur la vie de cet ancêtre de nos "serial killers", sur lequel tant de légendes et de mythes erronés se sont greffés.

 

Stéphane Bourgoin reprend l'enquête à zéro. Il reconstitue l'atmosphère misérable et sombre de l'East End londonien de 1888. Il nous fait revivre chacun de ces meurtres effroyables, comme celui de Annie Chapman et de Mary Jane Kelly...

 

Il examine les différentes théories, plus ou moins classiques, qui font successivement de Jack l'Eventreur un étrangleur, un magicien, un étranger, un membre de la famille royale : déjà un mythe ! Stéphane Bourgoin nous livre les archives secrètes de Scotland Yard.

 

Il a eu également accès aux dossiers de la FBI National Academy. Ce texte est donc un panorama complet, scientifique et fascinant, du destin de l'Eventreur.

 

Le récit est suivi d'un certain nombre de documents décisifs autour du personnage : des nouvelles anglaises inédites, une bibliographie et une filmographie exhaustives.

 

Critique : 

Ça, c'est ce qui s'appelle une sacré étude sur Ze First Serial Killer : l'Éventreur de Whitechapel qui se fera appeller "Jack" suite à une lettre intitulée "Dear Boss" et envoyé à la Central New Agency par une personne dont on ne certifiera pas qu'elle était bien le tueur...

 

Ceci est une étude clinique des meurtres de 1888, aussi précise qu'un coup de scalpel car l'auteur s'en tient au fait et rien qu'au fait (Sherlock Holmes aurait aimé, lui aussi aime les faits) !

 

Pas d'extrapolation sur X ou Y qui aurait pu être le tueur puisque, malgré toute la débauche de faits, de témoignages, d'indices et tutti quanti, on ne peut pas en tirer une théorie.

 

Et l'auteur se gardera bien de vous fournir une piste. Il vous expliquera juste pourquoi telle ou telle théorie est fumeuse, surtout celle du complot royal sortie du chapeau malade de Stephen Knight.

 

Dans ce roman, on reprend l'enquête à zéro, on entre dans les ruelles sombres et tortueuses, on se balade dans la rue la plus dangereuse de Londres : Flower and Dean Street, on se penche sur les conditions de vies déplorables des habitants de l'East End et on suit les meurtres...

 

Désolé pour les plus sensibles, mais l'auteur nous fait revivre chacun de ces meurtres effroyables de Mary Ann Nichols, d'Annie Chapman, d'Elizabeth Stride, de Catherine Eddowes et de Mary Jane Kelly...

 

Pour nous offrir un menu aussi copieux et sérieux, Stéphane Bourgoin a eu accès aux archives secrètes de Scotland Yard. Il a eu également accès aux dossiers de la FBI National Academy.

 

Cette lecture m'a permis aussi de confirmer que Michel Moatti dans "Retour à Whitechapel" était très professionnel aussi dans les faits, même s'il les a romancé et de soupirer devant un téléfilm sur Jack à cause de toutes les incohérences !

 

Le récit est suivi d'un certain nombre de documents sur le tueur  : des nouvelles anglaises inédites, une bibliographie et une filmographie exhaustives pour celui ou celle qui voudrait compléter sa collection.

 

Ce texte est vraiment un panorama complet et scientifique sur l'Eventreur. Médical, quasi, mais tellement intéressant !

 

À ne pas lire si vous n'êtes pas intéressé par ce vieux mystère de 1888...

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), au Challenge "Polar Historique" de Samlor (repris par Sharon), au Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, au "Mois anglais III" chez Titine et Lou, au Challenge "Victorien" chez Arieste et au Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park.

 

 

 

Titre : Jack l'éventreur démasqué : L'enquête définitive
 
Auteur : Sophie Herfort
Édition : Points (2008)

Résumé :

 Ceci est une histoire vraie. En 1888, la police retrouve le corps lacéré d'une prostituée en pleine rue. Après Polly, quatre autres seront assassinées. Alors que Scotland Yard investigue, les journaux s'enflamment, les suspects se multiplient, la police n'avance pas...

 

Cent vingt ans après, l'enquête menée par Sophie Herfort est sans appel : Jack l'Eventreur a désormais un nom.

Critique : 

Sophie Herfort aurait-elle bel et bien répondu à cette vieille énigme qui a plus de 100 ans ? 126 ans, même.

 

C'est en tout cas ce qu'elle va tenter de nous démontrer... et je demandais à voir ! Voilà qui est fait.

 

Doit-on classer cette affaire pour autant ? Est-elle vraiment définitive ? Peut-on retourner à nos petites affaires maintenant que le voile est levé sur l'identité du tueur de Whitechapel, prénommé "Jack The Ripper" ??

 

Nous allons tenter de répondre à tout cela ! En tout cas, moi, j'étais curieuse de savoir ce que l'auteure allait nous proposer comme coupable et comme théorie, mobile, preuves...

 

Petits bémols en ce qui me concerne : j'avais regardé dernièrement deux documentaires sur l'Éventreur (merci le Net !) et l'auteure, en tant qu'invitée, avait parlé de "son" coupable, des ses motivations et parlé de quelques preuves, faits troublants... Oups, j'aurais dû lire le livre plus vite, moi.

 

De plus, après avoir "travaillé" en juin sur le tueur de Whitechapel dans le but de réaliser des petits articles sur les meurtres, après avoir lu des tas d'articles, regardé des documentaires, fouillé le Net et lu "Le livre rouge de Jack l'Éventreur" de Bourgoin, j'avais un peu l'overdose des faits de 1888 dont l'auteur nous sert en début de son livre !

 

Je vous rassure de suite, les conditions de vie de l'East End, les récits des meurtres et de l'enquête se déroule sur 85 pages très bien écrites (du mieux que l'on peut avec des faits historiques), ne laissant pas place à l'ennui, sauf si vous connaissez tout cela et que tout est encore frais dans votre mémoire. Mais même, j'ai relu avec plaisir.

 

Alors, son enquête ? Elle commence à la page 91, elle est clinique, précise, fouillée, travaillée. Je suis sciée.

 

Si Patricia Cornwell donnait l'impression dans son livre "Jack l'éventreur : Affaire classée" d'avoir réuni tous les indices qui pouvaient incriminer le peintre Sickert afin qu'ils collent à sa théorie, ici, ce n'est pas le cas.

 

L'étude de Herefort semble plus sérieuse et bien moins onéreuse ! Son enquêtee semble avoir tout d'un "vraie" car elle a compulsé des tas d'ouvrages, sans oublier toutes les lettres anonymes reçues par Scotland Yard en 1888 et 1889. Du moins, toutes celles qui n'ont pas brûlées durant le Blitz de la Seconde Guerre Mondiale.

 

Les coïncidences entre le tueur de Whitechapel et son coupable sont étranges, troublantes, nombreuses...

 

Melville Macnaghten (je ne spolie rien, son nom se trouve dans la table des matières en première page du roman) est un personnage trouble et les preuves à charge sont nombreuses, les questions aussi.

 

Les coïncidences sont même trop nombreuses pour qu'il n'y ait pas anguille sous roche !

 

Malgré tout, je ne prendrai pas ce roman pour parole d'évangile car un bon enqueteur-écrivain pourrait faire de Sherlock Holmes le tueur de Whitechapel... Il suffit d'un peu de talent et de faire parler les preuves ou les faits troublants dans le sens que l'on veut.

 

J'avoue que l'auteure a ouvert une porte et que le tout est cohérent, bien que pour certaines choses, il puisse y avoir d'autres explications...

 

Je sais, je chicane, mais je n'ai pas du tout envie que l'on me prouve par A+B l'identité du tueur. Laisson planer un peu de mystère, c'est tellement plus exquis.

 

Au final ? On est face à une recherche précise, à un travail d'enquêtrice énorme, bien fourni, facile à lire, pas embêtant du tout, intéressant, comportant un index est bien chargé en fin de volume.

 

Celui qui était ignorant ne le sera plus. Celui qui en savait déjà beaucoup en apprendra un peu plus...

 

À vous de voir si vous voulez cet homme comme coupable ou si vous préférer faire comme si ce n'était pas lui afin d'entretenir le mystère qui est bien plus attractif.

 

Walter Sickert n'est pas Jack l'Éventreur ! La démonstration de Patricia Cornwell présente une faille majeure : l'enquête repose essentiellement sur une analyse de l'ADN mitochondrial recueilli sur les lettres écrites par Sickert et sur d'autres présumées de la main de l'Éventreur. Les deux concorderaient. Or, selon les experts, la probabilité qu'un élément de n'importe quel échantillon d'ADN mitochondrial puisse coïncider avec un autre échantillon serait élevé et concernerait jusqu'à dix pour cent de la population. Cornwell avait jusqu'à dix pour cent de chances que l'ADN de Sickert et de Jack soient identique, sans pour autant que les deux hommes ne fassent qu'une seule et même personne. Considérant le nombre d'individus ayant manipulé les lettres de l'Éventreur, on imagine à quel point les résultats sont contestables et faussés.

 


L'image d’Épinal de l’Éventreur, souvent dépeint en cape noire, chapeau haut de forme, portant cane et sac Gladstone verni, semble désormais relever du folklore. Il est vrai qu'à côté du mythe "Jack", la plupart des tueurs en série sont d'une "banalité" affligeante. Jeffrey Dahmer - le "cannibal du Milwaukee" - avait l'air d'un jeune premier, Ed Kemper - "l'ogre de Santa Cruz" - ressemblait à un bûcheron et Landru à un clerc de notaire.

 

À son arrivée à Scotland Yard, Warren [le préfet] avait entrepris de transférer les agents de l'est dans les quartiers de l'ouest et vice versa. Il ne s'y serait pas mieux pris s'il avait voulu, comme dit le Times, "que ses officiers ignorent tout de leur terrain". L'exemple illustre parfaitement cette attitude bornée, consistant à vouloir calquer l'organisation de la police sur celle de l'armée. Warren en supporte pas l'insubordination de ses officiers. Il veut tout contrôler. Le problème est bien là. Depuis le Bloody Sunday, l'ancien militaire compte bien rester maître de la situation pour éviter que l'anarchie ne gagne.

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), au Challenge "Polar Historique" de Samlor (repris par Sharon), au Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, au "Mois anglais III" chez Titine et Lou, au Challenge "Victorien" chez Arieste et au Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park.

 

 

 

Titre : Eléphant man : la véritable histoire de Joseph Merrick, l'homme-éléphant
 
Auteurs : Michael Howell & Peter Ford
Édition : J'ai Lu (2001)

Résumé :

Pour Tom Norman, homme de cirque et de foire, Joseph Merrick n'est qu'une "attraction", un monstre dont l'atroce laideur et les difformités amusent le public.


Pour le chirurgien londonien qui découvre cet "elephant-man" presque par hasard, c'est d'abord un cas médical peut-être unique, mais bientôt c'est un homme qu'il voudrait aider, guérir.


Oui, sous cette carapace de peau épaisse et flottante, il y a un homme qui sait lire et écrire et qui retrouve la parole après vingt ans de silence, révélant des trésors de bonté et de sagesse.


Mais quelle peut être la place du "monstre" dans une Angleterre victorienne, bardée de préjugés et d'interdits ?

 

Critique : 

C'est non sans une certaine émotion que je viens de refermer ce livre consacré à celui que l'on nomma "Elephant Man", né Joseph Merrick.

 

Il y a très très longtemps, j'avais vu le film et il m'avait impressionné. Dernièrement, dans la série "Ripper Street", le personnage de Merrick était représenté et il m'avait de nouveau touché.

 

Vous pensez bien que lorsque dans une brocante, je tombais sur ce livre consacré à cet homme, je sautai dessus.

 

Si le début est un peu "laborieux", c'est parce qu'il est consacré à la personnalité et au chemin de vie du docteur Treves, qui rencontra cet homme dans une foire "aux monstres", en 1884 et à celle de Tom Norman, l'homme de foire qui montrait Joseph contre espèces sonnantes et trébuchantes, à des curieux qui voulaient visiter son attraction.

 

Sans oublier des tas de digressions sur divers sujets tels les foires, le marché annuel et les animaux sauvages, le tout étant nécessaire pour une meilleure compréhension de l'époque.

 

Heureusement, une grande partie est aussi consacrée à l'enfance de Merrick, à sa rencontre avec le montreur, son voyage vers Bruxelles avec une autre foire et son abandon dans cette ville, spolié de toutes possessions, livré à lui-même et de ses difficultés à revenir à Londres.

 

On se rend bien que les auteurs ont fouillés, recoupés, vérifiés, avant de rendre leur récit, entrecoupé d'extraits du récit que fit Frédérick Treves à la fin de sa vie.

 

Beaucoup d'émotions suintent de ce livre, sans pour autant sombrer dans le pathos ou le voyeurisme.

 

C'est un homme simple, qui aurait aimé vivre comme tout le monde. Sous la carapace de peau épaisse et d'excroissances en tout genre, il y a un homme instruit, qui sait lire, écrire et qui plus que tout, aime parler et rencontrer des gens.

 

La vie de Joseph Merrick ne fut pas joyeuse après le décès de sa mère, mais il eu beaucoup de chance que ce médecin ait décidé d'attendre qu'on aille chercher Norman au pub, afin de voir - en privé - ce monstre exposé qu'il était.

 

Sans cela, jamais il n'aurait eu la carte avec le nom de Treves et sa vie n'aurait pas radicalement changée en 1886. Et sans la rencontre avec Merrick, la vie de Treves n'aurait pas été bouleversée non plus.

 

L'un sans l'autre, ils n'étaient rien. L'un aidant l'autre, ils étaient tout.

 

Pour ceux qui n'auraient pas envie de lire toutes les digressions, il a y toujours possibilité de ne lire que les appendices de Joseph Merrick et de Frederick Treves qui bien que moins complet que le livre, vous fourniront bien des détails.

 

Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, le "Mois anglais III" chez Titine et Lou, Challenge "Victorien" chez Arieste, le Challenge "La littérature fait son cinéma - 4ème année" chez Lukea, Lire, challenge "À Tous Prix" chez Asphodèle (Grand Prix Festival Avoriaz), au Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park et "Ma PAL fond au soleil" chez metaphore

 

 

 

Titre : Jack l'Éventreur - Affaire classée - Portrait d'un tueur


Auteur : Patricia Cornwell
Édition : Le Livre de Poche (2004)

Résumé :

Entre les mois d’août et novembre 1888, au moins sept femmes furent assassinées à Londres dans le quartier de Whitechapel.

 

La nature effroyable de ces meurtres provoqua la panique et la terreur dans l’East End, et donna naissance au surnom qui allait devenir synonyme de serial killer : Jack l’Eventreur. Pendant cent quinze ans, ces meurtres ont constitué une des plus grandes énigmes criminelles du monde.


C’est lors d’une visite à Scotland Yard, en mai 2001, que Patricia Cornwell s’est intéressée à « l’affaire » Jack l’Eventreur et à la personnalité ambiguë et inquiétante de Walter Sickert, un peintre impressionniste britannique célèbre à la fin du xixe siècle.

 

Très vite, elle a eu l’intime conviction que Sickert et l’Eventreur ne faisaient qu’un. Après avoir mis en piste les plus fins enquêteurs et experts en médecine légale, l’auteur nous livre les résultats de son enquête et, comme un véritable témoin à charge, présente ses preuves.


Grâce à sa connaissance des enquêtes criminelles, à l’étendue de sa documentation et à ses talents de romancière, Patricia Cornwell reconstitue l’arrière-plan de cette sinistre affaire : l’Angleterre à l’époque victorienne.


Patricia Cornwell réussit un véritable thriller, avec une parfaite maîtrise et une conviction sans faille.

 

 

 

 

Titre : 1888, Jack l’Éventreur et les fantasmes victoriens
 
Auteur : Roland Marx
Édition : Éditions Complexes (1987)

Résumé :

"Jack l'Eventreur" : un des plus célèbres criminels de l'histoire, d'autant plus connu peut-être que le mystère de son identité n'a jamais été percé et que les hypothèses les plus folles, y compris la mise en cause de proches parents de la reine Victoria, ont été avancées à ce sujet et continuent de se nourrir de "révélations" successives.

 

Cette "affaire" sert de point de départ à une enquête sur les mentalités victoriennes qui, seules, peuvent expliquer l'étrange écho provoqué par cette série de meurtres sordides.

 

On s'aperçoit bien vite que les Victoriens vivaient en proie à quelques grandes peurs : la maladie et la mort, le sexe, l'espace urbain qui, dans la "moderne Babylone "londonienne, recelait des bas-fonds terrifiants et des menaces aussi diffuses que redoutées.

 

En 1888, les grandes barrières contre le mal, la famille, la propriété, la religion, apparaissent branlantes dans un royaume gouverné par une souveraine exemplaire, mais vieillissante.

 

Les grandes valeurs morales, l'ordre social et politique fléchissent, la "peur du rouge" se développe, on vit sur une croûte de civilisation qu'un grand cataclysme menace d'engloutir dans les laves révolutionnaires. Les crimes de Jack réveillent ou révèlent des fantasmes inavoués ou inavouables.

 

Dans les brumes épaisses de novembre 1888, d'aucuns ne savent plus trop s'ils vivent l'avènement de la grande perversion sexuelle ou si les ombres fantomatiques de la Révolution sociale ne revêtent pas l'apparence du meurtre sordide comme signe annonciateur de la subversion finale.

 

Critique : 

Que peut-il y avoir de si fascinant dans un tueur en série, assassinant des prostituées, les découpant, les mutilant, repeignant même la chambre de Mary Kelly avec son sang ?

 

Parce que ses meurtres furent monstrueux ?

 

Il a tout de même assassiné sauvagement cinq prostituées (au minimum, plus si affinités) dans le quartier pauvre de Whitechapel, à Londres, en 1888.

 

Est-ce parce que son identité ne fut jamais trouvée et qu'on suspecta bien des gens, jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir ?

 

Une chose est sûre : il fascine depuis toujours et peu de tueur peuvent se venter d'avoir fait couler plus d'encre que de sang, d'avoir suscité autant de mystère, d'avoir eu leur nom sur des affiches de cinéma, dans des livres, d'avoir été mis à toutes les sauces et d'avoir TOUJOURS leurs noms au Panthéon des meurtriers, plus de cent ans après leurs méfaits. Tout en suscitant toujours les questions et les théories les plus folles !

 

Oui, je l'avoue, ce tueur me fascine. Pourtant, il a peu de meurtres à son actif, d'autres ont fait pire et bien plus de victime que lui. Mais sur Jack, il planera toujours une aura de mystère quand à son identité.

 

Qui était-il ? Nul le sait...

 

Tout le monde y passa : le petit-fils de la reine Victoria, le prince Albert Victor, duc de Clarence; le peintre Walter Sickert; John Druitt, l'avocat retrouvé noyé dans la Tamise; le chirurgien de la reine, Sir William Gull; ; George Chapman, barbier polonais; Sherlock Holmes (oui, dans un pastiche ! Mais étant un personnage de fiction - sacrilège que de l'avouer - il ne peut être tenu pour coupable),...

 

Pourtant, "Jack l’éventreur" ne fut sans doute pas le surnom qu'il se donna lui-même, mais pourrait provenir d’un journaliste... Une chose est sûre, le surnom provient d'une lettre envoyée à l'agence de presse London Central News Agency par une personne déclarant être le meurtrier.

 

Lorsque j'ai acheté ce livre, je savais que je n'aurais pas de réponse à mes questions. Ce n'est pas pour cela que j'ai acheté ce livre mais pour me plonger dans la société victorienne comme j'aime le faire...

 

Le début du livre est consacré - en grandes lignes - au serial-killer Number One mais il ne sert que de base pour un tout autre but : nous éclairer sur le "comment de telles choses ont pu arriver", faire la lumière sur les paramètres sociaux qui ont permis aux actions de Jack de prendre une telle proportion.

 

Ensuite l'auteur pourra nous parler, plus en profondeur, de la société victorienne, de ses tabous, de ses moeurs, de religion, de la place de la femme (aux fourneaux, oui),...

 

La première partie, qui détaille les us et coutumes ainsi que la politique, est agréable à lire et les pages tournent facilement.

 

C'est ensuite que ça à coincé et que ce fut plus laborieux, là où j'ai sauté des pages...

 

La seconde partie est brute de décoffrage, hyper pointue et nauséeuse quand l'auteur aborde des sujets tels que l'économique, la politique,...

 

A réserver pour les passionnés de l'époque !

 

Note : Il faut savoir aussi que si certaines rues furent éclairées, ce fut tout de même grâce aux meurtres de Jack... No comment.

 

Lu dans le cadre du challenge "I Love London" de Maggie et Titine  et le Challenge "Le mois anglais" chez Titine et Lou et Challenge "Victorien" chez Arieste.

 

 

 

Titre : Les tragédies du ghetto


Auteur : Israël Zangwill
Édition : 10-18 (1984)

Résumé :

Avec "Les Enfants du Ghetto", qui met en scène la communauté juive des quartiers est de Londres, Zangwill connaît un succès exceptionnel.

Ce roman atteint de tels records de vente qu'on le qualifie de "best-seller" : le mot restera.

Cette œuvre et les suivantes, romans, récits et nouvelles, lui valent le surnom de "Dickens juif" et le placent parmi les écrivains britanniques les plus importants de son époque.

Après avoir adapté Les Enfants du ghetto pour le théâtre, il fait jouer à New York ses principales pièces, dont The Melting Pot (Le Creuset), métaphore qui désigne la société américaine ; l'expression "melting-pot" est passée à la postérité dans de nombreux pays.

Parallèlement, Zangwill s'interroge sur la montée des périls qui menacent la communauté juive dans l'Europe des années 1880 et 1890 : les pogroms de Russie et de Pologne, les émeutes antisémites de Londres lors des crimes de Jack l'Éventreur, l'affaire Dreyfus en France.

Critique : 

À mon avis, j'ai dû recevoir une version de ce roman qui n'est pas conforme au 4ème de couverture parce que je ne retrouve rien des émeutes de Londres en 1888 et je n'ai pas vu l'ombre d'un dreyfusard dans les pages...

 

Il est vrai que dans la préface, il est dit que ces cinq Tragédies du Ghetto (sur un total de onze qui constituent l’édition originale) représentent un choix traduit de l’anglais par Charles Mauron.

 

Soit les promesses du 4ème sont dans les tragédies non inclues ou alors ces passages se trouvaient dans les lignes que j'ai sauté pour tenter d'arriver au bout de ce roman.


Cinq nouvelles, dont une qui se déroule en Amérique. Cinq histoires dont j'ai eu du mal à venir à bout, hormis la première qui m'a bien plu.


Mais moi qui avait envie d'en apprendre un peu plus sur les émeutes de 1888, j'en suis pour mes frais puisque rien de tout cela ne se trouvait dans cette édition et que l'auteur nous a plus dressé le portrait de quelques familles juives et de leur soucis.


Je vous jure que pour certains, avec la famille qu'ils ont, pas besoin d'ennemis !


Pas besoin des catho ou des protestants pour avoir des misères, nos juifs, dans ce roman, sont les premiers à faire naître la tragédie et à l'alimenter tout seuls comme des grands.


Entre certains commerçants qui ne respectent plus le Shabbat et font tourner leurs échoppes même ce jour sacré là, alors qu'avant, ils se lamentaient que les autres ne respectaient rien, entre ceux qui ont promis et qui n'ont pas tenu leurs promesses, entre une mère qui houspille sa fille qui s'occupe d'elle, plaçant celle qui ne fait rien sur un piédestal, croyez-moi qu'ils sont les plus forts pour s'enfoncer dans le tragique.


Ah ! voilà où était l’ironie du drame. L’unique condition était aussi l’unique condition que les pauvres tisserands ne pouvaient accepter. Il leur était loisible de ramener ce Shabbat qui durait maintenant une semaine à son ancienne dimension d’un seul jour pourvu que ce Shabbat lui-même se trouvât le dimanche. Mieux encore, la journée de travail qu’on leur offrait était moins longue et la paye plus grosse que la leur. Et l’ironie la plus profonde de cette ironie même était que le propriétaire de chacune de ces usines était un frère en Israël ! Jeshurun engraissé qui ruait maintenant.


— Tu m’emprisonnes ici sans une âme à qui parler, du matin jusqu’au soir, éclata un jour Mrs Brill.
Salvina ne fut pas fâchée d’avoir cette interprétation des silences larmoyants de sa mère. Elle regretta seulement que celle-ci n’ait pas eu la force d’exprimer le plaisir qu’elle trouvait à bavarder quand le Ghetto lui en fournissait l’occasion, au lieu de réclamer plus de faste.


— Ne me jette pas à la tête que tu m’épargnes la honte de vivre aux crochets de ton père. Je suis capable de gagner mon pain moi-même. Je n’ai pas besoin de tes meubles pour maison de poupée qu’on a peur de toucher – comme si on marchait entre des coquilles d’œuf. J’aimerais mieux aller vivre seule dans une chambre et frotter des parquets que de devoir quelque chose à quelqu’un. Alors je serais ma propre maîtresse et non pas sous la coupe d’une fille. Si seulement Kitty se mariait, alors je pourrais aller vivre avec elle. Pourquoi ne se marie-t-elle pas ? Ce n’est pas comme si elle te ressemblait. Y a-t-il une plus jolie fille dans toute la congrégation ? C’est parce qu’elle n’a pas d’argent, ma pauvre Kitty qui se tue au travail. Son père lui ferait une dot, s’il était un homme, et non un porc.


— Pauvre Salvina ! soupira Mrs Brill. Elle le mérite quoiqu’elle ait gâché notre vie pendant des années.


J'ai eu beaucoup de mal à le terminer, j'ai dû me forcer en sautant des lignes.


Pourtant, ce roman possède son lot de personnage noirs comme l'encre la plus sombre et les bassesses y sont légions. Il avait tout d'un grand noir bien serré.


Mais jamais je n'ai accroché...

 


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