4.38 Dashiell Hammett / Peter Cheney / Raymond Chandler

1. Dashiell Hammett

Dashiell Hammett (27 mai 1894 à Baltimore, Maryland - 10 janvier 1961 à New York) est un écrivain et scénariste américain. Considéré comme le fondateur du roman noir, sa contribution à la littérature américaine est d'une importance capitale. Des auteurs tels qu'Hemingway, Chandler ou le francophone Simenon ont chacun reconnu son influence sur leur propre travail.


Né dans une famille pauvre, fils d'un escroc vaguement politicien devenu juge, Dashiell Hammett passe sa jeunesse à Philadelphie.


Il part de chez lui à 14 ans, en 1908, pour mener une vie de bohème où il sera initié à la loi de la rue et en gardera un gout prononcé pour le bourbon. Après plusieurs petits boulots (coursier, employé des chemins de fer, clerc à la Bourse...), il devient détective privé pendant six ans au sein de la célèbre agence Pinkerton.


En 1921, il participe à l'enquête lors de l'affaire Roscoe Arbuckle lorsque ce dernier est soupçonné du viol et de l'homicide involontaire de Virginia Rappe. Il dénonce, ensuite, un trafic d'or sur un paquebot, appréhende un homme qui avait volé une Grande Roue à San Francisco...


Il côtoie le crime organisé, voit le sang couler et découvre l'importance de la corruption au sein de la société américaine. Quand l'agence Pinkerton est engagée pour briser les grèves, il démissionne. De cette expérience, il tire ensuite son inspiration pour le "roman noir" (terme consacré seulement en 1944 par des intellectuels français).


Quand Hammett rencontre le succès dans son pays, on en fait l'inventeur de la « Hard-boiled School » (que l'on peut traduire par l'"école des durs à cuire"), en référence aux personnages violents et apparemment dépourvus de sensibilité qui fourmillent dans ses histoires.


Dans la France de l'entre-deux guerres, encensé par André Gide, il est publié par les éditions Gallimard avant même la création, en 1945, de la Série Noire, dans la série Les chefs-d'œuvre du roman d'aventure.


En 1949, Marcel Duhamel reprend La Clé de verre dans une nouvelle traduction. Les éditions se succèdent. La Série Noire publie ses romans. Mais les nouvelles n'ont pas la même chance et sont publiées dans plusieurs collections de plusieurs maisons d'édition.


Une édition complète des nouvelles est alors impossible du fait du veto de la veuve de Dashiell Hammett. Celle-ci meurt en 1984. Les droits deviennent accessibles. Les œuvres complètes sont publiées aux États-Unis en 1999.


Au début des années 1920, Hammett révolutionne le roman par son écriture sèche, visuelle, et des histoires dans lesquelles les notions de bien et de mal n'ont plus cours.


Les archétypes des personnages du roman noir apparaissent dès La Moisson rouge en 1929 dans le pulp magazine Black Mask : détective anonyme (le Continental Op), vamp accrochée à son drogué de fiancé, magnat de l'industrie corrompu et complice de la mafia qui l'aide à briser les grèves...


La rupture est totale avec les détectives classiques, chics et snobs comme Miss Marple ou Hercule Poirot. Dans Le Faucon de Malte (1930), son détective prend le nom de Sam Spade, héros interprété à l'écran par Humphrey Bogart dans Le Faucon maltais de John Huston (1941). Le roman sera adapté trois fois au cinéma.


Ses premières nouvelles paraissent dès 1922 dans les pulps (pour "pulpe" : nom donné au mauvais papier imprégné de morceaux de bois sur lesquels ces ouvrages étaient imprimés), puis viennent La Moisson rouge, Le Faucon de Malte et La Clé de verre, dont les adaptations cinématographiques connaîtront le succès.


Comme Agatha Christie, il donne place à une justice non officielle, mais, contrairement à la romancière anglaise, dans un cadre moins feutré et beaucoup plus violent, où les activités de la mafia et la corruption des politiciens et des officiers de police sont omniprésentes. Sa brève carrière d'écrivain se termine en 1934, après avoir connu le succès de 1929 à 1934.


Toutefois, son roman L'Introuvable (The Thin Man) donne lieu à un film à succès, puis à une série cinématographique, où ses héros, Nick et Nora Charles, deviennent des icônes de la société américaine de l'entre-deux-guerres et remportent à leur créateur des droits substantiels.


Le 22 novembre 1930, Dashiell Hammett rencontre à Hollywood, où il est scénariste pour les grands studios, celle qui allait devenir sa compagne pour le reste de sa vie, la dramaturge Lillian Hellman. femme vive, ambitieuse, mondaine et agressive.


Les relations entre Dashiell et Lillian sont houleuses : ils se séparent, se remettent ensemble, se séparent de nouveau. Ils s'aiment, ils se détestent. Toutefois, elle lui donne les moyens de vivre. Elle le soutient moralement pendant la Deuxième Guerre mondiale.


En 1942, Dashiell Hammett écrit le scénario de l'adaptation cinématographie de la pièce de Lillian Hellmann Watch on the Rhine.


Le film Quand le jour viendra (Watch on the Rhine) sort en avril 1943 et vaudra à Hammett d'être nommé pour l'Oscar du meilleur scénario adapté.


En dépit de la fructueuse collaboration artistique entre Dashiell et Lillian, et de leur vie commune, Hellmann refusera de payer la caution de Hammett lorsqu'il sera condamné à la prison sous le maccarthysme.


La seconde partie de la vie de Dashiell Hammett est dominée par l'alcoolisme et le harcèlement dont il fait l'objet pendant la Chasse aux sorcières maccarthyste. Accusé de communisme par la Commission des Activités Antiaméricaines dirigée par le sénateur Joseph McCarthy, il est envoyé en prison.


Hammett n'a jamais caché ses sympathies pour cette idéologie et a été compagnon de route des communistes. Il a été président du Civil Rights Congress de New-York. Il a fréquenté Frédérick Vanderbilt, journaliste au Daily Worker.


Hammett fut traité en 1951 de "conspirateur rouge" et de "subversif très dangereux" par le magazine Hollywood Life. Ses ouvrages sont retirés des bibliothèques publiques à cette période mais y retrouveront leur place après l'intervention du président Eisenhower.


Alcoolique et malade de la tuberculose, Dashiell Hammett meurt à New York en 1961.


Dashiell Hammett a écrit 6 romans, dont un non policier et inachevé (Tulip), et 65 nouvelles.


Œuvres :

Romans :

  • Red Harvest (1929) :  La Moisson rouge (Nouvelle traduction intégrale, chez Série Noire (2009)
  • The Dain Curse (1929) : Sang maudit (Nouvelle traduction intégrale, chez Folio policier N°609 (2011)
  • The Maltese Falcon (1930) : Le Faucon de Malte (Nouvelle traduction chez Folio policier N°644 (2012)
  • The Glass Key (1931) :  La Clé de verre (Nouvelle traduction intégrale chez Folio N°17(1998)
  • The Thin Man (1934) : L'Introuvable (Nouvelle traduction intégrale chez Folio policier N°645 (2012)


 

 

 

Titre : Moisson Rouge
 
Auteur : Dashiell Hammet
Édition : Folio Policier

Résumé :

Depuis quarante ans, Elihu Willsson règne en maître absolu sur Personville, petite cité minière du Montana. Pour contrer l'agitation syndicale, il a fait appel à des gangsters qui ont pris le contrôle de la ville.

 

Scandalisé par cette situation, son fils Donald engage un détective, le Continental Op, mais est assassiné peu avant l'arrivée du privé. Celui-ci, après avoir démasqué le meurtrier, décide par loyauté envers son client, de "nettoyer" la ville.

 

Premier du genre, ce livre, publié d'abord en feuilleton dès 1927, constitue l'archétype du roman noir.

 

Hammett impose une nouvelle forme d'écriture objective et traite de la vie sociale avec une extrême violence. Personville - et son alliance entre les hommes de pouvoir et la pègre - est un microcosme des États-Unis à l'époque de la prohibition.

 

Créant un thème repris depuis par de nombreux romanciers, le Continental Op, enquêteur anonyme favori de l'auteur, se retrouve seul contre tous. Une expérience dont il sortira brisé.

 

Critique :

"La Moisson rouge" ? Une nouvelle méthode pour vendanger ? Non, nous sommes dans la mythique "Série Noire", faut du crime... à moins qu'on n'ait moissonné les vendangeurs dans la foulée. Oh, j'y suis : le livre parle un carnage lors d'une réunion des caciques du parti socialiste Belge ! Non ?  Alors, qu'est-ce que c'est que cette moisson rouge ?

 

Oh, ça y est ! Le Standard de Liège qui a raflé toutes les compétitions de foot ? Oups, impossible, la "Série Noire" ne s'occupe pas de science-fiction... (seuls les Belges comprendront la blague mais je peux l'expliquer par MP).

 

Alors, quoi-t'est-ce ?

 

C'est l'histoire démente d'un détective privé qui est appelé dans la charmante et plaisante Poisonville, gangrénée par la pègre parce que Elihu Wilsson, qui détenait, entre autre, les industries minières et une banque,  a engagé des briseurs de grève pour faire rentrer son personnel dans le rang.

 

Hélas pour lui, il n'était plus le chef, les gunmen régnaient sur la ville, l'ayant dépouillé de son titre de calife. Le fils étant scandalisé par le comportement de son géniteur, a fait venir un privé. Pas de chance, le fiston est refroidi.

 

Alors notre détective de l'agence Continental de San-Fransisco va quand même jouer au Monsieur Propre et tenter de nettoyer les écuries d'Augias en montant, non pas les chevaux, mais les truands les uns contre les autres.

 

Faut les aspirines, parce que les ramifications sont nombreuses, vu que tout le monde mange à tous les râteliers et que chacun retourne sa veste. La police ? Tous des vendus ! Notre privé à du pain sur la planche et va devoir ruser, manipuler, mentir, jouer avec les égos afin que tout le monde s'entretue. Sans qu'il ne s'en émeuve, en plus.

 

Cette immersion dans les États-Unis des années vingt où les bootleggers sont les rois (suite à la prohibition de l'alcool) ne vous laissera pas indifférent. Jusqu'où peut-on aller pour faire régner la justice ? Peut-on utiliser ce genre de méthode un peu borderline pour liquider les truands ?

 

La violence est omniprésente, bien que sans trop de détails, mais on termine la lecture avec sacré un tas de cadavres. C'est le moment d'acheter des actions dans les pompes funèbres. Le seul secteur qui ne dépérit pas...

 

Et comment fait-on le nettoyage ? On commence avec un prélavage et les premières saletés tombent comme des mouches, on injecte le produit de lavage qui commence à effacer un bon nombre de taches, le rinçage n'est pas triste, le sang coule à flot... Pour ce qui est de l'essorage, la sulfateuse entre en action et ça dézingue de partout.

 

Un truc de fou ! Allez, je vais compter les cadavres... Un, deux, trois, oh, arrêtez de bouger,... seize ! Non, l'empilement est trop important, on ne s'y retrouve plus. Il doit y en avoir beaucoup plus.

 

Notre privé, c'était lui aussi le fiston de Machiavel, "divisez-les pour les séparer afin qu'ils s'annihilent eux-mêmes", par contre, il devait avoir un sacré bon ange gardien pour s'en sortir sans une égratignure.

 

A découvrir...

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014).


 

 

 

Titre : La Clé de verre
 
Auteur : Dashiell Hammett
Édition : Folio Policier (2009)

Date de publication : 1931

Traducteurs : Nathalie Beeunat & Pierre Bondil (nouvelle traduction intégrale)

Résumé :

Le sénateur Ralph Henry est candidat à la mairie. À la veille des élections, son fils est découvert assassiné dans la rue. Des lettres anonymes, puis la presse, accusent l'influent politicien Paul Madvig, principal soutien du sénateur dont il doit épouser la fille Janet.

 

Alors que la guerre reprend entre les gangs pour s'assurer le contrôle de la ville, Ned Beaumont, collaborateur de Madvig, s'efforce d'innocenter son ami.

 

Avec des méthodes souvent brutales, il s'improvise détective pour démêler le vrai du faux dans une ville rongée par la corruption.

 

Roman noir par excellence, "La clé de verre" décrit l'obsénité de la manipulation, et son corrolaire, la trahison.

Critique : 

Un autre roman noir de lu, un de plus... Cette addiction est sévère et mon médecin m'en a prescrit beaucoup pour le bien de ma santé mentale. En "traduction intégrale", pour bien faire, ce que je fis avec ce roman nouvellement traduit correctement !

 

Dashiell Hammett, je le connaissais de par "Moisson Rouge", alors je me suis lancée sur cet autre roman noir qui se passe dans le milieu politique et ses quelques magouilles...

 

Qui a tué le fils du sénateur Henry ? Nul ne le sait, pas même Ned Beaumont qui l'a trouvé gisant raide mort dans une ruelle sombre.

 

Pourtant, tous les regards se tournent vers Paul Madvig, le politicien qui tire les ficelles de la ville et principal soutien du sénateur dont il doit épouser la fille Janet.

 

Ned, bras droit (et gauche) de Madvig n'y crois pas trop et il décide d'enquêter à sa manière, qui est loin d'être très catholique...

 

Oubliez les enquêteurs classiques et traditionnels, munis d'une loupe et de petites cellules grises. Nous sommes dans un roman noir et l'enquêteur est aussi véreux que son politicien d'employeur.

 

L'atmosphère de cette Amérique des années 30 est sombre, remplie de magouilles, de guerre des gangs pour avoir la main mise sur la ville. On patauge dans les jeux politiques, toujours ambigus, on nage dans la corruption, on côtoie les gangsters, on s'amuse dans les tripots avec des jeux de hasard... On boit de l'alcool et on se prend quelques coups dans la tronche.

 

L'auteur ne nous épargne rien dans son récit : si Ned boit un verre ou dévore une omelette au bacon, on le saura. Idem s'il mâchouille un cigare.

 

Les protagonistes, nombreux, seront découverts au fur et à mesure, lorsqu'on suivra l'enquête de Ned Beaumont. Ils sont tous sombres et il n'y en pas un pour relever l'autre.

 

Nous sommes dans une sorte d'intrigue policière mâtinées de joutes politiques pour le pouvoir, où tous les coups, surtout les bas, sont permis. Niveau castagne, ça bastonne à fond, le tout sur fond d'histoires d'amour compliquées et de trahisons en tous genres.

 

Une écriture au cordeau, sans fioritures, brute de décoffrage et pour la première fois dans sa traduction intégrale. Avec un final assez "étrange", mais inattendu.

 

Pour ma part, j'ai préféré "Moisson Rouge"... mais ceci n'est que mon avis. En tout cas, si vous voulez découvrir le fameux "hard boiled", ce livre en fait partie.

 

Moi, je compte bien découvrir aussi "Le faucon Maltais" du même auteur.

 

Livre participant au Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), Challenge "La littérature fait son cinéma - 4ème année" chez Lukea Livre et Le "Challenge US" chez Noctembule.

3. Raymond Chandler

 

 

 

Titre : Le Grand sommeil


Auteur : Raymond Chandler
Édition : Gallimard Série Noire - 1948 (The Big Sleep - 1939)

Résumé :

L'honorable général Sternwood a des ennuis avec ses filles. Vivian, l'aînée, boit sec et perd beaucoup d'argent dans les salles de jeux. La cadette, Carmen, est nymphomane. Un libraire, Geiger, fait chanter le général au sujet des dettes de Vivian.


Excédé, le riche vieillard fait appel au privé Philip Marlowe. En visitant la librairie de Geiger, le détective voit Carmen entrer chez lui. Trois coups de feu claquent. Dans une pièce aménagée en studio photo, il découvre la jeune fille nue et droguée, le maître chanteur mort à ses pieds. 

 

Critique : 

Malgré mes longues années de lecture, j'étais encore vierge du détective Philip Marlowe. À ma décharge, Sherlock Holmes m'avait eu à l'âge de 13 ans, le vilain !

 

Comment s'est passé ma rencontre avec ce détective privé, pilier du roman noir américain ? Et bien, on a sympathisé tous les deux.

 

J'ai aimé son cynisme, ses réparties, sa nonchalance, sa désinvolture, ainsi que sa vision assez sombre de la société riche mais corrompue jusqu'au trognon.

 

Écrit en 1939 le texte n'a pas trop vieilli. La seule chose qui pourrait paraître un peu folle en 2015, c'est qu'il soit interdit de diffuser de la pornographie...

 

Une intrigue qui, de prime abord pourrait paraître classique mais qui se révélera "à tiroirs" au fur et à mesure que l'enquête progressera, le tout à coup de fausses-pistes en tout genre.


Les personnages sont assez nombreux, hauts en couleur et certains même totalement déjanté. Pour d'autres, le portrait n'était pas très flatteur. En tout cas, la galerie était bien travaillée.


Malgré tout, j'ai eu un peu de mal avant la seconde moitié du roman. La tête un peu ailleurs j'ai dévissé et eu beaucoup de mal à rentrer à nouveau dans le récit. Il m'a fallu plus de 50 pages pour y revenir. Ça fait un peu long, je trouve. Dommage.


Le final reste un grand moment... Mais, mon cher Philip, je l'ai vu venir quelques minutes avant toi.


Une lecture agréable mais en demi-teinte pour une partie du roman. Par contre, je ne dirai pas non à une autre enquête de Marlowe parce qu'il m'a bien plu.

 

Challenge "Thrillers et polars" de Sharon (2015-2016), le Challenge "La littérature fait son cinéma - 4ème année" chez Lukea Livre et « Le Mois Américain » chez Titine.


 

Titre :


Auteur : Raymond Chandler
Édition :

Résumé :

 

 

 

Titre :


Auteur : Raymond Chandler
Édition :

Résumé :

 

 


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