10.2 Inclassables

 

 

 

 

Titre : Le dernier arbre                                                                  


Auteur : Tim Gautreaux
Édition : Sueil (2014)


Résumé :
Randolph, fils d’un riche négociant en bois de Pittsburgh est expédié par son père en Louisiane pour y récupérer son aîné Byron, qui fait office de constable dans une exploitation forestière perdue au milieu des marais.


Les ouvriers sont rongés par les fièvres et l’alcool, et Byron, moralement dévasté par son expérience de la Première Guerre en Europe.


Un misérable saloon tenu par des Siciliens (la Mafia étend son bras tout-puissant jusqu’aux bayous) catalyse la violence et le manque d’espoir de ces hommes coupés du monde. Tandis que Byron règle les problèmes à coups de feu et de poing, Randolph, lui, croit encore aux vertus du dialogue et de la diplomatie pour maintenir l’ordre dans la "colonie".


Plus approche le moment où le dernier arbre sera coupé, et les ouvriers renvoyés chez eux aussi pauvres qu’ils étaient arrivés, plus l’on doute de voir Randolph ramener son frère à la civilisation — et à la raison.


Grand roman « sudiste » sur la fraternité et la paternité, mais aussi sur l’impitoyable capitalisme des années 20 dans une Amérique ivre de progrès technique. Un pays où être un bon citoyen, c’est être riche, ce qui signifie que celui qui possède l’argent est aussi celui qui dicte la loi.

 

Critique :
Bienvenue à Nimbus, concession forestière des Aldridge, un des nombreux trous du cul de la Louisiane. Bienvenue dans un enfer chaud et humide.

 

Attention, regardez où vous mettez les pieds car il y a des mocassins d’eau qui se nichent dans les flaques boueuses. Et rien à voir avec la chanson ♫ tes mocassins et les miens ♪ car ici, nous parlons de serpents d’eau.

 

Dans ce roman, les gars, va falloir bosser dur durant de longues années, le temps de couper tous les arbres, des cyprès chauves. Scier les troncs, les débiter 6 jours sur 7 avant de vous saouler la gueule du samedi soir au lundi matin dans le bastringue tenu par un sicilien louche ayant des cousins mafiosi.

 

Oubliez les syndicats et les droits des travailleurs, car en 1923, seuls les riches ont des droits. Je ne vous parlerai même pas du cas où vous seriez de couleur… là, le mot "droit" n’existe même pas pour vous, hormis celui de fermer votre gueule.

 

— Bon sang de merde, marshal, pourquoi vous avez descendu mon seul Blanc ? Merville cracha juste à côté de la botte du pilote.
— Le docteur refuse de soigner les nègres. Allez chercher votre brancard et emmenez-le à la clinique.

 

Sans user d’artifices, l’auteur nous décrit l’Amérique des années 20, celle qui avance à pas de géant, qui industrialise tout, qui déforeste tout… Le roman vous plongera dans un marais où les conditions de vie et de travail sont inhumaines, les accidents graves ou mortels nombreux et où le racisme, tel l’alligator dans le bayou, règne en maître.

 

Utilisant une multitude de personnages, tous bien travaillés, tous bien distincts – certains étant même très attachants – l’auteur explore une partie des années 20, avec tout ce qu’elles avaient de démesuré niveau progrès industriel (le téléphone et les constructions à tout va, en bois). Sans oublier le traumatisme de la Première Guerre, bien présent chez un des frères Aldridge, Byron.

 

— J’ai compris que notre première vague d’assaut, lourdement chargée, était censée se faire faucher par l’artillerie allemande et rester coincée dans les barbelés, nos corps servant de dépôts d’armes pour les vagues suivantes, tu vois ? C’est à ce moment-là que j’ai su ce que valait une vie humaine aux yeux d’un de ces maudits généraux.

 

C’est toute la vie de la concession forestière qui se déroule dans ce roman aussi profond que l’étendue des cyprès : les maladies, les accidents, le débit de boisson, la mafia qui tient les ouvriers par l’alcool, les putes et le jeu, ces hommes dépensant jusqu’à leur dernier sous dans ce bouge dégoutant.

 

La sueur a coulée sur mon front durant la lecture, non pas que le roman était pompant, mais il est tellement puissant que j’ai été emportée dans le bayou, suivant ses méandres tortueux et boueux, j’ai pataugé dans tout cela et j’en suis ressortie bouleversée, épuisée, secouée… L’âme de certains hommes est plus boueuse et tortueuse que les méandres de ce diable de bayou !

 

La tension est palpable tout au long de l’histoire, les salauds vous harcèlent comme un moustique la nuit, vous ne savez jamais quand ils vont frapper et c’est au moment où l’attention se relâche qu’ils en profiteront pour vous piquer définitivement d’une balle bien placée.

 

Il y a aussi dans ce récit de l’amour fraternel, celui d’un frère cadet (Randolph) qui ne sait rien de la Grande Guerre et qui voudrait aider son aîné (Byron) à se ressaisir, lui qui a vu les horreurs de Verdun. Un père aussi, qui voulait que son fil Byron fasse la guerre, qu’il soit un héros, qu’il aille au feu et qui ne comprend pas pourquoi il est revenu traumatisé, se réfugiant dans l’alcool et le fuyant comme la peste.

 

Cette pensée ne lui apporta nul réconfort; cependant, elle lui donnait un aperçu du puits abyssal rempli de sombres pressentiments dans lequel tombait son frère chaque fois qu’il ouvrait les yeux sur une aube nouvelle.

 

Tant de personnages dont j’ai partagé la vie, les souvenirs sur cette Amérique, tout ces gens que je dois quitter, maintenant, les laisser aller ailleurs, détruire une autre forêt (pour les Aldridge), reconstruire d’autres baraquements minables et continuer à se faire exploiter car une partie de ces pauvres gars,  après 5 années de dur labeur, n’ont même pas mis un dollar de côté sur un compte en banque et repartent avec les mêmes frusques sur le dos.

 

Il savait que le monde des humains n’était qu’une installation temporaire, un ouvrage de pacotille qui exploitait la nature avant d’être lui-même absorbé par le monde qu’il avait tenté de détruire.

 

Un grand roman coup de cœur qui ne vous laissera pas indifférent, un roman sur l’impitoyable capitalisme des années 20 dans une Amérique qui se gave de progrès technique au point de ne pas réfléchir et de détruire tout le capital « arbres ». Ici, c’est pas Zorro qui fait la loi, mais les Zéro qu’on a après les chiffres, sur un compte en banque.

 

Un grand roman presque en vase-clos, dans un décor dévasté par les crues, la boue… Une nature qui était magnifique mais qui sera dévastée car ici, on coupe les arbres jusqu’au dernier…

 

Cependant, lorsque le train pénétra en ferraillant dans une clairière de quarante hectares hérissée de souches, le hameau lui apparut comme une maquette de ville en bois, pas encore peinte, bricolée par un gamin à l’aide d’un canif émoussé. Jonché de bois mort – des cimes d’arbres détachées du tronc – sillonné par trois rues boueuses, le lieu ne semblait pas ancien mais gorgé d’eau, torturé par les intempéries, assailli par les mauvaises herbes.

 

Enfile tes bottes, prends ta scie et regarde où tu marches, des fois qu’un alligator ou un serpent te mordrais… gaffe aussi aux mafiosi, comme ces animaux précités, ils n’aiment pas qu’on les dérange dans leur petit business…

 

Prends une Winchester à plusieurs coups et laisse-toi tenter par un verre de whisky frelaté dans le troquet. La paye n’est pas bonne, la boisson non plus, les conditions de travail sont merdiques, mais putain, tu vas lire un sacré bon roman !

 

Le "Challenge US" chez Noctembule et le Challenge "Thrillers et polars" de Sharon (2015-2016).

 

 

 

Titre : Nos disparus


Auteur : Tim Gautreaux
Édition : Seuil (2014)

Résumé :

1918. Sam Simoneaux, dont la famille a été massacrée quand il avait six mois, débarque en France le jour de l’Armistice. On l’envoie nettoyer les champs de bataille de l’Argonne.


1921. Rentré traumatisé à La Nouvelle-Orléans où il est devenu responsable d’étage aux grands magasins Krine, Sam ne peut empêcher l’enlèvement, quasiment sous ses yeux, de Lily Weller, trois ans et demi.


Licencié, sommé par les parents Weller de retrouver leur enfant, il embarque comme troisième lieutenant à bord de l’Ambassador, bateau à aubes qui organise des excursions sur le Mississippi. Le roman longe le fleuve sur fond de musique de jazz – orchestre noir, orchestre blanc et alcool à volonté.


Au gré des escales et des bagarres, Sam, toujours en quête de Lily, met au jour un fructueux commerce d’enfants animé par quelques spécimens peu reluisants de la pègre des bayous.


Les vrais sujets de cette fresque naturaliste striée de noir restent les liens du sang, l’inanité de la vengeance et la transmission des valeurs.

 

Critique

Voilà ce qui s'appelle avoir une chance de cocu ! Sam Simoneaux ainsi que les autres combattants Américains, arrivent en France pour participer à la Première Guerre Mondiale le... 11 novembre 1918.


À peine descendu de leur rafiot, c'est des scènes de liesse partout : la guerre est finie. On pourrait penser se la couler douce, mais non, faut déminer les champs remplis de grenades, bombes, obus...


Dès le début, en quelques pages (40), l'auteur, de sa plume sans concession, nous démontre toute l'absurdité, toute la bestialité, toute la cruauté et l’inhumanité d'une guerre.


Ensuite ? Retour à la casa pour nos hommes et Sam Simoneaux se retrouve à la Nouvelle-Orléans comme responsable d’étage aux grands magasins Krine.


N'allez pas croire qu'on se la coule douce, dans les romans de Tim Gautreaux. Nous sommes dans le Sud de l'Amérique, et c'est toujours un Sud poisseux et inhospitalier que nous allons évoluer. Un Sud aux mentalités raciales que vous connaissez bien. La tolérance, c'est toujours un gros mot.


Ici, on boit de l'alcool de contrebande, sorte de tord-boyaux qui donnera un peu de courage aux gens ou qui les fera oublier dans quelle misère noire ils vivent. Certes, tous ne vivent pas dans la misère, mais les contrastes sont assez prononcés entre les deux populations : les très riches et les pauvres.


Qualifier ce roman de policier ne serait pas faux, nous avons notre Sam qui va se muer en enquêteur de fortune afin de retrouver la petite fille kidnappée presque sous ses yeux au magasin.


Mais ceci n'est qu'une partie visible de l'Histoire avec un grand I. C'est aussi de l'Aventure que l'on vous propose, une Quête, parce que retrouver la gamine est une sorte d'exorcisme, une expiation d'une faute ancienne.


Sorte de voyage initiatique sur un bateau à aubes remontant le Mississippi sur des airs de jazz et de bagarres, l'auteur nous ballade à travers le Sud sans que l'on voit le temps passer, nous présentant une faible partie de ses plus mauvais gens. Et les pires ne sont pas toujours chez les pauvres !


— Mais ces gens sont complètement malades !
Les yeux de Soner lui parurent clairs et brillants.
— Absolument pas. Ils sont exactement comme vous et moi. Ils sont seulement descendus quelques barreaux plus bas sur l’échelle morale que la majorité.


— À cette époque, quand on rencontrait un Cloat, on finissait la gorge tailladée par un rasoir ou une balle de .45 dans le crâne. Enfin, si on était un homme. Les femmes, elles, devaient subir d’autres types de pénétration. Les Cloat ne sont pas d’ordinaires mauvaises graines d’assassins.


— Un des Skadlock dont je t’ai parlé.
— Moitié homme, moitié belette.
— Pour la partie belette, tu as sans doute raison.


J'ai joué de la musique pour des culs-bénis, des soulards ou des péquenauds, j'ai dansé au son de la musique Noire, j'ai essuyé des crachats, lavé le pont souillé de vomi, l'ai fait briquer, j'ai enquêté et vous savez quoi ? J'en redemande.


Il leva la main, puis la laissa retomber.
— Je n’y comprends rien. Il y a quelques jours encore, c’était une épave puante. Aujourd’hui, il me donne envie de partir en croisière au clair de lune.



Les bateaux à vapeur, ils sont toujours en bois, et pas du meilleur ni du plus épais. En fait, ces rafiots sont à peine plus solide que des cages à poules. Quand il y en a un qui se cogne contre le pilier d'un pont, sûr qu'en aval les gens ont plus besoin d'aller s'acheter des cure-dents pendant un bon bout de temps.


La plume de l'auteur fait toujours mouche, ses personnages sont toujours aussi fouillé, attachants ou donnant des envies de meurtre (une certains bonne femme, surtout), sans nous gaver, il nous brosse le portrait d'une Amérique dans les années 20 avec détails, mais pas de trop. À nous d'aller voir ce qu'est un train des orphelins.


La trame n'est pas cousue de fil blanc parce que j'ai eu des surprises. Franchement, je pensais qu'on allait plier l'affaire en deux coups de cuillère à pot et bien non !


Un portrait sombre du Sud, des personnages taillés à la serpe, hantés par des deuils non accomplis, des idées de vengeance, des douleurs muettes et des envies de revenir en arrière pour tout changer.


Son oncle lui avait dit et répété que la vengeance ne menait nulle part et qu'un salaud se punissait tout seul en en étant un.


Il y a une humanité énorme dans le personnage de Sam et sa force de caractère lors de certains passages ont forcé mon admiration. Oui, il y a encore des traces d'humanité. Le roman en est rempli.


– Petit, un pistolet dans la poche d’un homme change sa façon de penser. Quand il n’en a pas, il hésite à prendre certains risques. Quand il en a un, il va là où il ne devrait pas, ou fait ce qu’il ne devrait pas faire. Il pense qu’une arme est un passe-partout, mais il se trompe.
– Mais c’est aussi une protection, non ? Un dispositif de sécurité ?
– Quand on ne sait pas nager, il vaut mieux ne pas s’approcher de l’eau.


Challenge "Thrillers et polars" de Sharon (2015-2016), le Challenge "Polar Historique" de Sharon et Le "Challenge US" chez Noctembule.

 

 

 

 

Titre : Nous rêvions juste de liberté


Auteur : Henri Loevenbruck
Édition : Flammarion (2015)

Résumé :

"Nous avions à peine vingt ans, et nous rêvions juste de liberté."


Ce rêve, la bande d’Hugo va l’exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto.


Ensemble, ils vont former un clan où l’indépendance et l’amitié règnent en maîtres.


Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paye cher.

 

Critique : 

♫ Je vous parle d'un temps, Que les plus de vingt ans Ne peuvent plus connaître ♫ Les routes en ce temps-là ♪ On les avalait d'jà ♪ Couché sur nos bécanes...
Et si l'humble ville de Providence, Qui nous a servi, de nid Ne payait pas de mine, C’est là qu'on s'est connu, Moi qui n'avait pas d'amis et vous qui m'avez accueilli.


La Bohem, la Bohem... Non les mecs, j'ai pas fait de fautes, ne faites pas un scandale en Bohème parce que Bohem, c'est le surnom d'Hugo, un jeune gars de 16 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau, que l'école à préféré enfoncer plutôt que de secourir.


Hugo, il s'est fait trois copains dans cette école privée. Et putain de Dieu, il fallait du talent à l'auteur pour arriver à me faire aimer ces quatre petites graines de blousons noirs !


Avec eux, j'ai fait les 400 coups, avant que nous ne quittions la ville de Providence, juché sur la bécane d'enfer de Bohem. Mon seul regret sera de ne pas avoir su convaincre mon pote, mon frère, mon ami, Freddy, de nous suivre.


J'ai avalé tellement de kilomètres avec Bohem, La Fouine et Oscar, que j'en ai la gorge sèche, nouée, brûlante. Nous avons bouffé du bitume, dormi à la belle étoile, notre peau a bruni au soleil lorsque nous avons traversé le désert au guidon de nos brêles, tout les trois, puis avec trois autres motards ivres de liberté aussi.


Les jours d’après, on a roulé pareil, à s’arrêter quand on voulait, à faire les pitres sur la route, à dormir à même la terre, à manger un peu n’importe quoi et à payer une fois sur deux, à la tête du patron. On commençait à avoir la peau sacrément brûlée par le soleil et ça sentait pas vraiment la rose toutes ces journées sans se laver, sans se changer, mais, bon sang, on s’en foutait, on était pas sur la route pour embaumer la planète, les pirates qui sentent bon c’est pas des vrais pirates, et plus on se trouvait sales plus on se trouvait beaux, comme aventuriers, avec la peau qui tire et la crasse qui fait ressortir les rides du sourire.


On s'est bouffé quelques mandales dans la gueule, aussi... j'en ai encore les maxillaires tout ankylosés, ils sont tout dur quand j'essaie de faire bouger ma mâchoire.


C'est avec ses mots à lui que Bohem/Hugo nous raconte son périple, son voyage les cheveux au vent, et avec les keufs au cul aussi, souvent...


Et les mots de Hugo, c'est pas du Victor ! Genre que ça ferait même grincer les dents des académiciens car c'est brut comme un arbre à came, noir comme du cambouis, mais ça ronronne comme des moteurs de motos sur la ligne de départ, quand on essore les poignées de gaz. 


C'est pas du Baudelaire, mais putain de merde, qu'est-ce que ça fait du bien à tes tripes. Il t'invente même des mots comme le faisait le Frédéric Noeud... Non, Dard !! Dard, pas Noeud... "Entrouducuter", fallait le pondre, ç'ui là !


Le voyage avec mes p'tits gars tient plus d'un road-trip que d'une promenade de santé, le dimanche, avec bobonne. Mais bordel de cul, qu'est-ce que ce fut bon de rouler les cheveux au vent, même si j'ai plus d'affinités avec les motos sportives qu'avec les chopper où on a les pieds dans le phare, façon Easy Reader.


Un voyage éprouvant, émouvant, beau comme un châssis de moto, fou, un voyage de malade, un voyage que je referais bien encore une fois. Des personnages attachants (pourtant, z'ont rien pour, ces petites teignes que j'ai aimé), profonds, des amis pour la vie, des frères de sang...


De l'amitié, de la vitesse, de la folie, un zeste d'iscariotisme (moi aussi j'invente de mots) et ça donne un cocktail détonnant, une furie.


Fais chier, merde, j'ai les yeux rouges à cause du soleil que je viens de regarder dans les yeux. Merde, une limaille dans mon œil ! Là, je chiale comme une gonzesse.


Roule, mon Bohem, tu es libres de toutes entraves. Fais rugir ton moteur, mon Bohem, la route est longue et sans fin. Lève la roue avant, mon Bohem, ta moto glisse sur la route de la liberté retrouvée.


La liberté, il y en a partout. Il faut juste avoir le courage de la prendre.


Roule et ne pense pas aux miles, aux kilomètres... La liberté a un prix et tu as mis le flouze sur la table pour pouvoir la garder, quand d'autres se sont enchaînés à des bars, à des bagnoles, à du fric, à des deniers...


Dans la vie, je crois qu'il vaut mieux montrer ses vrais défauts que ses fausses qualités. Vaut mieux surprendre que décevoir.


Renie jamais ton âme, mon Bohem, ne renie jamais tes serments, ne lâche jamais ton guidon et roule jusqu'à plus soif. Parce quand t'arrêtes de rouler, t'es mort.


On roulait comme on respirait : pour pas mourir.


Merci à l'auteur d'avoir écrit ce magnifique voyage, ce putain de bordel de merde de coup de cœur, et fais chier qu'il y ait inséré des épluchures d'oignons parce que je ne vois plus le clavier de mon PC... Et j'ai pas les mots pour rendre hommage à ce roman qui m'a troué le cul et perforé le cœur.


J'espérais qu'avec la nuit il voyait pas ces putains de larmes, ces salopes toutes salées qui coulaient encore sur mes joues.


Le "Challenge US" chez Noctembule.


 

 

 

Titre : Le Monde caché d'Axton House


Auteur : Edgar Cantero
Édition : Super 8 éditions (2015)

Résumé :

Âgé d’une vingtaine d’années, A. vient d’hériter d’Axton House, un mystérieux domaine niché dans les bois de Point Bless, Virginie. Etrange affaire, en vérité.


A. ignorait avoir un cousin éloigné nommé Ambrose Wells, et savait encore moins que le pauvre homme s’était récemment défenestré le jour de son 50e anniversaire – trente ans jour pour jour après son père, et de la même façon que lui.

Accompagné de Niamh, jeune Irlandaise mutique de 17 ans présentée comme sa garde du corps, A. va de surprise en surprise. Quel sens donner à ces suicides ? Qu’est-il advenu du majordome qui s’est enfui le jour de la mort de son maître ?


Sans compter ce labyrinthe dans le jardin, ou ces pièces secrètes sur lesquelles n’ouvre aucune porte. Tous deux grands fans de X-Files, Niamh et A. vont tenter de résoudre les énigmes auxquelles ils sont confrontés. Axton House est-elle réellement hantée ?


Et que penser de cette rumeur qui voudrait qu’à chaque solstice d’hiver, sous le pâle halo lunaire, un mystérieux rassemblement s’y produise ?

Critique : 

Mais qu’est ce que c’est qu’ce binz ! Un OLNI... Objet Littéraire Non Identifié.

 

C'est totalement perplexe et en proie à 1000 questions que je viens de refermer ce roman. La tête encore toute tourneboulée par cette lecture qui sors absolument de tous les sentiers battus !

 

Axton House est un manoir étrange. Son ancien propriétaire s'est défenestré et c'est le jeune A., un jeune homme d'une vingtaine d'années, cousin éloigné au second degré et d'un continent qui en hérite.

 

Quittant son Angleterre natale pour l'Amérique, A. débarque avec Niamh, sa très jeune amie muette mais pas sourde et investissent le manoir.

 

Déjà, niveau personnages, l'auteur frappe fort ! Un jeune homme sympathique dont ne saurons que son initiale A. et une ado de 16 ans, muette, coiffée à la punk et piercée de partout. Ils m'ont fait souvent sourire, ces deux là.

 

Au début, il m’a fait l’effet d’un type naïf mais courageux à la Dr Watson. Et voilà qu’il venait tout juste d’apprendre la disparition de son Sherlock Holmes.

 

Là où ça devient délirant, c'est dans le style de la narration : on passe d'un récit où c'est A. qui raconte, soit ce sont des notes de Niamh, on a droit aussi à des extraits de rapports, des lettres envoyées à une mystérieuse tante Lisa, des coupures de journaux, des extraits de livres qu'ils consultent et des enregistrement audios ou vidéos !

 

Si on vous parle d'un relevé téléphonique, vous l'avez dedans !

 

Purée, ça vous change d'un récit ordinaire et ça lui donne comme des airs de "récits authentiques" comme vous pourriez en voir sur National Geo dans la rubrique "Aux frontières du réel".

 

La série de documents qui suit relate les événements qui se sont produits à Axton House, 1 Axton Road, Point Bless, Virginie, durant les mois de novembre et décembre 1995. Les notes sont dues à l’éditeur. La première page est manquante.

 

D'ailleurs, le roman a des relents de notre bon vieux duo d'agents spéciaux, Fox Mulder et Dana Scully. Que les plus jeunes consultent pour savoir qui ils sont. Que les plus jeunes fassent attention aussi, ils pourraient avoir un choc en découvrant qu'en 1995, on utilisait des disquettes...

 

J'ai eu un petit peu de mal lors de certains passages, mais pour le reste, la chasse à je-ne-savais-pas-quoi fut addictive et le livre se laisse lire sur deux petits jours.

 

Le style littéraire mélange le poétique et le drôlatique dans les réparties entre les protagonistes.

 

Au-dessus de nous, gît suspendu un nuage ourlé d’or de la taille d’un des grands États (disons, l’Arizona) ; il menace de s’effondrer sur la Virginie. Entre lui et nous, le soleil bas projette ses rayons sur la piste poussiéreuse, exaltant les jaunes et les orange, transformant l’aluminium en or et les bras de Niamh en peau d’abricot. Des champs cultivés défilent sur ses iris tandis qu’elle savoure ce paysage continental. Ça va être difficile de ne pas tomber amoureux.

Nous avons couru vers elle, Niamh munie d’un parapluie qu’elle n’osait ouvrir de peur d’être marypopinnisée ailleurs.

 

La fin est... indescriptible ! D'ailleurs, en le refermant, j'avais des tas de choses qui tourbillonnaient dans ma tête et ce n'est pas prêt de se terminer.

 

C'est un truc comme je n'ai jamais lu, un roman dont je ne savais pas du tout où il allait m'emmener, hormis là où je ne m'y attendais pas.

 

Pari réussi, je termine la tête en vrac après une incursion dans un manoir bizarre où un fantôme avec des chaînes n'aurait pas dépareillé.

 

Une lecture qui sortait vraiment des sentiers battus de la littérature !

 

— Un artefact contenant.... des sentiments à l'état brut, des pensées non triées, des bruits et des douleurs que le cerveau interprète - est-ce si incroyable?
— Non. Ça existe depuis des milliers d'années. Ça s'appelle un livre.

 

Challenge "Thrillers et polars" de Canel (2014-2015), Le "Challenge US" chez Noctembule et le mois Espagnol de Sharon.

 

Intérieur du livre pour certains passages
Intérieur du livre pour certains passages

 

 

 

Titre : À la mesure de nos silences


Auteur : Sophie Loubière
Édition : Fleuve Éditions (2015)

Résumé :

Jamais Antoine n'aurait pensé que son grand-père puisse agir ainsi : il y a quelques heures à peine, l'adolescent sortait du lycée, s'apprêtant royalement à rater son bac. Kidnappé par papi à bord d'un vieux coupé Volvo, il roule à présent vers l'inconnu, privé de son iPhone.

 

À 82 ans, François Valent, journaliste brillant, aura parcouru le monde et couvert tous les conflits du globe sans jamais flancher.

S'il a conclu un marché avec son petit-fils, c'est pour tenter de le convaincre de ne pas lâcher ses études. Mais ce voyage improvisé ne se fera pas sans heurts. La destination vers laquelle le vieil homme conduit Antoine – la ville de Villefranche-de-Rouergue, où il a grandi – a ce parfum particulier du remords. C'est là que l'enfance de François a trébuché.

 

Lors d'un drame sanglant de la Seconde Guerre mondiale dont l'Histoire a gardé le secret. À la fois quête du souvenir et voyage initiatique, cette échappée belle les révèlera l'un à l'autre.

La vraie vie n'est jamais là où on l'attend.

 

Critique : 

Ce que j'aime, dans un roman, c'est que d'un postulat de départ usé jusqu'à la trame du string, l'auteur arrive sortir des sentiers battus et à m'entrainer là où je ne m'y attend pas.

 

Ce qui est vieux comme le monde c'est le fait qu'un grand-père vieillissant décide de faire un voyage avec son petit-fils en décrochage scolaire, sauf si les questions du Bac portent sur les jeux vidéos et l'addiction aux réseaux sociaux.

 

François Valent est un ancien journaliste qui a roulé sa bosse dans tous les pays en conflits et Antoine, le petit-fils qui vit par procuration (mais qui ne met pas du vieux pain sur son balcon, je vous rassure de suite) et qui passe son temps à tuer des gens de manière virtuelle.

 

Alors que l'on pourrait s'attendre à un récit plan-plan de papy sermonnant le gamin durant un voyage jusque Villefranche-de-Rouergue (dans l'Aveyron), et bien, on a droit à bien plus que ça !

 

Un autre récit en provenance du passé vient se greffer dans le présent et on se demande où tout cela va nous mener, alors, on dévore le tout avec voracité et on serre les dents et les fesses parce que c'est un drame oublié dans un drame encore plus grand : la Seconde Guerre Mondiale.

 

Petit à petit nous en apprenons plus, l'auteur dosant le suspense, mais en écrivant avec beaucoup de pudeur, sans ajouter de l'horreur dans ce qui est déjà innommable.

 

Le récit se fait à trois voix : le papy, le gamin et les protagonistes de cet épisode méconnu de la Seconde et qui, je trouve, mériterait que l'on en parle à plus grande échelle.

 

Il y a de la sensibilité dans le récit, de l'émotion brute, mais aussi de la retenue afin d'éviter de sombrer bêtement dans le voyeurisme.

 

La manière d'écrire est adaptée selon le personnage qui parle et cela rend les choses plus authentiques. La plume de l'auteur était un plaisir à lire.

 

Il y a aussi derrière tout cela, une perte de l'innocence des enfants et des blessures profondes. L'amitié, comme l'amour, peuvent se perdre, mais le glas de l'amitié est encore celui qui est le plus dur.

 

À la mesure de nos silences... si des gens avaient parlé au lieu de se retrancher dans leurs souvenirs douloureux marqué au fer rouge, cela eut été bien mieux pour tout le monde...

 

Lorsque le passé se dérobe, que l'on refuse de s'attarder sur les choses, alors l'oubli terrasse nos mémoires, et l'on condamne nos morts à errer das les ombrages du destin.

 

Mais nous aurions manqué ce magnifique voyage entre une petit-fils et un grand-père qui voulait se confesser.

 

 

 

 

Titre : Vongozero


Auteur : Yana Vagner
Édition : Mirobole (2014)

Résumé :

La survie d’une femme, entre récit post-apocalyptique et thriller psychologique.

Anna vit avec son mari Sergueï et leur fils Micha dans une belle maison isolée près de Moscou. Un virus inconnu a commencé à décimer la population.

 

Dans Moscou en quarantaine, la plupart des habitants sont morts et les survivants – porteurs de la maladie ou pillards – risquent de déferler sur les alentours.

 

Anna et les siens décident de s’enfuir vers le nord, pour atteindre un refuge de chasse sur un lac à la frontière finlandaise : Vongozero. Bientôt vont s’agréger à leur petit groupe des voisins, un couple d’amis, l’ex-femme de Sergueï, un médecin…

 

Le voyage sera long, le froid glacial, chaque village traversé source d’angoisse, l’approvisionnement en carburant une préoccupation constante.


Tensions nées d’une situation extrême, perte de repères, jalousie, promiscuité, peur…

 

Plongée dans un exode moderne au cœur d’une Russie dévastée, Anna décrit avec une grande justesse les rapports entre ces onze personnes réunies par la nécessité.

Outre le suspense constamment présent dans le livre, Vongozero est un roman d’une rare densité psychologique porté par une écriture d’une finesse remarquable.

 

Critique : 

C'est dans les vieilles casseroles qu'on fait les meilleures soupes et ce sont les bons auteurs qui arrivent à transcender un scénario tellement éculé qu'on aurait peur de le lire...

 

Un virus mortel, les gens qui meurent, les survivants qui décident de quitter leurs maisons afin d'aller ailleurs... rien à dire, le postulat de départ puait le réchauffé dès le départ.

 

Oui mais Yana Vagner, tel son homonyme compositeur, va nous réécrire la partition et nous en jouer une neuve tout en utilisant des vieilles notes.

 

Du virus qui décime la Russie et le reste du monde, vous ne saurez rien. À vous de l'imaginer... Il est là, mais on ne saura pas grand-chose sur lui, hormis qu'il est mortel et que les grandes villes sont les plus touchées.

 

Ce qui change, dans ce récit, c'est que l'auteur reste sobre et ne nous fait pas vivre des scènes de pillages ou de violences incontrôlées à tire-larigot. Exit aussi longues descriptions - râles y compris - de l’agonie de la société. Ouf.

 

Non, chez elle, ce qui l'intéresse, c'est le groupe de fugitifs constitué au départ de 9 personnes. Le récit est centré sur eux et sur le voyage vers le lac Vongozero, à la frontière avec la Finlande. C'est Anna qui en sera la narratrice et vous fera partager ses doutes, ses craintes et son hostilité envers certains membres du groupe.

 

Hé oui, entre ces personnes là, ce n'est pas vraiment l'amour fou. Les voisins, Anna ne les aime pas. Quant à l'ex-épouse de son mari et le fils qu'ils ont eu, on ne peut pas dire que l'entente règne entre elles.

 

Va falloir se serrer les coudes, pourtant, parce qu'ailleurs, les structures sociales foutent le camp, l’autorité politique n'existe plus, l'armée par en coui***, on commence à se méfier de son voisin et de tout le monde, l’individualisme et l'égoïsme sont rois et la solidarité est aussi inhabituelle qu'un string brésilien sur la tête du père Nowel.

 

Ce roman ne se lit pas, il se dévore en quelques bouchées, malgré son épaisseur. Les temps morts sont inexistants, sans pour autant virer à Indiana Jones et dans les voitures qui remontent la Russie sous la neige et le froid, les huis-clos sont parfois étouffants tant l'adrénaline et les angoisses vous prennent aux tripes.

 

L'être humain, quand il en est à sa survie, peut être capable de tout, du meilleur comme du pire et ceci nous sera démontré durant le parcours de nos voyageurs car il ne sera pas de tout repos.

 

Pas besoin d'effets spéciaux ou de retournements à gogo, l'auteur maîtrise son sujet et sais user de sa plume pour qu'on ne lâche pas son livre.

 

Pas besoin de monstres dévoreurs d'enfants dans les pages pour vous mettre le trouillomètre à zéro quand on sait qu'un moteur doit boire de fuel ou de l'essence pour avancer et que si on s'arrête, on est mort. Mais dans un pays exsangue de gens, il en est de même pour le carburant...

 

Toute la subtilité du roman tient dans son scénario qui, malgré son postulat de départ, s'écarte des classiques habituels mais tout tient aussi dans la construction des personnages et dans leurs manières de se comporter entre eux et lorsqu'ils croiseront d'autres êtres humains.


Peut-on encore se considérer comme des gens bien lorsqu'on reçoit quelqu'un avec une carabine braquée sur lui ? Est-on une personne normale lorsqu'on ne veut pas partager notre nourriture avec de ceux qui crèvent la dalle ? Peut-on encore se regarder dans une glace, quand, après avoir été sauvé par un homme, on envisage de lui siphonner sa réserve de fuel ?


Et vous, comment vous seriez-vous comporté la place de tout ces survivants ?? la question m'a hanté, elle me hante encore et je ne suis pas très fière de moi...


Un roman magistral qui s'éloigne des sentiers battus pour nous entraîner dans un voyage angoissant, le suspense accroché à vos pare-chocs et la tension sous votre parka doublée de mouton...


Un roman qui ne vous laissera pas de glace.


Challenge "Myself II" par Près de la Plume... Au coin du feu.


 

 

 

Titre : En ce lieu enchanté


Auteur : Rene Denfeld
Édition : Fleuve Editions (2014)

Résumé :

La dame n'a pas encore perdu le son de la liberté. Quand elle rit, on entend le vent dans les arbres et l'eau qui éclabousse le trottoir. On se souvient de la douce caresse de la pluie sur le visage et du rire qui éclate en plein air, de toutes ces choses que dans ce donjon, nous ne pouvons jamais ressentir.

Dans le couloir de la mort, enfoui dans les entrailles de la prison, le temps passe lentement. Coupés du monde, privés de lumière, de chaleur, de contact humain, les condamnés attendent que vienne leur heure.


Le narrateur y croupit depuis longtemps. Il ne parle pas, n'a jamais parlé, mais il observe ce monde "enchanté" et toutes les âmes qui le peuplent : le prêtre déchu qui porte sa croix en s'occupant des prisonniers, le garçon aux cheveux blancs, seul, une proie facile.


Et surtout la dame, qui arrive comme un rayon de soleil, investie d'une mission : sauver l'un d'entre eux. Fouiller les dossiers, retrouver un détail négligé, renverser un jugement.


À travers elle naissent une bribe d'espoir, un souffle d'humanité. Mais celui à qui elle pourrait redonner la vie n'en veut pas. Il a choisi de mourir.


La rédemption peut-elle exister dans ce lieu où règnent violence et haine ? L'amour, la beauté éclore au milieu des débris ?


Critique : 

En ce lieu enchanté règne toute sorte de princes : ceux des voleurs, ceux venu du royaume des assassins, des violeurs, nous avons aussi le roi des caïds, les rois de la pègre, les barons de la drogue... Que du beau linge !


Les seules oies blanches que vous croiserez sera les pauvres gars qui servent, contre leur gré, de femme objet aux caïds. Si d'aventure il y a de la blancheur, ce sera celle de l'héroïne.


L'histoire de ce roman se déroule dans une prison d'état, pas une prison moderne, non, une vieille prison sale, vétuste, où certains caïds font régner leur loi.


Notre narrateur est dans le couloir de la mort. Vous qui entrez ici... Oui, oubliez toute espérance.


Pourtant, j'ai décelé des soupçons d'humanité dans cette prison gangrénée par la corruption à tous les étages. Dans toute cette haine des autres et de sois-même, j'ai décelé des traces d'amour. Non, tout n'est pas perdu.


De notre narrateur, nous ne saurons que son nom ainsi qu'une partie de son enfance, mais rien des crimes qui l'ont conduit en prison. On se doute que ce fut terrible, horrible, mais on arrive pas à haïr cet homme qui n'a plus proféré une parole depuis des lustres. Cet homme qui s'évade au travers de ses livres qu'il chérit plus que tout.


Stephen King nous avait offert un récit rempli d'humanité dans La Ligne Verte et l'auteur de ce roman réussi l'exploit de nous parler du milieu carcéral avec sensibilité et beaucoup de douceur, sans tomber dans le pathos.


Le récit est court : 200 pages qui se lisent en quelques heures. Quelques heures dans ce monde enchanté, dans cette prison où les conditions de vie sont inhumaines et où la bouffe est tellement avariée que les soupes populaires ne l'ont pas voulue. Alors, des margoulins la revendent aux prisons...


Nous sommes en Amérique, dans un pays démocratique et civilisée (sois-disant) mais quand on entre dans cette prison, on a l'impression d'être reparti en arrière, vers le Moyen-Âge.


L'écriture est magnifique, sans chichis, sans fioritures, mais elle fait mouche et vous transperce le cœur.


Les personnages sont travaillés, sans avoir besoin d'en dire trop sur eux, ils sont profonds, qu'ils soient humains ou salauds.


Il y a de la pudeur dans ce roman qui ne porte aucun jugement mais vous laisse seul juge.


Même la Dame qui travaille pour un cabinet judiciaire et qui enquête sur certains prisonniers du couloir de la mort ne porte pas de jugement. Son rôle est de fouiller les dossiers afin de retrouver un détail négligé, dans l’hypothétique but de faire renverser un jugement.


Elle fait son boulot, sans leur chercher d'excuses, elle veut juste "comprendre" pourquoi, un jour, ces hommes sont devenus des bêtes féroces.


Si vous avez l'impression que ce roman est sombre et que le soleil n'est accessible uniquement par la petite fenêtre du parloir, vous avez tort. La lumière se cache dans les pages, aux détours des phrases, des personnages, et de toute la grandeur du récit.


Vous qui ouvrirez ce livre, n'abandonnez pas toute espérance. Dans la couloir de la Mort, il y a de la Vie.


 

 

 

Titre : Et soudain, tout change
 
Auteur : Gilles Legardinier
Édition : Fleuve Noir (2013)

Résumé :

Pour sa dernière année de lycée, Camille a enfin la chance d'avoir ses meilleurs amis dans sa classe. Avec sa complice de toujours, Léa, avec Axel, Léo, Marie et leur joyeuse bande, la jeune fille découvre ce qui fait la vie.

 

À quelques mois du bac, tous se demandent encore quel chemin ils vont prendre. Ils ignorent qu'avant l'été, le destin va leur en faire vivre plus que dans toute une vie...

 

Du meilleur au pire, avec l'énergie délirante et l'intensité de leur âge, entre espoirs démesurés, convictions et doutes, ils vont expérimenter, partager et se battre.

 

Il faut souvent traverser le pire pour vivre le meilleur.

 

Avec cette nouvelle aventure, Gilles signe un roman comme il en a le secret et qui, entre éclats de rire et émotions, nous ramène là où tout commence vraiment. Cette histoire est aussi la nôtre. Bienvenue dans ce que nous partageons de plus beau et qui ne meurt jamais.

 

Critique : 

S'il n'y avait pas eu Gruz-Yvan pour me pousser à lire ce livre, jamais je ne l'aurais ouvert ! Non, mais, une histoire avec des lycéens, racontée par une des lycéenne, très peu pour moi.

 

Voyez-vous même le 4ème de couverture : "Pour sa dernière année de lycée, Camille a enfin la chance d'avoir ses meilleurs amis dans sa classe. Avec sa complice de toujours, Léa, avec Axel, Léo, Marie et leur joyeuse bande, la jeune fille découvre ce qui fait la vie".

 

Persuadée que j'étais qu'avec ce genre de littérature, j'allais me retrouver avec une narratrice à la con; vous savez, une gamine qui passe son temps à faire "Ohhhh nannnnhhh ils me parlent maintenant en plus. Je m'empourpre encore plus hannn" (Wiitoo le fait mieux que moi). Vous voyez ce que je veux dire, un style gnangnan ou neuneu.

 

Mais puisque qu'Yvan avait écrit une chronique qui ne pouvait que me pousser à le lire et que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis... J'ai franchi le pas, sans avoir peur, puisque jusqu'à présent, tous ses conseils lectures se sont révélés judicieux.

 

Un seul regret : quand je pense que j'ai failli passer à côté d'un livre aussi drôle, aussi agréable à lire, aussi émouvant, aussi prenant, bref, rien que d'y penser, ça me fait frémir. Ah, mes sales préjugés littéraires, parfois...

 

Dangereux, d'ailleurs, ce livre, il a failli me faire louper mon arrêt de métro ! Le soir, plongée dans ma lecture, il a fallu un coup de coude de mon homme pour me faire lever les yeux. Je le regarde, l'air de dire "quoi ?" et il me dit "on arrive". Non, pas possible... ben si. Il était étonné que je n'avais pas encore refermé mon livre, chose que je fais habituellement une station avant notre descente... Addictif !

 

On peut dire aussi que ce livre m'a fait passer par deux sensations extrêmes : les rires et les larmes. Et parfois, en très peu de temps... Me faire pleurer et ensuite rire aux larmes, ça, fallait le talent de l'auteur pour y arriver.

 

Durant ma lecture, des gloussements, des pouffements de rire, des éclats de rire, aussi. Heureusement, le fou rire a eu lieu durant ma pause et pas dans le métro, parce que je ne savais plus me ravoir...

 

En ce qui concerne les larmes... Lors de la lecture des dernières pages, alors que ma gorge était nouée et que l'émotion montait crescendo, mon lecteur MP3, ce traître, en a ajouté une couche en diffusant dans mes oreilles des chansons en adéquation avec les moments émouvants : "Return of the king : The End Of All Things" (LOTR) et "Postcard" de Purcell (oui, le violon de "Orgueil et Préjugés").

 

Malgré la lecture aléatoire, j'avais la musique en parfaite harmonie avec les passages plus tristes que je lisais. Comme si j'avais besoin qu'on ajoute de la tristesse à ma lecture !

 

Ensuite, alors que j'avais toujours un serrement dans l'estomac et une boule au fond de ma gorge, j'ai éclaté de rire avec Tibor et ses facéties avec son "petit pingouin" (ceux qui ont lu sauront de quoi je parle) et voilà qu'après avoir pleuré d'émotion, je pleurais de rire, passant d'un extrême à l'autre... Avant de revenir vers des moments plus tragiques...

 

Ach, Kolôssâle Konzpiration de la part de ma musique qui a enchainé sur "Agnus Dei" de Mozart (je précise, on ne sait jamais, si Nabilla lisait ces lignes), musique de circonstance pour la fête que nos personnages donnent pour une personne qui nous quitte... Les larmes coulaient et je n'ai pas cherché à les étancher de suite.  Lire en musique, ça décuple les émotions.

 

Un livre "léger" (pas péjoratif, hein !), une écriture qui m'a emportée, des personnages avec lesquels je serais bien restée 200 pages de plus, c'est frais, drôle, émouvant, on ne s'ennuie pas et mes zygomatiques ont eu du mal à se remettre des petites phrases de Camille, la narratrice.

 

Je ne sais pas si Jérôme Chevillard l'a dit, mais Einstein, Chaplin et Alexandre le Grand l'ont déjà noté avec des formules parfois très efficaces. Pourtant, ce sont Riri, Fifi et Loulou qui me l'ont appris les premiers : dans la vie, le meilleur peut côtoyer le pire. Bien que n'étant ni un canard, ni célèbre, ni morte, je confirme.


Durant ma lecture, j'avais l'impression de me retrouver dans ma classe de terminale, bien que dans notre classe, ce n'était pas la bonne entente comme dans celle de Camille...

Sérieusement, l'auteur a réussi à se mettre dans la peau d'une jeune fille et il nous en parle avec "justesse". La bonne atmosphère pile-poil... Alors que j'ai mon diplôme depuis un certain temps, j'étais de retour sur les bancs de l'école.

Franchement, laissez tomber vos préjugés littéraires, ça fait du bien de lire pareil roman, une vraie bouffée d'air frais.

Succombez au virus orange "ESTC", ça vous fera du bien au moral et c'est disponible sans ordonnance.

En tout cas, je compte bien m'acheter les deux autres livres de cet auteur pour m'offrir une autre tranche de rire !

 

 

 

Titre : Une terre d'ombre
 
Auteur : Ron Rash
Édition : du Seuil (2014)

Résumé :

Laurel Shelton est vouée à une vie isolée avec son frère — revenu de la Première Guerre mondiale amputé d’une main —, dans la ferme héritée de leurs parents, au fond d’un vallon encaissé que les habitants de la ville considèrent comme maudit : rien n’y pousse et les malheurs s’y accumulent.

 

Marquée par ce lieu, et par une tache de naissance qui oblitère sa beauté, la jeune femme est considérée par tous comme rien moins qu’une sorcière.

 

Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre au bord de la rivière un mystérieux inconnu, muet, qui joue divinement d’une flûte en argent.

 

L’action va inexorablement glisser de l’émerveillement de la rencontre au drame, imputable exclusivement à l’ignorance et à la peur d’une population nourrie de préjugés et ébranlée par les échos de la guerre.

La splendeur de la nature, le silence et la musique apportent un contrepoint sensible à l’intolérance, à la xénophobie et à un patriotisme buté qui tourne à la violence aveugle.

Petit plus : Après "Le Monde à l’endroit" (Seuil, 2012), "Une terre d’ombre" prolonge une réflexion engagée par l’auteur sur la folie guerrière des hommes, tout en développant pour la première fois dans son œuvre romanesque une histoire d’amour tragique qui donne à ce récit poignant sa dimension universelle.

 

 

Critique : 

 Il est des livres que l'on dévore, voulant à tout prix découvrir l'entièreté de l'histoire, respirant à peine... tout en se disant que lorsqu'il sera terminé, on en sera peinée.

 

Ce fut le cas ici. Dévoré en un jour, incapable de le lâcher, mais triste de l'avoir terminé, triste de quitter certains personnages tout en ayant envie d'en passer d'autre à la broche à rôti.

 

États-Unis, 1918. Sur le Vieux Continent, celle que l'on nomme déjà la Der des Der bat toujours son plein, remplissant les fosses communes, dressant les hommes l'un contre l'autre, éveillant des haines contre l'ennemi : le boche, le casque à pointe, le teuton...

 

Laurel Shelton et son frère Hank vivent dans une petite ferme isolée au fond d'un vallon tellement encaissé que le soleil ne luit que quelques heures en été. Rien ne pousse, ou si peu. Pour eux, la vie n'est pas facile, surtout que Hank a laissé une main dans les tranchées en France.

 

Pour les habitants de Mars Hill, cette terre est maudite et ceux qui y vivent aussi. Surtout que Laurel porte une tache de naissance un peu disgracieuse et que tous la croient sorcière et se signent presque à son passage. Bref, le frère et la sœur sont des bannis, des exclus, des parias et on verse du sel à l'entrée de leur domaine.

 

Bienvenue à "Préjugés Hill" où les habitants de la ville ont des esprits aussi étroits que le chas d'une aiguille et la plupart sont rempli d'amertume.

 

Entre le sergent recruteur qui se fait regarder de travers parce qu'il n'est pas allé casser du boche, ceux qui se gaussent de lui mais n'ont pas eu les couilles de traverser l'océan pour mater les casques à pointes, ceux qui en sont revenus et déclarent que ce n'est qu'une vaste boucherie pour gagner quelques arpents de boues et cette haine de l'Allemand qui tout doucement s'installe.

 

La vie misérable de Laurel avait l'air toute tracée jusqu'à ce qu'elle croise Walter, un jeune homme mal en point, muet et jouant de la flûte comme un dieu. Entre eux va se développer quelques chose de fort, de beau...

 

Ami du trépidant, va t'amuser dans un thriller ou revisionne l'intégrale de "24h chrono" parce que ici, l'action est peu présente, mais ce n'est pas ce que l'on cherche dans un roman de Ron Rash.

 

Nous sommes face à un récit râpeux comme un vieux vin, long en bouche et avec des senteurs douces et sucrées de miel. Oui, dans toute cette misère, l'auteur nous construit une histoire d'amour qui ne tournera pas à la guimauve, évitant la mièvrerie et émerveillant son lecteur.

 

Amis du tragique, bonjour. N'étant pas dans un Harlequin, vous vous doutez que la tragédie nous guette.

 

L'imbécilité de l'homme qui craint ce qu'il ne connait pas, qui a besoin d'un bouc émissaire pour expurger ses propres fautes, qui veut jouer au dur parce qu'il veut montrer qu'il en a dans le froc et se faire un boche, puisqu'il n'est pas allé le faire sur le front en Europe.

 

Vous me direz que nous sommes un siècle plus tôt, dans un coin des Appalaches en Caroline-du-Sud, qu'il est donc normal d'avoir l'esprit plus étroit que le cul d'une pucelle qui subirait les assauts d'un troll... (étroit pour le troll, bien entendu !)

 

Oui, mais le problème est que l'être humain traine cette tare depuis la nuit des temps et que si un conflit revenait sur notre continent, beaucoup se comporteraient comme les habitants aussi bêtes que méchants de la ville de Mars "Préjugés" Hill.

 

On traquerait l'ennemi, se moquant bien qu'il soit vieux et inoffensif puisqu'il est moins dangereux de s'attaquer à lui qu'à un bataillon de militaires armés ! Oui, l'homme est un peu couard...

 

Un roman tout en finesse, sans mièvrerie, une écriture qui claque comme un coup de fusil dans la nuit et une manière de dénoncer les dommages collatéraux d'une guerre qui se déroule pourtant de l'autre côté de l'océan, sur l'accueil haineux des étrangers sur le sol du pays, sur la folie des hommes et les superstitions bêtes (qui survivent toujours en 2014 !).

 

Un roman aussi sombre que le vallon qu'il décrit, aussi dur et sans pitié que lui mais traversé aussi par des rayons de soleil avant que l'obscurité ne reprenne ses droits.

 

La nuit est tombée sur le vallon et on referme le livre avec une étrange sensation dans la gorge, comme si un nœud s'y était installé.

Merci Laurel, Hank, Walter et Slidell...

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2014-2015),Challenge "Polar Historique" de Sharon, Le "Challenge US" chez Noctembule, "Challenge Ma PAL fond au soleil - 2ème édition" chez Métaphore, "Il était une fois dans l'Ouest" chez The Cannibal Lecteur et "Ma Pedigree PAL - La PAL d'excellence" chez The Cannibal Lecteur.

 

 

 

Titre : Le monde à l'endroit
 
Auteur : Ron Rash
Édition : du Seuil (2012) / Livre de Poche (2014)

Résumé :

Travis Shelton, 17 ans, découvre un champ de cannabis en allant pêcher la truite au pied de Divide Mountain, dans les Appalaches. C'est un jeu d'enfant d'embarquer quelques plants sur son pick-up.


Trois récoltes scélérates plus tard, Travis est surpris par le propriétaire, Toomey, qui lui sectionne le tendon d'Achille, histoire de lui donner une leçon.

Mais ce ne sera pas la seule de cet été-là : en conflit ouvert avec son père, cultivateur de tabac intransigeant, Travis trouve refuge dans le mobile home de Leonard, un prof déchu devenu dealer.


L'occasion pour lui de découvrir les lourds secrets qui pèsent sur la communauté de Shelton Laurel depuis un massacre perpétré pendant la guerre de Sécession.


Confronté aux ombres troubles du passé, Travis devra également affronter les épreuves du présent.

Le père, Toomey, Leonard, trois figures qui incarnent chacune une forme d'autorité masculine, vont tragiquement façonner son passage à l'âge d'homme.

Petit plus : Ce roman, le troisième de Ron Rash — après Un pied au paradis et Serena — à être traduit en français, confirme par son lyrisme âpre que cet écrivain est avant tout un poète, ardent défenseur de sa terre et de la mémoire de celle-ci.

Critique : 

Travis Shelton a 17 ans et au moment où il remonte la rivière, il ne sait pas encore que sa partie de pèche aura des répercussions sur le reste de sa vie... Il ne sait pas encore que ses actes, ses humeurs, son impulsivité, auront des conséquences graves plus tard.

 

Comme quoi, le battement d'aile d'une cuiller "Panther Martin" en argent au bout d'une canne à pèche peut déclencher un tsunami d'événements.

 

Travis, tout comme la truite devant qui ont agite un leurre, s'est fait ferrer par un terrible leurre : des plants de cannabis ! Il est si simple d'en chiper quelques uns afin de les vendre et de payer son assurance voiture.

 

Bingo, tel une truite mouchetée, Travis va céder et mordre dans l’hameçon, prenant même le risque de revenir une deuxième et une troisième fois. Grave erreur ! Toomey, le proprio, n'est pas content du tout et le tendon d'Achille de Travis en subira les conséquences.

 

— Pour venir une deuxième fois, fallait du courage. Même si j'avais pigé que c'était toi j'aurais laissé couler, rien que pour la crânerie de ce que t'avais fait. Mais venir une troisième fois c'est carrément idiot et cupide. C'est pas comme si tu étais un petit merdeux. T'es assez vieux pour avoir un peu de bon sens.

 

Le problème de notre Travis, c'est qu'il souffre du manque de reconnaissance de son père, véritable handicapé des sentiments, incapable de féliciter ou de remercier son fils pour le travail abattu...

 

Vous avez sans doute dans votre entourage des gens qui au lieu de voir ce qui est bien fait, met le doigt sur le petit truc qui n'est pas fait ou pas bien fait.

 

Le père de Travis est ainsi et il sera "le détonateur" de tout le reste. S'il avait prodigué un peu d'attention à son fils, ce dernier ne se serait pas enfui après son agression par les Toomey - père et fils - pour atterrir chez Leonard Shuler, le revendeur de drogue et d'alcool du coin.

 

Mes lectures avec Ron Rash sont toujours un découverte : sa plume continue de m'enchanter, ses histoires me font voyager, ses personnages sont toujours d'une grande profondeur et d'une complexité qui me fait les imaginer bien vivant.

 

Il y a du contraste dans ces personnages. Entre un Carlton Toomey, véritable montagne de muscles d'1,40m, monstre sans pitié qui possède une voix qui, quand il entonne un Gospel, fait chialer l'assistance et un ancien professeur qui, suite à une manipulation, s'est retrouvé accusé de dealer de l'herbe et qui, maintenant, le fait vraiment, le contraste est étonnant.

 

Pas de lac, mais malgré ça, on continue d'explorer les tréfonds de l'être humain, le tout sur fond de nature sauvage et de guerre de sécession.

 

Oui, les événements passés agissent encore sur ceux du présent.

 

Travis va devoir se prendre en main et on va le suivre durant sa remontée de la pente, cherchant toujours cette reconnaissance qui lui manque.

 

Un roman sombre, noir, même, avec tout juste une lueur d'espoir qu'il faudra protéger du vent afin de ne pas moucher la chandelle.

 

Ici, on se promène dans l'Amérique profonde, celle des gens un peu rustres qui doivent composer avec la nature qui n'est pas une tendre, par là, et une histoire de massacres durant une sale guerre civile.

 

Un roman où s'entremêlent l'Histoire, le premier amour, l'amitié, les drogues, du mystère (les notes d'un médecin en 1850 à la fin de la guerre civile), les conneries d'un adolescent et toutes les conséquences qui peuvent en découler d'une manière stupide... Travis mérite parfois des baffes !


Ah, si tout le monde y avait mis un peu du sien, on n'en serait pas arrivé là ! Mais on serait passé à côté d'un grand roman.

 

Challenge "Le mois Américain" chez Titine, Challenge "Il était une fois dans l'Ouest" chez The Cannibal Lecteur et "Ma Pedigree PAL - La PAL d'excellence" chez The Cannibal Lecteur.

 

 


 

Titre : Le chemin des âmes


Auteur : Joseph Boyden
Edition :  Albin Michel / Le Livre de Poche (2008)


Résumé :

1919. Nord de l'Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d'Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre.

 

A sa grande surprise, l'homme qui descend du train est son neveu Xavier qu'elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable.

 

Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l'engagement dans l'armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l'enfer des champs de bataille en France...

 

Critique :

La Grande Guerre racontée par un survivant où par les mémoires d'un qui l'a fait, c'est assez courant dans la littérature.

 

D'accord, mais par un indien Cree, ça l'est moins, non ? Ah, je sens que je viens d'éveiller une étincelle de curiosité dans vos yeux blasés.

 

Ce roman - dont les qualificatifs me manquent pour vous dire à quel point je l'ai aimé - fut un véritable page turner dans mon cas.

 

Attention, pas une frénésie qui vous fait tourner les pages dans le but de savoir la fin. Non ! Les pages se tournent lentement afin de se laisser déguster et que l'on puisse s'imprégner de l'atmosphère assez dense de ce roman.

 

En fait, à un moment donné, vu le temps que j'avais passé à lire d'une traite, je me croyais bien plus loin dans la lecture. Et non, c'était tellement concentré que j'en avais lu moins que je ne le pensais.

 

Oh, ne me faite pas dire ce que je n'ai pas écrit : le livre n'est pas touffu et indigeste ! Mais il est tellement prenant qu'on oublie tout.

 

D'un côté, nous avons Xavier Bird (Neveu ou X), un jeune Amérindien qui rentre au Canada après avoir passé quatre années dans l'enfer des tranchées de celle que nous avons nommé "La Grande Guerre" .

 

La tête basse, l'âme en peine, écorchée, le coeur broyé, une jambe en moins, ce jeune homme rentre seul : son ami d'enfance, Elijah, avec lequel il s'était engagé comme tireur d'élite est mort.


Pourtant, une surprise de taille l'attend à la gare de Toronto : Niska, sa tante, vieille indienne Cree, se trouve sur le quai de la gare, afin de le ramener en canoë.

 

Xavier la croyait morte, quand à elle, elle attendait Elijah car on lui avait dit que son neveu était mort.

 

Entre nous, vu son état, il est quasi mort au sens "imagé" du terme car Xavier erre entre le monde des vivants et celui des morts, ayant goûté la médecine de l'homme blanc nommée "morphine" et qui fit des ravages parmi les soldats, dont Xavier et avant, Elijah.

 

C'est cette putain de guerre qui a détruit son amitié avec Elijah et broyé leurs destinées. On sent bien que la morphine est plus un substitut à sa douleur "mentale" qu'à sa douleur "physique". Cela l'empêche de penser à ce qu'il s'est passé là-bas.


Ce roman nous raconte donc (entre autre) la remontée du fleuve de Niska et son neveu, jusqu'au Nord de l'Ontario.

 

Le voyage durera trois jours, trois jours au cours desquels sa tante cherchera à maintenir Xavier en vie afin de le sauver. Ces trois jours seront son voyage sur « Le chemin des âmes ».

 

Ce que j'ai aimé dans cette lecture addictive, c'est le croisement de deux récits : celui de Xavier, quand il repense à la guerre, à son ami, à leur rencontre à l'orphelinat, à leur jeunesse insouciante... et le récit de Niska qui nous conte une partie de sa vie et des problèmes que rencontreront son peuple avec l'Homme Blanc !

 

Pour ce qui est de la partie "dans les tranchées", j'ai courbé l'échine afin de ne pas me faire descendre, les balles sifflaient à mes oreilles, la boue collait à mes basques, les poux me dévoraient et les rats qui grouillaient autour de moi me dégoutaient (pourtant, je n'ai rien contre les rats).

 

Récit flamboyant de la bêtise humaine (certains étaient heureux d'aller botter le cul des Fritz), des officiers qui donnent des ordres à la con puisqu'ils ne sont pas en première ligne, du fait que l'on apprend à des hommes à tuer, à s'entretuer et que l'on récompense ceux qui le font bien. Terrible.

 

La descente aux Enfers de nos deux amis est tout aussi terrible et j'ai souffert en voyant Elijah s'enfoncer dans sa douce folie, laissant son ami désemparé, lui qui n'avait pas son éloquence, lui qui le voyait s'éloigner de lui au sens propre comme au figuré.

 

Elijah aime la guerre, il aime tuer, Xavier pas...

 

Pour ce qui est du récit de sa tante Niska... Ah, là, nous ne pouvons que saluer l'arrivée de l'Homme Blanc et de ses bienfaits rangés dans sa musette.

 

Arrivant afin de "civiliser" tous ces païens, l'Homme Blanc les instruit, envoyant de force les enfants dans des écoles tenues pas des bonnes soeurs qui leurs inculqueront à grands coups de verge ou de cravache ce qu'est un Dieu, un vrai, et pas un Manitou de pacotille. Seul notre Dieu est le Vrai !

 

Pour le même prix, l'Homme Blanc vous offre même le Fils de Dieu et le Saint-Esprit, ainsi qu'un calendrier avec 365 saints ! Non, pas les seins auxquels vous pensez, messieurs les sauvages.

 

Vos enfants seront renommés et se verront offrir une vie merveilleuse au sein de l'internat, leur faisant oublier tous vos rituels de malade, faisant d'eux de futurs consommateurs capitalistes et de grands consommateurs d'alcool.

 

En plus, ayant fait de votre "chez vous" son "chez lui", l'Homme Blanc vous dictera votre conduite afin de mieux vous aider.

 

Ah, les bienfaits de la civilisation apportée par l'Homme Blanc !

 

Pour ceux qui ne disposeraient pas du second degré, je précise que c'était de l'ironie, mon discours sur "les bienfaits de la civilisation apportée par l'Homme Blanc" !

 

Ce genre d'horreur, commises par les colons sur les enfants indiens envoyés dans des orphelinats avec conversion à notre merveilleuse religion, j'en avais entendu parler dans une émission télévisée (Thalassa ? Envoyé Spécial ? Je ne sais plus) et j'avais été horrifiée par le traitement de barbare réservé à ses enfants, arraché de leur culture.

 

C'est ainsi que l'on détruit un peuple, en détruisant sa culture...

 

Tenez, voici un extrait de Niska sur la roublardise de l'Homme Blanc :

 

"A l'époque où je suis née, les wemistikoshiw (les blancs) dépendaient encore de nous. Ils venaient à nous comme de petits enfants au potlatch.

 

Quand l'hiver se faisait trop rude, nous leur donnions des fourrures à porter, de la viande séchée d'orignal pour leurs ventres vides. Au printemps, quand les mouches noires menaçaient de les rendre fous, nous leur apprenions à jeter dans leur feu le bois vert de l'épinette.

 

Nous leur montrions où se cachaient les poissons dans la rivière, quand l'été devenait chaud ; comment piéger les nombreux castors sans mettre en fuite toute la colonie.

 

Les Crees sont un peuple généreux. Comme les tiques des bois, les wemistikoshiw se collaient à nous, engraissant de saison en saison, jusqu'au jour où ce fut à nous de nous justifier devant eux."

 

Et voilà ! Avec des mots simples mais forts, Niska nous livre une critique amère de ce que furent les colonisateurs de son peuple : des tiques !

 

Son récit s'entremêle à celui de Xavier et on plonge tout entier dans ce roman, frémissant et frissonnant pour nos deux copains : Xavier et Elijah, livrés à cette grande boucherie humaine.

 

Que furent leurs vies et leur enfance, comment en-est-on arrivé là... Petit à petit l'histoire se dévoile.

 

Sans tomber dans le pathos, on a les larmes aux yeux sur la fin et c'est avec regret que j'ai refermé ce livre.

 

C'est pour tout cela que ce livre m'a séduite directement et que je le conseille.

 

 

 

 

Titre : Dans le grand cercle du monde
 
Auteur : Joseph Boyden
Édition : Albin Michel (2014)

Résumé :

Un jeune jésuite français venu en Nouvelle-France pour évangéliser les Indiens est abandonné par ses guides et capturé par les Hurons en même temps qu'une jeune Iroquoise.

Petit Plus : Après "Le Chemin des âmes" et "Les Saisons de la solitude" qui l’ont imposé parmi les grands écrivains canadiens contemporains, Joseph Boyden poursuit une œuvre ambitieuse.

 

Situé dans les espaces sauvages du Canada du XVIIe siècle, ce roman épique, empreint tout à la fois de beauté et de violence, est d’ores et déjà considéré comme un chef-d’œuvre.

Trois voix tissent l’écheveau d’une fresque où se confrontent les traditions et les cultures : celle d’un jeune jésuite français, d’un chef de guerre huron, et d’une captive iroquoise.

 

Trois personnages réunis par les circonstances, divisés par leur appartenance.

 

Car chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour s’allier ou chasser ces "Corbeaux" venus prêcher sur leur terre.

 

Trois destins scellés à jamais dans un monde sur le point de basculer.

Mêlant lyrisme et poésie, convoquant la singularité de chaque voix – habitée par la foi absolue ou la puissance prophétique du rêve – Boyden restitue, dans ce roman d’une puissance visuelle qui rappelle Le Nouveau Monde de Terrence Malick, la folie et l’absurdité de tout conflit, donnant à son livre une dimension d’une incroyable modernité, où "le passé et le futur sont le présent".

 

Critique : 

Maître Corbeau, sur sa chaire perchée, tenait dans son bec ce langage : "Convertissez-vous et vous entrerez au Royaume des Cieux".

 

Les Sauvages, par ce bagou peu alléchés, lui tinrent à peu près ce langage "Casse-toi, pauv' con !".

 

Je vous rassure de suite, cette entrée en matière humoristique n'est pas le reflet exact qui pourrait résumer ce grand roman que je viens de terminer... L'auteur fait dans le sérieux, moi pas.

 

Sans oublier que le peuple des Hurons avaient de l'éducation et n'a pas répondu ce genre de phrase au jésuite qui tentera de les convertir à tout prix.

 

Ma lecture m'a emporté en Nouvelle-France, au 17ème siècle, dans une tribu Wendat (Hurons) où le père Christophe vient de débarquer, ne doutant pas qu'il arrivera à évangéliser ceux qu'il nomme "les Sauvages". Lui sera surnommé "Corbeau" par les gens de la tribu.

 

"Avant l'arrivée des Corbeaux, vos prêtres, nous avions la magie. Avant la construction de vos grands villages que vous avez si grossièrement sculptés sur les rivages de la mer intérieure de notre monde en leur donnant des noms arrachés à nos langues - Chicago, Toronto, Milwaukee, Ottawa -, nous avions aussi nos grands villages sur ces rivages-là. Et nous comprenions notre magie. Nous savions ce que l'orenda impliquait".

 

Nous sommes face à un roman à 3 voix : 3 voix aussi dissemblables qu'elles sont indissociables...

 

Premier narrateur, le père Christophe, notre jésuite. En second, une jeune iroquoise prénommée "Chutes-de-Neige" dont la famille vient d'être massacrée par le troisième narrateur "Oiseau", un chef Huron qui va l'adopter comme sa fille.

 

Ce changement de narrateur à chaque chapitre donne un autre souffle au roman, nous faisant entrer dans la peau et les pensées de trois personnes différentes, avec une culture différente et un mode de vie diamétralement opposé.

 

Si j'ai eu envie de baffer bien souvent le jésuite, il est remonté dans mon estime à la fin, en faisant preuve d'un courage que je n'aurais jamais eu.

 

Oiseau, grand guerrier, est blessé par le massacre de sa famille. Alors, en juste vengeur qu'il est, il massacre lui aussi des gens de la tribu responsable de la mort des siens. Mais il adopte la fille des gens dont il vient de défoncer la tête...

 

Chutes-de-Neige est habitée par la vengeance mais on sent le personnage mûrir, jusqu'à devenir une femme.

 

Tout le récit est baigné par de l'incompréhension et de la méfiance de part et d'autre des protagonistes. Comme des chiens qui se reniflent, les Wendats observent avec des sourires ce Corbeau qui fait d'étranges signes et notre jésuite implore Dieu de leur pardonner parce qu'ils sont des sauvages.

 

Pourtant, je ne les ai pas trouvé si "sauvages" que ça, moi, ces Hurons ! Ils vivaient juste de manière différente, c'est tout. Cela en fait-il des barbares pour autant ? Non.

 

"La laine n'est pas le plus mauvais des textiles dans ce pays. Elle fascine les Sauvages qui m'interrogent tout le temps pour savoir de quel animal elle provient. J'essaie alors d'expliquer ce que sont les moutons, la domestication et l'élevage, et je réussis uniquement à dire que là d'où je viens, nous parquons pour notre consommation de grands troupeaux d'animaux qu'ils ne peuvent même pas imaginer. Dieu le veut ainsi. L'idée qu'on puisse avoir des troupeaux de gentils chevreuils ou d'orignaux qui vont gaiement au massacre quand les hommes désirent manger de la viande déclenche leur hilarité. Certains doutent franchement qu'il soit bon de mener une vie aussi facile. La question me passionne".

 

Ce roman magistral est une immersion dans la culture des différentes peuplades qui composaient la "Nouvelle France" pendant la colonisation et l'évangélisation. Impuissant, on assistera à un changement radical chez ces gens avec la découverte des armes à feu.

 

Oui, l'homme Blanc a tendance à faire pourrir les fruits intacts qu'il touche... Il lui impose sa pensée, veut lui imposer son mode de vie, son Dieu. Oui, nous avons corrompu des tas de gens qui ne nous demandaient rien. Juste parce que nous estimions que c'était "pour leur bien".

 

Attention, les Hurons n'étaient pas des tendres non plus et se livraient à des guerres sans merci, mais ils le faisaient avec leurs propres armes, des arcs, des lances, pas avec des mousquets !

 

Nous ap­par­te­nons à cette terre. Nous par­lons des langues si­mi­laires, nous culti­vons les mêmes plantes et nous chas­sons le même gi­bier. Pour­tant, nous sommes en­ne­mis et nous cher­chons mu­tuel­le­ment à nous dé­truire. Je ne com­prends pas.

 

Un tout grand roman que j'ai dévoré en peu de temps, malgré les petits temps mort qui parsème le récit. Les personnages étant tous bien décrits, ils étaient des plus agréable à suivre afin de les voir évoluer dans le bon ou le mauvais sens.

 

Quant à l'écriture, c'était un petit bijou.

 

Le charbon dans mes entrailles consume les franges de mon profond chagrin. Ses flammes lèchent ma souffrance que je sens devenir aiguisée comme le bord d'une coquille de clam. Je la sens se changer en quelque chose qui a les couleurs du sang et du charbon de bois, et ces couleurs soulagent un tout petit peu ma douleur.

 

Seul bémol, quelques scènes de tortures auraient pu être suggérée et pas décrites. Trop de violences tue la violence et j'aimais mieux la violence sous-jacente du début que celle, brute de décoffrage, qui sévit à la fin.

 

Quand au titre, j'aurais préféré qu'ils laissent l'original "Orenda" qui non content d'éveiller notre curiosité, trouvait réponse dans le récit.

 

Challenge "Le mois Américain" chez Titine, Challenge "Il était une fois dans l'Ouest" chez The Cannibal Lecteur, Lire "À Tous Prix" chez Asphodèle (Prix Littérature Monde 2014) et "Ma Pedigree PAL - La PAL d'excellence" chez The Cannibal Lecteur.

 

 

 

Titre : Smoky
 
Auteur : Will James
Édition : Actes Sud (2013)

Résumé :

Smoky évoque la vie d’un cheval dans les grands espaces du Nord-Ouest américain, au début du xxe siècle.


Particulièrement sauvage, il craint les hommes plus que tout.


Mais sa route croisera celle de Clint, un cow-boy qui saura gagner sa confiance et fera de lui l’un des meilleurs chevaux de ranch de l’époque.


Jusqu’au jour où Smoky est volé…


Petit plus : Merveilleuse histoire d’amour entre un homme et un cheval, Smoky est aussi un incomparable témoignage des traditions de l’Ouest américain.


Longtemps avant que la parole des nouveaux maîtres se soit fait entendre, Will James démontrait déjà à quel point la patience, le respect et l’amour permettent d’obtenir le meilleur d’un cheval.


Ce livre est un “classique” pour les amoureux des chevaux aux États-Unis. Publié pour la première fois en 1926, il a connu un succès immédiat et a toujours été édité depuis. Il n’a jamais été traduit en français jusqu’à ce jour.


L’une des plus belles histoires jamais racontées sur les chevaux.


Critique : 

Il est des chevaux qui vous marquent plus que d'autres, des chevaux qu'on oublie jamais. On a beau en avoir monté beaucoup, en avoir croisé des troupeaux entiers, comme le dit si bien Buck Brannaman : "Il y en a un, un jour, qui croise notre route, (...) ce cheval est unique".

 

Ceux qui sortent du lot ne sont pas les plus gentils ou les plus faciles. Que du contraire, ce sont souvent les plus dangereux et les plus difficiles qui ont toute notre attention, notre affection... Je vous le confirme. Celui que j'ai le plus aimé fut celui qui me mit par terre et qui manqua de me tuer plusieurs fois mais jamais avec méchanceté.

 

Ce qui est arrivé à Clint, débourreur professionnel de chevaux dans le ranch "Rocking R" lorsqu'il aperçu le cheval gris souris dans le corral, bon nombre de cavaliers l'ont ressentit. On le voit et on sait que c'est CE cheval là.

 

Clint est un débourreur qui sait qu'il ne faut pas "briser" un cheval, mais se faire accepter par lui. Ses méthodes sont douces, mais fermes et, entre lui et le cheval, naît tout doucement une amitié profonde. Tout dans le respect.

 

Le cheval gris souris sur lequel il a jeté son dévolu est baptisé Smoky, mais le lecteur le savait déjà puisqu'il a eu le bonheur de suivre le cheval depuis sa naissance jusqu'à son arrivée parmi les hommes du ranch.

 

Oui, l'histoire de la vie du cheval est racontée de son point de vue, mais pas à la première personne. Ce petit artifice du narrateur donne un résultat plus que convaincant car l'auteur s'y connaissait en matière de chevaux, de leur mode de vie, il les connaissait pour avoir vécu à leurs côtés et travaillé avec eux toute sa vie.


De plus, le roman est agrémenté des dessins de l'auteur. Très bien fait, d'ailleurs !

 

Bien avant les nouvelles méthodes de dressage prônée par de grands cavaliers western, le cow-boy Clint sait que, grâce à sa patience et à sa douceur, il parviendra à ses fins avec Smoky.

 

Durant 5 ans, il va participer aux roundups (rassemblements des bêtes), monté sur Smoky à qui il apprend le métier. Et le cheval apprend vite, il aime apprendre et a confiance en son cavalier. Uniquement monté par lui car il ne tolère personne d'autre. Smoky est un "one-man horse", "le cheval d'un seul homme".

 

Si la première partie du texte qui voit grandir Smoky au milieu du troupeau est agréable à lire, la deuxième partie l'est tout autant car on voit le cheval progresser, sans que le récit soit monotone pour autant.

 

Le pire survient lorsque Smoky est volé. Cette partie du récit est plus violente, elle fait mal au coeur du lecteur car Smoky devient une véritable machine à tuer. En perdant son cavalier et on tombant sur un homme sans pitié, quelques chose s'est cassé en lui.

 

La soumission du cheval, tout à la fin, est particulièrement poignante. J'en ai eu les larmes aux yeux.

 

Roman de grands espaces, il est plus à conseiller aux amoureux des chevaux, à ceux qui aiment les récit de "nature writing" ou les récits dans le genre de "L'appel de la forêt", "Croc-Blanc"...

 

Moi je l'ai dévoré avec un état d'esprit que peu auront car Smoky m'a fait penser au cheval qui m'a le plus marqué dans ma vie de cavalière.

 

C'était mon préféré, celui à qui j'ai tout appris, celui qui ne demandait qu'a apprendre de nouvelles figures, alors que les autres renâclaient ou râlaient ferme dès qu'on leur demandait de placer leur tête.

 

C'était aussi le plus "chaud" en ballade, étant donné que c'était un entier (étalon non reproducteur). Le plus agressif avec les autres mâles, castrés ou non, le plus fougueux, le plus violent, celui qui a failli m'envoyer rejoindre mon Créateur, mais aussi celui qui arrivait aussi au triple galop lorsque j'entrais dans la prairie.

 

Celui qui m'a laissé le plus grand vide lors de son départ vers d'autres pâturages, ceux qui sont éternels... Comme Clint, j'ai souffert de ce vide, mais Clint, lui, il a retrouvé son Smoky, moi, je n'en retrouverais jamais des comme lui.

 

Une belle lecture qui me laisse avec une grande douleur dans la mâchoire...

 

Le "Challenge US" chez Noctembule, le Challenge "Nordique" chez Mes chroniques Littéraires, le "Challenge Ma PAL fond au soleil - 2ème édition" chez Métaphore, "Il était une fois dans l'Ouest" chez The Cannibal Lecteur et "Ma Pedigree PAL - La PAL d'excellence" chez The Cannibal Lecteur.

 

 

 

 

Titre : Une pluie sans fin


Auteur : Michael Farris Smith
Édition : Super 8 éditions (2015)

Résumé :

Après des années de catastrophes écologiques, le sud des États-Unis, de la Louisiane à la Floride, est devenu un véritable no man's land.


Plutôt que de reconstruire sans cesse, le gouvernement a tracé une frontière et ordonné l'évacuation de la zone. Au sud de la Ligne se trouve désormais une zone de non-droit ravagée par les tempêtes et les intempéries incessantes – sans électricité, sans ressources et sans lois.


Cohen fait partie des rares hommes qui ont choisi de rester. Incapable de surmonter la mort de sa femme et de l'enfant qu'elle portait, il tente tant bien que mal de redonner un sens à sa vie, errant sous une pluie sans fin.


Des circonstances imprévues vont le mettre en présence d'une colonie de survivants, menée par Aggie, un prêcheur fanatique hanté par des visions mystiques. Celui-ci retenant contre leur gré des femmes et des enfants, Cohen va les libérer et tenter de leur faire franchir la Ligne.


Commence alors un dangereux périple à travers un paysage désolé, avec pour fin l'espoir d'une humanité peut-être retrouvée. 


Petit plus (ou la Brosse à Reluire) : Prophétique, sans concession, portée par une langue incantatoire, cette histoire de rédemption aux accents post-apocalyptiques révèle un auteur de tout premier ordre. Une pluie sans fin est de ces romans qui continuent de hanter leur lecteur bien après la dernière page.


"De temps à autre apparaît un auteur amoureux de son art, du langage écrit [...] et des grands mystères qui résident de l'autre côté du monde physique. Il y avait William Faulkner, Cormac McCarthy ou Annie Proulx. Vous pouvez maintenant ajouter Michael Farris Smith à la liste." James Lee Burke

 

Critique : 

— Mais qu'est-ce que c'est toute cette flotte ?? On patauuuuge ! Monsieur Ouille, pas avec votre ponchoooo !


En effet, la terre est tellement imbibée d'eau que le pancho de Jacquouille la Fripouille ne saurait l'esponger.


Ici, ça fait au moins 5 ans qu'il pleut sans arrêt et que les tempêtes sont légions, à tel point que le gouvernement américain à tracé une frontière virtuelle et déclaré le Sud des États-Unis "No Man's Land".


Apocalypse ? Now ! Et dire qu'il y a des gens qui sont resté dans ces terres balayées sans cesse par des pluies torrentielles et des vents violents. Une zone sans droit... C'est là qu'habite toujours Cohen, notre personnage principal.


Verdict de la lecture ? Il y a boire et à manger. Le début est un peu lent et j'ai eu quelques envies de baffer Cohen qui s'est laissé aller depuis la perte de sa femme et du polichinelle qu'elle avait dans le tiroir. Ses souvenirs des jours heureux sont un peu lourds, à la longue.


Crevons l'abcès directement : ce qui m'a dérangé, dans ce roman c'est que malgré les pluies incessantes (et ce, depuis quelques années), jamais une jeep ne s'embourbe, personne n'a de la boue jusqu'aux genoux et ne perd de bottines dans cette gadoue ou n'a de la flotte jusqu'au dessus de la taille... Comme si tous les fleuves étaient restés dans leur lits et que les chemins étaient encore praticables dans la majorité des cas.


Second bémol : Aggie, le prédicateur qui avait du potentiel pour faire un grand Méchant et qui se retrouve mis hors d'état de nuire facilement. Niveau salaud, je m'attendais à ce qu'il nous colle aux basques, mais non. Paf, fini.


D'ailleurs, bien que nous nous trouvions dans une zone de non droits, on ne peut pas dire qu'on ait eu souvent du fil à retordre avec d'autres bandits. Limite promenade de santé alors que tout est dévasté. On échange encore même avec de l'argent, et notre Cohen a des billets de 100$ dans les poches.


Tant que je suis à râler, je causerai aussi du bébé qui les accompagne. Il est malade, il braille à s'en faire péter la gueule, les femmes qui s'en occupent disent qu'il est bouillant de fièvre à son front. Et ? Rien... il a l'air de s'en sortir facilement alors qu'il n'a que quelques jours et que personne n'a rien fait pour tenter de baisser sa fièvre d'enfer.


Hormis ces défauts assez gros à mon sens, la lecture est plaisante, ça bouge assez bien après 100 pages, les personnages évoluent, mais il est dommage que celui de Mariposa perde sa hargne sur la fin.


Le roman est centré sur le périple de nos personnages pour arriver à la Limite et non sur l'écologie (ou son manque, plutôt) qui a amené la dévastation du Sud.


On dirait en fait un Mad Max pour les enfants, ce roman. Pas de traumatisme lors de la lecture comme avec le film en son temps.


Quant à sa comparaison avec "La route" de Cormac McCarthy, ce n'est qu'un effleurement, limite un toucher rectal et rien de plus.


Bref, pas la lecture du siècle, mais un bon dépaysement littéraire qui fait du bien, à conditions de ne pas se focaliser sur les incohérences !


Challenge "Thrillers et polars" de Sharon (2015-2016) et Le"Challenge US" chez Noctembule.

 

 

 

Titre : L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea
 
Auteur : Romain Puértolas
Édition : Le Dilettante (2013)

Résumé :

Un voyage low-cost... dans une armoire Ikea ! Une aventure humaine incroyable aux quatre coins de l'Europe et dans la Libye post-Kadhafiste.

Il était une fois Ajatashatru Lavash Patel (à prononcer, selon les aptitudes linguales, «j'arrache ta charrue» ou «achète un chat roux»), un hindou de gris vêtu, aux oreilles forées d'anneaux et considérablement moustachu.

Profession : fakir assez escroc, grand gobeur de clous en sucre et lampeur de lames postiches. Ledit hindou débarque un jour à Roissy, direction La Mecque du kit, le Lourdes du mode d'emploi : Ikea, et ce aux fins d'y renouveler sa planche de salut et son gagne-pain en dur : un lit à clous.

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, un spectacle en Eurovision qui a du battant, du piquant et dont le clou vous ravira. Non, mais.

 

Une histoire d'amour plus pétillante que le Coca-Cola, un éclat de rire à chaque page mais aussi le reflet d'une terrible réalité, le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle, sur le chemin des pays libres.

Critique : 

Que voilà donc une lecture rafraîchissante après des polars noirs sombres ! Un vrai petit bijou de fantaisie, de gaité, doublé d'un message et de piques à l'adresse des réglements à la con de nos "beaux pays" qui font que la vie des immigrés clandestins n'est pas toujours facile, eux qui ne sont pas nés du bon côté de la Méditérrannée.

 

Je ne sais pas si le périple du faux fakir Ajatashatru Lavash Patel (Aja pour les intimes) pourrait être réalisable (je pense que non), mais ce n'est pas là-dessus que je chicanerai parce que je n'ai pas envie de chicaner puisque ma lecture fut dépaysante et amusante.

 

Oui, j'ai aimé le côté burlesque de toute cette aventure rocambolesque.

 

Ce que je retiendrai de cette lecture, c'est le fait que toutes les rencontres faites par Aja le changeront radicalement. Comme nos rencontres que nous faisons peuvent nous changer dans le bon sens du terme. Même si, dans un cas de figure, l'enfer sera lui aussi pavé de bonnes intentions...

 

Certes, on pourra trouver l'humour un peu lourd et le style d'écriture un peu léger, mais je ne demandais pas un style alambiqué, je voulais juste un récit m'entraînant dans un ailleurs... Si je veux du style, je choisirai d'autres auteurs.

 

On pourrait dire aussi que la situation horrible des immigrants et des clandestins, de ces gens qui ont tout abandonné pour un avenir meilleur, a déjà été traitée par d'autres auteurs, de manière plus profonde, mais bon, nous ne sommes pas dans "Les raisins de la colère" non plus.

 

Ici, on traite le sujet mélangé avec de l'humour, mais sans se moquer d'eux.

 

Les personnages sont attachants, un peu stéréotypés, mais drôles. Les situations sont cocasses, improbables, le tout est léger...

 

Bref, un livre à lire sans se prendre la tête, lorsqu'on a envie d'un peu de joyeuseté entre deux polars noirs. Un livre pour s'aérer l'esprit avant de replonger dans du plus sérieux.

 


 

Titre : Vacances d'un serial-killer


Auteur : Monfils Nadine
Edition :  Presse Pocket (2012)


Résumé :

Comme chaque été, Alfonse Destrooper part en villégiature à la mer du Nord. Josette, sa femme, est bien décidée à se la couler douce, entre farniente à la plage et shopping dans la station balnéaire.

 

Les enfants, Steven et Lourdes, emportent leur caméra pour immortaliser ces vacances tant attendues.

 

Quant à la mémé, véritable Calamity Jane, elle les accompagne dans sa vieille caravane.


Mais le voyage commence mal ! Un motard pique le sac de Josette à un carrefour et s'enfuit. Furieux, Alfonse s'arrête dans un snack pour s'enfiler une bière pendant que les deux ados, avec leur manie de tout filmer, s'amusent à planquer leur caméra dans les toilettes, histoire de recueillir quelques images truculentes.

 

La famille Destrooper reprend finalement la route. À l'arrière de la voiture, les ados visionnent tranquillement leur vidéo.

 

Quand, soudain, ils découvrent à l'écran le cadavre du motard gisant sur le sol des toilettes du restoroute !

 

Et, pour couronner le tout, la magnifique pension dans laquelle les Destrooper ont prévu de séjourner est un rade pourri. Les vacances en enfer ne font que commencer...

 

Une comédie décapante, teintée d'humour noir et d'un zeste de poésie, un hymne à la Belgique.

 

 

Critique :

Lu en une journée, au bureau... Oh, râlez pas, pour une fois que je pouvais me la couler douce !

 

Ce livre, lorsque j'ai entamé sa lecture, je pensais que c'était le dénommé Destrooper qui était le serial-killer en vacances. Ben oui, dès le début, on est avec lui et sa famille pour leur départ en vacances. M'aprendra à lire les quatrième de couverture correctement, tiens.

 

Raté, donc, le Alphonse Destrooper n'est qu'un producteur de boulettes à la sauce lapin, les fameux "boulets" comme on dit dans la Cité Ardente, autrement dit la ville de Liège.

 

Ce livre, c'est un plaisir doublé pour un lecteur Belge qui, lui, n'a pas besoin des traductions en bas de page. La drache, on sait ce que c'est. Et ça mouille ! Quand aux Babeluttes et autres Cuberdons, on apprécie la friandise. Plaisir double pour nous les Belges.

 

De plus, en Belgique, le nom "Destrooper" est associé à une célèbre marque de biscuit. De là à dire qu'Alphonse est une bonne pâte...

 

Bref, la famille Destrooper (papa, maman, les deux enfants glandeurs et mémé Cornemuse, belle-mère d'Alphonse) a décidé de partir en vacances à la mer du Nord et, c'est là leur première erreur...

 

S'ils étaient fichu le camp dans le sud de la France à la place du nord de la Belgique et sans mémé, je pense qu'ils auraient eu moins d'ennuis... a contrario, nous nous aurions eu un livre moins amusant à lire.

 

Quoique... Vu le degré de beaufitude d'Alphonse, amoureux de sa bagnole tunée (le tunning, tu connais ?) hyper kitsh, vu la glanditude des enfants, vu leur mère qui ne vit que pour ses magazines people et vu la grand-mère qui écluse plus qu'un poivrot, je doute que les vacances se soient bien passées, quelque soit leur destination.

 

Dès le départ, les catastrophes leur tombent dessus. Et ce n'est que le début d'une longue suite de mésaventures dont le pauvre Alphonse va souffrir. Oui, c'est lui qui en prendra le plus dans la tronche.

 

Celle qui s'en sortira le mieux, c'est mémé Cornemuse qui mérite un monument à elle toute seule. Quant aux deux glandeurs, ils assument.

 

Les aventures de la famille Destrooper, sans être aussi burlesques que celles du "Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", n'en sont pas moins exceptionnelles.

 

Pour des vacances pouraves, c'est des vacances pouraves ! Les seuls qui pourraient rivaliser avec la famille Destrooper, ce sont les Bidochon et leur voyage organisé. C'est vous dire l'ampleur de la catastrophe...

 

Les esprits les plus étriqués (et ne disposant pas du second degré) trouveront sans doute que c'est "trop" et que pareilles mésaventures ne sont pas crédibles.

 

Certes, mais nous sommes là pour rire, non ?

 

Et encore, l'auteur aurait pu pousser l'absurde encore plus loin en intégrant dans son récit le comportement irrationnel de certains habitants de cette partie Nord de la Belgique qui, un jour, failli se faire rebaptiser la "Vlaamse Kust" (la Côte flamande) ou lieu de "Côte Belge".

 

Et j'en passe des vertes et des pas mûres...

 

Seul problème, si elle avait fait entrer dans son roman les problèmes linguistique de la Belgique, je pense que les lecteurs français auraient perdu leur latin... Ou auraient appelé l'asile pour en faire interner certains.

 

Ici, l'auteur est restée sobre et aucun personnages du roman ne s'est offusqué que le brave Fonske Destrooper lui adresse la parole dans la langue de Molière et non dans celle de Vondel.

 

De toute façon, vu le caractère de certain, il ne fallait pas surcharger certains personnages et prendre le risque de perdre leurs côtés "amusant".

 

Parce que, le coup de "vue sur la mer" que l'on voit lorsqu'on regarde dans un miroir... elle est forte, celle-là !!

 

En tout cas, un charmant moment de lecture, un sourire béat, quelques éclats de rire et un bon souvenir de cette lecture.

 

A lire au second degré.

 

Mais j'irai plus jamais à la Mer du Nord... on ne sait jamais ce que je pourrais dénicher en creusant dans le sable.

 

 

 

 

 

 

Titre : TV LOBOTOMIE - La vérité scientifique sur les effets de la télévision
 
Auteur : Michel Desmurget
Edition : Max Milo (2011)


Résumé :

Télé, attention danger ! Preuves à l’appui, un docteur en neurosciences met les pieds dans le PAF : l’utilisation abusive et précoce de la télévision a des effets néfastes sur la santé et le développement intellectuel.

 

Les enfants sont en première ligne : imagination et créativité appauvries, résultats scolaires en baisse.

 

Pour les adultes, obésité et maladie d’Alzheimer sont pointées du doigt, entre autres. La télé ?

 

Mieux vaut la consommer avec modération. Priorité à l’imagination !

 

  • Sophie, 2 ans, regarde la télé 1 heure par jour. Cela double ses chances de présenter des troubles attentionnels en grandissant.
  • Lubin, 3 ans, regarde la télé 2 heures par jour. Cela triple ses chances d’être en surpoids.
  • Kevin, 4 ans, regarde des programmes jeunesse violents comme DragonBall Z. Cela quadruple ses chances de présenter des troubles du comportement quand il sera à l’école primaire.
  • Silvia, 7 ans, regarde la télé 1 heure par jour. Cela augmente de plus d’un tiers ses chances de devenir une adulte sans diplôme.
  • Lina, 15 ans, regarde des séries comme Desperate Housewives. Cela triple ses chances de connaître une grossesse précoce non désirée.
  • Entre 40 et 60 ans, Yves a regardé la télé 1 heure par jour. Cela augmente d’un tiers ses chances de développer la maladie d’Alzheimer.
  • Henri, 60 ans, regarde la télé 4 heures par jour. René, son jumeau, se contente de la moitié. Henri a 2 fois plus de chances de mourir d’un infarctus que René.
  • Chaque mois, les revues scientifiques internationales publient des dizaines de résultats de ce genre. Pour les spécialistes, dont fait partie l’auteur, il n’y a plus de doute : la télévision est un fléau.
  • Elle exerce une influence profondément négative sur le développement intellectuel, les résultats scolaires, le langage, l’attention, l’imagination, la créativité, la violence, le sommeil, le tabagisme, l’alcoolisme, la sexualité, l’image du corps, le comportement alimentaire, l’obésité et l’espérance de vie.
  • Ces faits sont niés avec un aplomb fascinant par l’industrie audiovisuelle et son armée d’experts complaisants.
  • La stratégie n’est pas nouvelle : les cigarettiers l’avaient utilisée, en leur temps, pour contester le caractère cancérigène du tabac…

 

Critique :

Si vous avez envie de transformer votre chère tête blonde en espèce de mollusque avachi devant la télé, telle une baleine échouée sur la plage, alors, branchez-le dès son plus jeune âge devant la télé et vous gagnerez sans doute un porte-clé, offert par une célèbre marque de cola en guise de remerciement pour le "temps du cerveau" de votre bambin que vous lui aurez offert.

 

S'il reste une forme de cerveau au gosse, bien entendu !

 

J'exagère ? Oh, si peu... même si nous connaissons tous une ou l'autre personne, accro du tube cathodique qui n'est pas devenue lobotimisé du cerveau, fumeur, alcoolo, obèse,... (ou plus, si affinités, le tout pouvant être cumulé avec retenue salariale sur votre p'tite santé). Il existe des exceptions.

 

Mais ce n'est pas parce que votre mamy a fumé comme un dragon des "sans filtre" toute sa vie et qu'elle est décédée à l'age cathodique, heu, canonique de 111 ans que vous pouvez certifier que le tabac est inoffensif ! Les exceptions confirment une règle.

 

Je préciserai que c'est en lisant les critiques des mes prédécesseurs que j'ai décidé de me pencher sur ce livre. Et bien m'en pris !

 

Les dangers de lobotomisation du petit écran, je m'en doutais depuis longtemps, mon cerveau n'appartenant pas à la marque gazeuse blanche sur fond rouge.

 

Non, je ne lave pas mon cerveau tous les jours avec la télé !

 

Ce livre sur les dangers inhérents de la télé est écrit par un chercheur en neurosciences, c'est vous dire le sérieux. Oui, il critique vertement la télé... et pas avec des gants.

 

(Voix de fausset choquée) : "Oh, un livre qui critique la sainte télé ! Priez pour nous, pauvres téléspectateurs, ne nous soumettez pas à la tentation d'éteindre ce cierge qui illumine nos soirées".

 

Avec un tel postulat de départ et malgré son titre aguicheur, il pourrait faire peur aux masses de zombies téléphages, de par son résumé hard, son horrible couverture kitch ou par son contenu à vous faire dresser les poils sur la télécommande.

 

Il n'en est rien ! Enfin, à moi, il ne faisait pas peur, je voulais lire ce que ma pensée pensait depuis un certain temps.

 

"Un ramassis de calembredaines ?" aie-je ouï dans le fond de la classe.

 

Que nenni, pauvre cancre ! L'auteur confirme ses théories en s’appuyant sur des références gargantuesques : 1193 références incluant des articles de journaux à grand tirage, d’hebdomadaires, des références d’articles de revues spécialisées pour chercheurs en neurosciences et médecins.

 

Ne croyez pas non plus que c'est indigeste, du fait qu'il est écrit pas un chercheur en neurosciences !

 

Son style est alerte, sa plume est acerbe et il a dû la tremper dans l'encrier du sarcasme, pour certains commentaires.

 

Le discours écrit dans le livre est très clair, soutenu par un plan rigoureux.  On le lit comme un roman "normal".

 

Le premier chapitre est consacré à l’état des lieux, c’est-à-dire au temps passé par les enfants devant la télévision et à ce qu’ils y regardent. Là, j'ai frémi !

 

Ensuite, l'auteur explore, au travers des trois autres chapitres, les méfaits provoqués par la vision de la télévision, s’attachant surtout au public enfantin et adolescent.

 

C'est à eux que la télé s'adresse, faisant d'eux des parfaits petits consommateurs plus formatés qu'un disque dur. Une petite armée au garde-à-vous devant les manipulations plus que staliniennes des sociétés de marketing et de la grande distribution. Comment ils jouent avec vos pieds et votre porte-monnaie, pour ne pas dire "vos bourses", si vous voyez les deux sens que ce mot peut avoir...

 

Lors de ma lecture, j'ai failli m'exclamer plusieurs fois de stupeur devant certains comportements, réflexions, ou en ayant la confirmation de ce que je pensais depuis longtemps.

 

Je ne puis qu'acquiescer à son discours, ayant moi-même, depuis quelques années déjà, abandonné la télé, suite à plusieurs "facteurs".

 

Non, pas à cause d'un complot de la Poste ! Rien à voir avec ces facteurs là.

 

Plutôt dû au fait que les coupures pub m'énervaient, n'étant pas une consommatrice que l'on mène ainsi par le bout du nez (j'enregistrais le film ou la série sur le décodeur et je passais les pubs en avance rapide, et toc !) ; abandon aussi suite au fait "qu'il n'y avait plus rien d'intéressant", hormis quelques émissions dignes de ce nom et que, last but not least, les séries, je pouvais les " emprunter" sur un site bien connu qui fut fermé par le FBI...

 

Même certaines séries dont j'étais "accro", j'avais fini par laissé tomber. Il m'avait suffit de quelques épisodes manqués et je me suis dit que je n'en mourrais pas si je ne suivais plus la série.

 

Oui, on peut décrocher très vite de la télé. Du moins, ne plus la regarder ne me manque pas le moins du monde.

 

De plus, à la lecture de ce livre, je ne puis que me féliciter de l'avoir fait, même si la télé ne m'a jamais transformée en fumeuse (ça pue !), ou en tout autre chose. La télé, je l'ai regardé, petite, accro au Club Dorothée et à certains dessins animés assez gore.

 

Mais mes parents avaient instaurés des quotas d'heures et quand c'était les devoirs, pas de télé ! Mauvais résultats ? Pas de télé et pas de livres. Je grattais pour réussir, je vous le garantis.

 

En conclusion ?

 

Non, la télé n'apporte rien de bon : aucune interactivité, tendance au grignotage (et le "manger-bouger" inscrit en tout petit en bas de l'écran, tout le monde s'en br**** !), la télé incite à fumer, ruine le cerveau, la santé, peut provoquer des comportements "violents" et occasionne des retards chez les petits qui en consomment trop tôt.

 

Chez moi, elle trône dans le coin, juste suivie par mon mari. Moi, je suis toujours avec mes bons vieux bouquins et mon PC, avec lequel je découvre des nouveaux livres à acheter...

 

Conseil ? Achetez le livre, lisez-le et fermez la télé !

 

Ne plus la suivre ne m'a occasionné aucune pénalité à la machine à café, mes collègues ne suivant jamais les émissions de télé réalité. Nous discutons de tout, de rien, de cinéma, et les conversations fluctuent selon nos envies, passant du coq à l'âne.

 

Le JT ? Je le fuis, préférant le journal, avec une préférence pour Le Monde. Cela m'évite les répétitions des sujets juste pour faire "de l'antenne".

 

Bref, ne coupez pas tout de la télé, sauf pour les moins de 6 ans, quant à vous, les ados et les adultes, dégustez les bonnes émissions intelligentes avec avidité et zappez les émissions de "débiles mentaux" où des candidats font dans la piscine ce que les poissons font dans le mer...

 

Quelques recommandations ultimes :

 

1. La télé exerce une action fortement nocive sur le développent et le vieillissement cognitif, le sommeil, la réussite scolaire, la santé, l’agressivité, la sociabilité intra et extra-familiale. Bien qu’il existe de (rares) bons programmes, il n’y a pas de « bon usage » du petit écran. La meilleure solution me semble donc être, sans aucun doute possible, le zéro télé.

 

2. Si une télé doit être présente dans la maison, elle ne devrait jamais se trouver dans la chambre à coucher, surtout chez un enfant ou un adolescent.

 

3. Pendant les cinq ou six premières années de vie, toute exposition audiovisuelle doit être strictement proscrite par les parents tant la télévision trouble le sommeil, promeut l’obésité à long terme et interfère avec le développement intellectuel, affectif physique et social de l’enfant. Les déficits acquis dans ces derniers domaines aux premiers âges de l’existence se révèlent bien souvent irréversibles.

 

4. Chez les écoliers du primaire et les collégiens, le temps de télévision devrait, dans tous les cas, être maintenu en dessous de 3-4 heures par semaine (ce chiffre inclut bien sûr l’usage de vidéos).

 

5. Les adultes font ce qu’ils veulent. Que ces adultes n’oublient pas cependant que la télé est un facteur d’isolement social et qu’elle expose le spectateur à des risques morbides majeurs par sa propension à favoriser la sédentarité, le déclin cognitif inhérent au processus de vieillissement, l’apparition de pathologies cérébrales dégénératives et les conduites à risques.

 

 

 

 

Titre : La Banque : Comment Goldman Sachs dirige le monde
 
Auteur : Marc Roche
Édition : Points (2011)

Résumé :

Le culte du secret : voilà ce qui fait la force de Goldman Sachs, la Banque d’affaires la pluspuissante du monde.

 

Journaliste à Londres, l’auteur met au grand jour les rouages sulfureux de cet empire financier qui peut faire basculer les gouvernements.

 

OPA brutales, spéculation à outrance, relations secrètes avec de grandes multinationales : cette enquête très documentée livre un récit riche en anecdotes sur de redoutables pratiques.

 

Critique : 

Comment résumer ce livre et vous parler de ces vautours de Goldman Sachs ? Et encore, "vautours" est insultant envers ces charognards (je parle des oiseaux) qui rendent service, se contentant d'arracher la chair de bête morte et remplissant un rôle d'utilité publique.

 

Le terme de "tique" serait plus appoprié pour Goldman Sachs (GS)... ça vous pompe de votre vivant... et ce parasite est capable de survivre durant longtemps, en plus.

 

Pour résumer les types de Goldman Sachs, on pourrait dire que c'est la société qui affrète votre navire, remplit vos soutes, engage l'équipage, finance le voyage, agite son mouchoir sur le quai... tout en sachant que, de l'autre côté, lorsque vous serez en pleine mer, ses propres flibustiers attaqueront votre bâtiment, le pilleront et le couleront.

 

Le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière (et ses économies, tiens, tant qu'à faire !).


Goldman Sachs, c'est le dieu romain Janus, le dieu aux deux visages : d'un côté, elle aide la Grèce à magouiller sa comptabilité (avec un procédé simple, en fait) et dans son dos, elle spécule sur sa chute. La spéculation provoquant la chute...

 

Tout le temps, alors qu'elle se dit "au service de son client", elle magouille dans son dos. Le client pourrait claquer la porte, pensez-vous... Que nenni ! Ils sont les meilleurs dans leur job ! Cherchez pas mieux, vous trouverez difficilement. Alors, on tolère que tout en vous servant, ils vous b****** pour ne pas dire qu'ils vous en******.

 

Responsable de la crise financière de 2008 (les subprimes Abacus, c'est GS), responsable aussi durant la crise de 1929... Je me dis que si elle avait existé en l'an 33, elle aurait conseillé un certain Jésus tout en spéculant sur sa suspension...

 

Sa force ? Tout le système est gangrené par des anciens de LA banque.

 

Romano Prodi ? Un ancien de Goldman Sachs.

 

Mario Monti ? Idem !

 

Mario Dragi ? Aussi !

 

LA banque, c'est une pieuvre, elle a des "anciens" partout, surtout à la Maison-Blanche, aux Finances, of course !

 

Certes, j'étais au courant de certaines choses (j'ai mes sources sérieuses et éclairées), mais pas de tout... je comprend mieux cet ami qui riait en me disant que les gouvernements ne servaient plus à rien puisque le monde était dirigé par des financiers...

 

Il a raison. Le monde est gouverné par les banques, en particulier GS.

 

Avez-vous lu "La firme" de John Grisham ? Et bien, en lisant le livre, j'avais l'impression de me retrouver dans le livre de Grisham ! LA banque, c'est un peu "La firme"... en vingt fois pire !

 

Marc Roche, l'auteur, je le connaissais de par ses articles dans le journal "Le Monde" - La lettre de la City - que je lis toujours avec plaisir.

 

Pourtant rétive à l'économie, j'ai dévoré ce livre, ingurgitant toute cette masse d'horreurs, apprenant toujours plus sur cette crise qui nous a déjà coûtée bonbon et qui est loin d'être finie. Tout en me disant que, bien qu'excellent journaliste, Roche n'était pas dans LA banque et que, donc, nous ne saurons jamais tout.

 

Heureusement... Un autre exemple de truc dégueu ?

 

L'assureur AIG (le plus gros) fut renfloué par les contribuables américains... En fait, le fric injecté à juste servi à payer les créanciers (des banques, dont GS) qui ont touché 100% de leur créance, du jamais vu dans une faillite ! Henry Paulson, Ministre américain des Finances, est un ancien de GS... ceci explique cela.

 

Lehman Brothers ? Elle aurait pu ne pas se casser la gueule mais GS avait envie de voir couler sa rivale... On a sauvé GS mais pas Lehman.

 

Sérieusement, elle est responsable de bien des choses, mais ne se sens pas coupable parce qu'elle n'a aucune éthique et que franchir la ligne rouge lui est tout à fait égal.

 

Ses dirigeants sont imbus de leur personne, se sentent plus haut que tout le monde et bien que ce qu'ils fassent ne soit pas toujours moral, ils s'en moquent. "La spéculation est peut-être amorale, mais ce n'est pas un crime", voilà leur ligne de conduite, de défense.

 

Les "travailleurs" de LA banque, se sont un peu des moines soldats, parce que on rentre dans LA banque comme on entre en religion.

 

A la fin du livre, vous aurez droit à l'histoire de GS depuis ses débuts (comment la petite société est devenue cette hydre tentaculaire) ainsi que toute la chronologie de la crise.

 

Je sors de ma lecture éclairée, mais dégoutée !

 

Je conseille ce livre à ceux et celles qui veulent en savoir plus sur le système qui a pourri l'économie mondiale, sur la spéculation à gogo qui a fait écrouler le système, sur le fait que GS vendait du vide (ou du vent) avec ses subprimes Abacus (crées par Fabrice Tourre, un français et Jonathan Egol)...

 

Non, non, je ne chante pas victoire parce que Fabulous Fab est Français. Mon pays qui n'a pas de montagne mais n'est pas tout à fait plat vient d'emprunter pour payer les intérêts de sa dette... Le cercle vicieux.

 

Nous sommes tous dans la même galère... merci qui ? Merci Goldman !

 

 

 

 

Titre : Floris - Tome 1 : Floris, fils du tsar
 
Auteur : Jacqueline Monsigny
Édition : Archipoche (2009)

Résumé :

En 1717, alors que Pierre le Grand rend visite au jeune Louis XV, le hasard le met en présence de la comtesse Maximilienne de Villeneuve-Caramay.

 

C'est le coup de foudre. Bien que mariée et mère d'un enfant de deux ans, la jeune femme suit le tsar en Russie.

 

Un périple qui mènera la comtesse, son fils Adrien et Floris, qui naîtra de ses amours avec le souverain russe, de Paris à Moscou en passant par la Turquie, les splendeurs de Saint-Pétersbourg, les rivages de la Baltique et les steppes d'Ukraine.

 

Les protagonistes de cette aventure connaîtront tour à tour le luxe de la cour, la paille des cachots, la peur des loups, l'attaque des brigands...

 

Ce roman de coeur et d'épée est l'une des plus touchantes histoires d'amour jamais écrite.

 

Critique :

Moi qui pensait lire un livre "historico-romantique", je suis tombée dans de l'Harlequino-guimauvien ! Moi qui pensait lire de l'Histoire avec juste "un doigt" de romance (que les pervers se calment à la mention du doigt), on est fort loin d'une "touche" de romance parce que c'était une "louche" !

 

Diable, j'ai lu des livres qui ne m'avaient pas plu, mais ici, je viens de tomber très, très bas ! Le bouquin illustrerait à merveille le rayon "Vendredi, c'est lecture pourave" du blog d'Altervorace !!

 

Niveau dialogues, scénario, travail des personnages et tout le Saint tremblement, ça se situe au niveau de vingt mille lieues sous les mer ! Pas le roman de Jules Verne, non, je vous parle de la profondeur abyssale du roman. Oui, c'est aussi bas que ça.


Le 4ème de couverture mentionnait : "Ce roman de coeur et d'épée est l'une des plus touchantes histoires d'amour jamais écrite". Touchante ? Non ! Lamentable, oui !

 

Le niveau de ce livre ne vole pas plus haut que le derrière d'un cochon et il est tellement sirupeux du point de vue de l'histoire d'amour que si je l'avais tordu, j'aurais fait provision de miel pour les 10 prochaines années !

 

Comme le chantait Patriiick : j'm'attendais pas à ça ! Si j'avais su que c'était de la lecture pourave, j'aurais viré mon cerveau et lu pour ce qu'il était. J'vous jure que je suis tombée de haut, et rapidement, en plus.

Vous ne me croyez pas ? Vous voulez des preuves ? Vous allez en avoir, à vos risques et périls pour vos neurones.

 

Scénario : la comtesse Maximilienne de Villeneuve-Caramay se promène dans les bois (la, la, la schtroumpf, la,la, la), elle a un enfant de 2 ans et vit séparée de son mari, qui court la gueuze à Paris.

 

D'elle, vous aurez pour description "Fort belle, avec ses longs cheveux bruns et ses yeux violets, elle s'était volontairement exilée dans son superbe château de Mortefontaine".

 

Vous comprenez mieux la profondeur abyssale, là ? Description digne d'une rédaction d'une gamine de 7 ans.

 

Elle croise la route d'un homme qui s'est tordu la cheville à cause de son cheval (oh, un air de "Jane Eyre" mais n'est pas Brontë qui veut) et elle le ramène dans son supeeerbe château... Il lui dit qu'il est l'interprète du Tsar de Russie, Pierre le Grand, qui vient rendre visite au roi Louis XV et au régent, Philippe d'Orléans.

 

J'ai déjà compris que ce sois-disant baron Pierre Mikhaïlof n'est autre que le Tsar de Russie.

 

"Chababadabada, chababadabada" ils vont tomber amoureux l'un de l'autre...

 

On s'en doutait, avec des réflexions telles que : "Maximilienne avait tout à coup un sentiment de bonheur intense qu'elle ne pouvait s'expliquer".

 

Bref, après le souper, ils s'en vont aider une vieille bohémienne dont le mari souffre d'une rage de dent, que le Tsar enlèvera avec une pince.

 

Oui, Maximilienne aide son prochain et ne chasse pas les gitans, bohémiens et autres, non, elle les accueille !

 

Et c'est durant le retour que le faux interprète mais vrai Tsar lui prendra la main :  "Qu'ai-je fais pour mériter des moments si délicieux ?" lui demande-t-il. Il lui avoue son amour avec un "Maximilienne, je vous aime".

 

Et un litre de miel, un ! Parce que après avoir joué au jeu de "Je t'aime, moi non PLUS" (+), ils vont nous sortir le grand jeu avec "Je vais et je viens, entre tes reins"...

 

Oui, premier chapitre, c'est l'amour fou et partagé et début du deuxième, le Tsar va ôter son calbute pour une partie de culbute ! Virer son falzar pour lui faire admirer l'bazar... et lui fourrer le sceptre qui n'était pas d'Ottokar Ier.

 

Audiard étant absent lors de l'écriture des dialogues, cela nous donnera des : "C'est donc ça, l'amour ?" murmuré par une Maximilienne toute palpitante et des "Oui, c'est cela ma chérie, je vais t'apprendre à devenir une vraie femme", répondu par Pierre.

 

Heu, elle a déjà un gosse, elle voit plus ou moins... En plus, si le fait de se faire faire l'amour "correctement" par un homme doit faire de nous de vraies femmes, j'en connais beaucoup qui n'en seront jamais, les pauvres !

 

Encore pire : "Regarde-moi mon amour, tu es belle, tu es faite pour aimer". Profond, non ?

 

Ah non, j'oubliais le "Je t'aime, Pierre, serre-moi contre toi, garde-moi toujours car je t'attendais depuis si longtemps !" et le encore pire "Maximilienne, tu te donnes à moi sans savoir qui je suis, et tu ne peux imaginer ce que cela représente pour moi. C'est le plus beau de tous les cadeaux".

 

Puisqu'il l'a aimé toute la nuit, son légionnaire, nous avons droit à une pensée philosophique d'une des femmes qui peut prétendre au titre de la plus bête de toute la littérature : "Maximilienne ne comprit que plus tard à quel point Pierre avait fait violence à sa nature parfois sauvage pour être si doux et si tendre avec elle".

 

Et nous n'en sommes qu'à la page 20 !

 

Comme prévu, le Tsar ne lui dit pas qui Il est, laissant son ami jouer son rôle de Tsar et même draguer Maximilienne pour être bien sûr de son amour. Diantre, c'est digne d'un Pierre le Grand, ça ? Il n'en sort pas grandi, le pauvre.

 

Ensuite, il l'emmène avec lui à Paris, voir le petit Louis XV (il est tout jeune, le gamin) et c'est là qu'elle apprend ce que nous savons déjà : Pierre est le Tsar. Le vrai !

 

Madame boude, monsieur traverse Paris pour la retrouver, sympathise au passage avec le bandit Cartouche et avec Law, le père des actions (on lui doit l'introduction du billet de banque et d'une des premières bourses au monde).

 

Là, le Tsar a plus des airs d'un jeune Belmondo... et il a d'autres pensées profondes telles que :

"Il désirait éperdument cette femme à la peau douce et fraîche comme un fruit" (il n'a sans doute jamais touché les épines des figues de barbarie)

 

"Maximilienne se sentait envahie d'une chaleur intense, venue du plus profond d'elle-même" (trop mangé de fayots et une flatulence qui remonte ?)

 

"Oh, Pierre, comment ai-je pu songer à ne plus vous revoir ?" (Elle songe, donc elle est...)

 

"L'ange de l'amour déployait sur eux ses ailes et ils se sentaient isolés du monde". (attendez, je vais vomir !)

 

Il la reculbute et lui jure de l'aimer pour toute la vie...

 

Ouais, pourtant, lors d'une fête à Versailles, un orage éclate et le fait de voir les nichons rebondis d'une marquise lui donne envie de lui fourrer le buisson puisque "Une petite aventure ne saurait faire de peine à Maximilienne si elle n'en sait rien".

 

Lorsqu'elle le surprit en train de lorgner sur l'opulente poitrine, Maximilienne s'en fut, poursuivie par le Tsar, décidément très en verve car il nous sortira :

"Je suis vraiment incorrigible, je possède la plus exquise des femmes et je m'en vais trousser une marquise qui ne vaut pas plus que la dernière des souillons de cuisine".

 

Il la course, entre de force dans une chambre et pousse sa meuf sur un lit.

 

La suite serait délectable et je vais vous la conter, ce qui est regrettable car le Tsar, très féru de dialogues inoubliables, nous sortira des :

"Je t'aime, je te veux, je brûle de t'aimer" et un "Je te violerai si je veux"car Mâdâme se refuse à lui.

 

"Je te violerai si je veux" ? Ou était le MLF ?? Les chiennes de garde ? Les flics ? Versailles était-il donc une sorte d'hotel Sofitel ?

 

Heureusement que Maximilienne "sentait poindre en elle un désir irrésistible au contact du corps viril de Pierre".

 

L'avantage, c'est que l'auteur nous dit que c'est à ce moment précis que sera conçu leur fils, Floris ! Pas lors de l'assaut précédent ou de celui de demain, non, non, ce soir là !

 

Le pire était à venir, parce que Maximilienne va suivre le Tsar, à Moscou, elle est tellement gentille que lorsqu'elle le suit à la guerre, les soldats l'aiment bien, et que, se faisant enlever, un des ravisseurs se battra contre l'autre parce qu'il ne veut pas qu'on la tue, car on ne tue pas une femme enceinte. Oh, que c'est touchant !

 

Lui aussi deviendra son pote ! Seule l'épouse de Pierre, Catherine, complotera contre elle.

 

L'accouchement ? Elle mettra au monde un beau rôti de 10 livres... Un bébé de 5 kilos, messieurs, dames ! Rien de moins, rien de plus. Et elle n'était même pas grosse comme une vache à l'engraissement.

 

Comme le disait mon boucher "Il y en a un peu plus, madame, je vous le laisse ?".

 

Le bébé est même né avec une dent mais plutôt que de le nommer Nakunedent, ils le nommeront Floris.

 

La totale sera atteinte lorsqu'elle présentera Floris, âgé de trois mois à son autre fils, Adrien, âgé de trois ans. Il n'est pas content, l'enfant, de devoir partager sa maman avec un truc vagissant, mais maman est futée et elle lui donne le paquet vagissant et là, miracle, son premier enfant tombe sous le charme de son petit frère !

 

L'auteur nous précise même qu'Adrien protégera TOUJOURS son petit frère et qu'ils seront inséparables ! Pff, pas drôle, même pas de conflit fraternel, juste de l'amour jusqu'à plus soif !


Même Alexis, le fils du Tsar, qui a comploté contre son père, aimera la nouvelle meuf de son père, avant de mourir, empoisonné.

 

Ensuite ? J'ai laissé tomber, j'avais déjà perdu trop de neurones dans l'aventure et vous pensez bien que je ne lirai pas le second tome !

 

Non, ce livre est juste bon pour celui qui veut lire de la lecture pourave ou caler un meuble...

 

Ah, si vous organisez un camp scout, prenez-le avec vous, pour le feu de camp, c'est tout bon puisque c'est de la guimauve !


ABANDON : Titre participant à l'Objectif "PAL Noire à Zéro" de George et "Vingt Mille Lieues Sous Mes Étagères" by The Cannibal Lecteur.

 

 

 

Titre : Floris - Tome 2 : la cavalier de Petersbourg
 
Auteur : Jacqueline Monsigny
Édition : Archipoche (2009)

Résumé :

Floris et son demi-frère Adrien sont envoyés en Russie par Louis XV, dont ils sont à présent les hommes de confiance.

 

Leur mission secrète : placer sur le trône la tsarevna Elisabeth, fille légitime de Pierre le Grand.

 

L'affaire est délicate, et les deux frères devront compter sur leurs talents - et la chance - pour vaincre bien des obstacles, dont les horreurs de la Sibérie.

 

Floris, devenu le favori de sa demi-sœur l'impératrice Elisabeth, accédera-t-il lui aussi au trône des tsars ?

 

ABANDON : Titre participant à l'Objectif "PAL Noire à Zéro" de George et "Vingt Mille Lieues Sous Mes Étagères" by The Cannibal Lecteur.


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