9. Romans classiques

 

Attention, la liste des romans "Classiques" n'est pas exhaustive ! Il ne s'agit ici que d'une liste de romans que j'aimerais bien lire.

 

Certains font partie de ma PAL et d'autre de la Wish List.

 

D'autres ont fait leur entrée suite au Challenge "Classiques" de Métaphore et le challenge "Badinage et libertinage" de Minou.

 

Je vous invite ensuite à passer sur le chapitre "Mes challenges" et vous serez au courant de mes dernères folies !


 

 

 

 

Titre : Orgueil et préjugés


Auteur : Jane Austen

Edition : Livre de Poche (2011)

 

Résumé :

Orgueil et préjugés est le plus connu des six romans achevés de Jane Austen.

 

Son histoire, sa question, est en apparence celle d'un mariage: l'héroïne, la vive et ironique Elizabeth Bennett qui n'est pas riche, aimera-t-elle le héros, le riche et orgueilleux Darcy ?

 

Si oui, en sera-t-elle aimée ? Si oui encore, l'épousera-t-elle ? Mais il apparaît clairement qu'il n'y a en fait qu'un héros qui est l'héroïne, et que c'est par elle, en elle et pour elle que tout se passe.

 

Critique :

Voilà un livre qui a failli faire de moi une serial-killeuse ! Pourquoi ? Mais parce que j'ai eu très souvent eu envie de commettre des meurtres durant ma lecture, pardi !

Rassurez-vous, j'ai apprécié ce livre dont une connaissance m'avait recommandé la lecture. Mais bon, les Classiques et moi, cela fait deux... Mes penchants naturels m'entraînant plutôt vers les polars, la bit-lit ou la fantasy.

Pourtant, n'écoutant que mon courage, j'ai entamé la lecture, plus sceptique que la fosse du même nom mais qui s'écrit pas pareil...

Conquise je fus, mais ce fut aussi la part belle pour les pulsions criminelles qui se sont réveillées lors de ma lecture.

La faute à qui ? A certains personnages... Je vous explique :

- Mrs Benner, la mère, souffrant des nerfs de manière imaginaire, mais sortant ce prétexte à tout bout de champs, futile, un peu bêbête, chiante, fofolle, bref, une mère qui me donnait envie de faire irruption dans le livre et de la dézinguer.

- Mr Collins, le pasteur chieur, qui, même avec tous les éléments sous son nez ne voit rien, confondant les "non" avec les "oui". Plus casse-pied que lui, tu meurs. Un monument de prétention ridicule, de courbettes et de léchage de bottes. Véritable plaie.

A chaque fois qu'il ouvrait la bouche, je l'aurais bien étranglé ou enfoncé un bâillon dans le fond de sa gorge.

- Lydia Bennet, une des soeurs plus jeune, totalement fofolle, prête à tout, écervelée au possible, devenant une véritable chienne en chaleur dès qu'un homme en uniforme passe à proximité...

"Lydia, reviens, stupide cruche, je ne viens pas de dire qu'il y avait un militaire qui passait dans ma critique !!".

Bref, une vraie petite dinde, comme je vous le disais plus haut et elle ne se rendra même pas compte de sa conduite détestable, ni du mal qu'elle aura fait à sa famille... Encore une que j'aurais bien baffé avec grand plaisir et sa mère avec, parce que ensuite, lors du retour de Lydia, elle se comportera encore plus de manière totalement irréfléchie.

- Lady Catherine de Brough est une pétasse pédante, se prenant pour le nombril du monde, donnant des leçons et des conseils à tous (des ordres, surtout, déguisés en conseils et avis éclairés) comme si elle avait la science infuse et la connaissance ultime. Mâdâme sait tout mieux que tout le monde...

Le genre de personne que nous avons tous connu dans notre vie et qui me donnait envie de passer à la guillotine, rien que ça ! Vieille folle, va, agrippée à ses principes comme une moule à son rocher.

Elle fera l'erreur de trop et... non, je ne l'ai pas éventrée, pour cette outrecuidance ultime, cette ingérence absolue, bien que l'envie ne m'ait pas manquée... mais cela aura eu une conséquence positive.

- Miss Bingley : petite vaniteuse, tournant autour de Darcy comme une mouche autour d'un pot de miel, se prenant elle aussi pour le centre du monde, moqueuse, une sale petite peste que j'aurais bien aimé pousser du haut des escaliers... le genre d'amie que l'on ne souhaite pas, hormis à sa pire ennemie.

- Whickam est quant à lui un opportuniste qui, telle la chanson de Dutronc, retourne sa veste et drague tout ce qui pourrait lui servir... Juste bon à pendre...

- Jane Bennet, la douce et gentille Jane... non, pas d'envie de meurtre sur elle, je l'aimais bien, même si elle est trop gentille. Incapable d'avoir une langue de vipère, de penser que les gens sont mauvais, même si on le lui met sous le nez, cherchant des excuses pour excuser le comportement de la personne. Cette fille aurait trouvé des excuses aux plus grands bouchers de l'Histoire. Malgré tout, je l'ai bien aimé.

Mes préférences iront à Elizabeth Bennet, à Fitzwilliam Darcy, à Mr Bingley et au pauvre Mr Bennet qui a épousé sa cruche de femme.

Pour ce qui est de ma critique de l'oeuvre, je dirais que même si c'est un livre où ne règne pas une action trépidante, sans suspense à proprement parler, je ne me suis embêtée en le lisant, tournant les pages en rythme.

La société de l'époque y est décrite avec une certaine férocité, une ironie mordante qui n'était pas pour me déplaire.

Et, malgré mes envies de passer certains personnages à la moulinette, sans eux, le livre aurait été moins bon. Ils en sont le sel, les épices, on réagit en les écoutant, bref, ils ont leurs raisons d'être.

Mon seul regret ? Oui, il y en a un et de taille : ne pas avoir lu ce livre plus tôt !!!

 

 

 

 

Titre : Jane Eyre
 
Auteur : Charlotte Brontë
Edition : Gallimard (2012)

Résumé :

Orpheline, Jane Eyre est recueillie à contrecoeur par une tante qui la traite durement et dont les enfants rudoient leur cousine.

 

Placée dans un orphelinat, elle y reste jusqu'à l'âge de dix-huit ans. Elle devient alors institutrice dans une famille et tombe passionnément amoureuse du tuteur de son élève, monsieur Rochester.

 

Un amour partagé, auquel elle résistera d'abord, découvrant avec horreur l'existence de la première femme de Rochester, enfermée pour folie par son mari.

 

 

Critique :

Si on m'avait demandé, il y a quelques années, de lire un Classique, j'aurais ri et me serais écriée "Un Classique, moi ? Jamais !".

 

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis... et puisque, tels les grands vins, je bonifie avec l'âge, j'ai pris la décision de m'atteler à la découverte des Romans Classiques.

 

Je n'en suis pas déçue, des mes découvertes, et bien souvent, c'est le coup de foudre avec le roman.

 

D'ailleurs, je participe aussi au challenge "Romans cultes" organisé par Métaphore (voir sur mon site), c'est vous dire si je vais en bouffer, du classique (mais j'avais entamé Jane Eyre trois jours avant de découvrir le challenge de Métaphore).

 

Mais revenons à notre critique...

 

"Orgueil et préjugés" m'avait conquis, "Jane Eyre" encore plus !

 

Pourtant, j'avais une appréhension à l'entame du roman, non pas en raison de ses quelques sept cent pages, mais en raison de l'histoire, qui me faisait craindre une longue suite de brimades envers Jane.

 

Déjà, dès les premières pages, mon instinct "serial killer" se réveilla, me donnant envie de passer à la moulinette la tante Reed, de pendre ses deux filles et d'écarteler le fils.

 

Pourquoi tant de haine et de violence envers trois enfants et leur mère ?

 

Si vous avez lu le roman, vous le comprendrez. Sinon, tout simplement parce qu'ils sont d'une cruauté gratuite et n'assument même pas leurs agressivité. Brutalisant Jane, le fiston est le premier à pleurnicher quand sa cousine se retourne sur lui.

 

Il a beau la martyriser sous les yeux de sa mère, elle s'en moque, comme si rien n'était trop beau pour lui faire plaisir, à ce gamin de merde. Mais faut surtout pas se défendre ou rendre les coups !

 

Vous avez sans aucun doute devinez que leur môman, c'est le genre de bonne femme qui ne supporte pas que l'on dérange son petit chou de fils, ne voyant même pas qu'il a tout, et même plus, pour finir pire qu'un voyou. C'est une sorte de petit tyran en culottes courtes...

 

J'ai eu peur à ce moment là que les sévices ne durent un trop long moment et que cela devienne répétitif, les rendant de ce fait dérangeants dans la lecture.

 

Mais non, pas d'étalement de douleur inutile car notre petite Jane partira au pensionnat de Lowood, et ma foi, cela se déroule plutôt bien, sauf que là aussi, j'eus des envies de meurtre sur le pasteur. Le crucifier au mur aurait été un must. Pourquoi tant de violence envers en homme de Dieu ?

 

Un homme de Dieu ? Mon oeil, oui ! Vous trouvez que c'est un homme de Dieu celui qui affame des enfants, qui veut que l'on coupe les longs cheveux des filles, car il veut mortifier chez elles les désirs de la chair, parce qu'il veut leur enseigner à se vêtir de manière modeste et sobre,...et patati et patata.

 

Elle est forte, celle là ! Alors que, à ces côtés, il a ses deux filles, deux espèces de poupées Barbie version grand luxe, avec tous les accessoires de la pétasse fortunée fournis avec : les fourrures, les belles coiffures, les vêtements coûteux et en soie, les beaux chapeaux ou les toques en castor (et tout le monde sait que le castor ne travaille ni avec les mains, ni avec les pieds...).

 

C'est joli de prêcher pour la chapelle des autres, mais il aurait mieux fait de voir la poutre dans son oeil et pas la paille dans celui des autres. Un bûcher pour cet homme, rien de moins !

 

Malgré tout, Jane, bien qu'il l'ait descendu en flamme (humour de bûcher), se plaira bien à l'internat, apprendra correctement, ne subira aucune brimades de la part de ses condisciples et se fera une amie véritable en la personne de Helen Burns, qui décèdera malheureusement de la tuberculose, qu’elle doit aux très mauvaises conditions de l’internat. Homme de Dieu, hein ??

 

Malgré ce moment plus triste, son passage à cette pension sera une vraie bouffée d'air frais ! Je n'aurais pas apprécié qu'elle se fasse vilipender non stop. Elle non plus.

 

C'est lorsqu'elle quittera Lowood après huit ans (6 ans élève, 2 ans enseignante) pour un poste de gouvernante à Thornfield-Hall que tout changera pour elle.

 

Si six croix peuvent vous changer la vie, comme le dit la pub pour le Lotto (deux "t", c'est le Lotto Belge), une petite annonce va changer toute la destinée de Jane.

 

A ce moment là, Guy Marchand entame sa célèbre chanson "Destinée, On était tous les deux destinés, À voir nos chemins se rencontrer, À s'aimer sans demander pourquoi, Toi et moi". Guy, fou moi la paix !

 

Autant j'ai apprécié le personnage de Jane Eyre, autant j'ai aimé celui de Rochester, sa manière d'être, de tourner autour de Jane sans qu'elle le remarque, sa façon de lui parler, de la traîter, correctement, apprécié aussi les quelques fois où il s'arrête de parler, juste avant de dire un mot tel que "ma chère" ou plus, car affinités.

 

C'est très agréable à suivre, leur histoire, j'étais dedans, à Thornfield-Hall, et plus sur terre.

 

Leurs rapports sont assez épiques, les dialogues étonnants, amusants, prenants. C'est un livre que l'on peut nommer : "Tu-Rateras-Ta-Station-De-Métro-Et-Oublieras-De- Descendre".

 

Je peux comprendre que certains n'aimeront pas la manière de s'exprimer des personnages, fort lyrique, parfois (souvent même), mais moi, je suis entrée dans le roman directement et je l'ai liquidé en très peu de temps (trois jours et quelques heures), dévorant les pages au fur et à mesure, avec l'envie de crier "Mais dis-lui que tu l'aimes, nom de dieu !".

 

L'histoire ne serait pas aussi bonne sans sa touche "mystère" et le secret de Rochester, caché au troisième étage, en est un grand.

 

Après m'avoir fait vibrer dans le verger, Rochester lui faisant une déclaration que l'on aimerait entendre dans la bouche de nos hommes (mais je pense que je vérifierais si le mien n'a pas de fièvre, s'il m'en faisait une de la sorte), Jane accepta d'attendre avant que le secret lui soit révélé. Elle aime les risques ? Sans doute...

 

Leur mariage avorté à cause de la révélation du grand secret m'a fait hurler de dépit, mais ce qui me surpris le plus, ce fut leur conversation ensuite.

 

Là où une femme sensée aurait hurlé, tempêté, vitupéré, fait une grosse crise, gueulé, envoyé le contenu des armoires à la figure de son futur-ex époux, notre Jane, elle, reste d'un calme olympien.

 

Là, j'ai craint pour eux deux... Après l'envolée, c'est la chute. Moi, avec un tel discours, je pense que je lui aurait pardonné, à Rochester, mais, autre époque, autres moeurs.

 

Et lorsque Jane partit, mon coeur avait mal pour elle. J'ai tremblé, espérant qu'elle vienne le retrouver, son aimé.

 

J'ai eu peur qu'elle ne se laisse prendre dans les filets du pasteur (pas celui du bûcher) un peu zinzin (trop "je suis un serviteur de Dieu") et j'ai souffert lorsqu'elle a retrouvé Rochester, blessé physiquement dans sa chair et dans son coeur.

 

Diable, que d'émotions en 730 pages !

 

Les mauvaises langues pourraient dire "En fait, c'est un roman Harlequin de l'époque victorienne ".

 

Que nenni ! Ce serait insulter le roman et le talent de Charlotte Brontë.

 

De plus, si les Harlequin étaient de ce niveau, ma foi, j'en aurais des étagères entières.

 

Jane n'est pas une de ces héroïnes romantique qui chante tous les matins "Un jour mon prince viendra", elle n'est pas jolie et ne se fait pas d'illusion sur sa vie.

 

Aimant Rochester, elle ne se fait aucune illusion non plus. De plus, contrairement aux Harlequin, les deux protagonistes ne se disputent pas, ne s'engueulent pas, bref, ils ont des rapports normaux.

 

Là où Harlequin s'enfonce dans le grand n'importe nawak, Jane Eyre s'envole dans les cieux et est aussi loin d'Harlequin qu'on peut l'être.

 

Jane Eyre, c'est le soleil, Harlequin, c'est Pluton : rayé du système solaire.

 

Les défauts du livre ? Minimes. J'aurais aimé que sa petite racaille de cousin, John Reed, meure dans de plus horribles conditions, encore. Que Mrs Sarah Reed se repente aussi des tous les torts causés à Jane, lorsqu'elle était enfant. Mais, obnubilé à force de mettre tous les torts sur le dos de Jane, elle ne changera pas son fusil d'épaule. Jane a bien plus de classe qu'elle et que ses enfants !

 

Non, rien d'autre à reprocher au livre. Trop court ? Oui, j'aurais aimé en lire plus et connaître les prénoms des enfants de Jane.

 

C'est bien simple, j'ai tellement aimé que lorsque j'eus terminé le roman, accélérant pour découvrir le final, mais râlant qu'il soit déjà terminé, je suis retombée sur terre avec une horrible question : que lire après un roman pareil ?? Dur !

 

Si vous avez des propositions dans le même genre, je suis ouverte à toutes propositions (propositions littéraires, of course, et rien d'autre !).

 

Mais pourquoi n'ai-je pas lu ce livre plus tôt, moi ?? Merci Babelio et merci aux critiques avant qui m'ont donné envie de le découvrir.

 

 

Critique postée sur Babelio le 03 septembre 2012 et dans le cadre du challenge "Romans Cultes" organisé par Métaphore (le lien est dans l'image).

 

Lu aussi dans le cadre du challenge "La littérature fait son cinéma" organisé par Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur


Auteur : Harper Lee
Édition : Livre de Poche (2006)

Première publication : To Kill a Mockingbird (11 juillet 1960)



Résumé :

Dans une petite ville d'Alabama, à l'époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche.


Petit Plus : Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 – au coeur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis –, a connu un tel succès. Mais comment est-il devenu un livre culte dans le monde entier ?


C'est que, tout en situant son sujet en Alabama dans les années 1930, Harper Lee a écrit un roman universel sur l'enfance. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique.


Couronné par le prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur s'est vendu à plus de 30 millions d'exemplaires dans le monde entier.

 

Critique : 

Pour ce roman, je n'ai pas démérité mon deuxième pseudo qui est "Cannibal Lecteur" car j'ai dévoré ce roman en presque une seule journée.


Mais lundi, il était tard, il me restait une petite centaine de pages à lire et je devais me lever tôt. Ce fut donc avec regret que j'ai posé le roman, juste à la fin du procès, l'âme en peine à l'idée de ne pas le terminer, le coeur lourd en sachant qu'il serait bientôt fini.


Qu'est-ce qui a fait que j'ai bouffé, avalé, dévoré, cannibalisé ce roman ? Tout ce qui est dedans était appétissant... et tout en étant simple, c'est un récit complexe. J'vous explique.


Le récit se passe dans la petite ville de Maycomb (fictive) en Alabama, au cœur de l'Amérique sudiste très raciste et remplie de préjugés. Les années 30, c'est tout une époque, notamment celle de la récession.


La petite ville de Maycomb a tout du trou du cul de l'Alabama, toutes les familles se connaissent et il fut un temps où tout le monde se reproduisait entre eux, ce qui donne des familles liées à plusieurs degrés, bien souvent.


Malgré tout, il y a des classes dans la ville. Selon votre nom de famille, vous êtes en haut du panier, au milieu, dans le fond du panier ou encore plus bas si vous être noir. Et on est prié de ne pas se mélanger entre classes, s'il vous plait !


Les gens de couleurs sont appelés "Nègre" et ont moins de droit qu'un chien galeux. D'ailleurs, ils n'en n'ont même pas, de droit et leur parole vaut moins que celle d'un Blanc au tribunal.


Ambiance "Amérique rurale sudiste et raciste" assurée et j'aime lire ce genre de portrait de celle qui a parfois un peu trop tendance à donner des leçons aux autres.


C'est Scout Finch (Jean-Louise de son véritable prénom) qui nous raconte cette histoire qui va se dérouler sur un peu plus de 3 ans. La simplicité du récit vient du fait que c'est une petite fille qui a presque 6 ans qui nous le narre.


La complexité vient du fait qu'au début du roman, Scout nous dit qu'elle se souvient de tout, donc, elle est plus âgée lorsqu'elle prend la plume. C'est pour cela que la narration est tout de même différente de celle d'une gamine de 6 ans.


Malgré tout, dans son récit, Scout Finch se montre toute innocente, ne sachant pas toujours de quoi les grands parlent, surtout quand les femmes parlent de leurs "périodes".


Il y a de l'innocence dans le récit, celle d'une petite fille qui ne désire que peu de choses : porter des salopettes, ne pas aller à l'école et suivre son grand frère, Jem (Jeremy) partout et jouer toutes les vacances avec Dill.


Si le début du roman est tout doux avec les trois enfants qui sont intrigués par un de leur voisin Boo Radley qui vit reclus chez lui et tentent par tous les moyens de savoir s'il est vivant ou non, la suite deviendra plus sombre, plus profonde, plus émotionnelle.


Le père des enfants, Atticus Finch est chargé de défendre Tom Robinson, un Noir accusé du viol d'une Blanche et c'est là que le récit prend de l'ampleur.


Le racisme des habitants de la ville est un racisme crasse, bête et méchant, limite risible si ce n'était pas aussi grave.


Pour eux, défendre un Nègre est honteux, être l'ami d'un Nègre encore plus et les enfants vont en voir de toutes les couleurs à cause de la défense que leur père doit assurer pour Tom Robinson.


Ici, tout le monde a été biberonné au racisme, enfants comme adultes perdent tout sens commun et nous entraine dans des situations qui m'ont fait froid dans le dos parce qu'il suffirait de peu pour qu'on le revive en 2015.


Le récit du procès m'a fait couler la sueur froide dans le dos, j'ai eu mal ma gueule devant tant de bêtise humaine, devant tant de préjugés.


Tout le roman est profond, émotionnellement fort, mais le procès et l'après-verdict le sera encore plus.


Tuer un oiseau moqueur est un péché, tout comme accuser un innocent et le condamner aussi. C'est nier l'évidence la plus flagrante, c'est ne pas vouloir voir, c'est condamner à cause d'une couleur de peau et se moquer de la Justice.


Un roman qui m'a pris aux tripes, un roman dont la plume, simple et complexe, vous entrainera dans le Deep South, le Sud profond, dans tout ce qu'il a de plus laid, mais dans tout ce qu'il a de plus beau aussi. Même dans l'obscurité, il y a toujours un peu de lumière.


Une lecture marquante, lecture que j'aurais dû faire depuis longtemps et qui me donne envie de proposer d'ajouter une sixième étoile chez Babelio.


Un roman très grand... à faire lire aux petits esprits, mais pas sûr qu'ils comprendront le message.


Challenge "Thrillers et polars" de Sharon (2015-2016), « Le Mois Américain » chez Titine, Lire "À Tous Prix" chez Asphodèle (prix Pulitzer en 1961) et le Challenge "La littérature fait son cinéma - 4ème année" chez Lukea Livre.

 

 

 

Titre : Rebecca


Auteur : Daphné Du Maurier
Édition : Le Livre de Poche (1971)

Résumé :

Sur Manderley, superbe demeure de l'ouest de l'Angleterre, aux atours victoriens, planent l'angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, frêle et innocente jeune femme, réussira-t-elle à se substituer à l'ancienne madame de Winter, morte noyée quelque temps auparavant ?


Petit Plus : Daphné du Maurier plonge chaque page de son roman - popularisé par le film d'Hitchcock, tourné en 1940, avec Laurence Olivier et Joan Fontaine - dans une ambiance insoutenable, filigranée par un suspense admirablement distillé, touche après touche, comme pour mieux conserver à chaque nouvelle scène son rythme haletant, pour ne pas dire sa cadence infernale.


Un récit d'une étrange rivalité entre une vivante - la nouvelle madame de Winter - et le fantôme d'une défunte, qui hante Maximilien, exerçant sur lui une psychose, dont un analyste aurait bien du mal à dessiner les contours avec certitude.


Du grand art que l'écriture de Daphné du Maurier, qui signe là un véritable chef-d’œuvre de la littérature du XXe siècle, mi-roman policier, mi-drame psychologique familial bourgeois.
 

Critique : 

Rebecca... On parle beaucoup de toi dans ce roman qui porte même ton prénom pour titre, faisant de toi une héroïne.

 

Rebecca... On ne te voit pas, pourtant, tu hantes les pages de ce roman, on sent la présence de ton fantôme partout, dans chaque pièce, dans chaque couloir, dans chaque esprit de ceux et celles qui t'ont connu.

 

Tu n'es pas là mais on n'entend parler que de toi... Même moi tu risque de me hanter, à présent que j'ai découvert cette petite perle de roman.

 

Faut dire que l'auteur a fait fort dans son livre : rendre un personnage mort aussi présent, lui donner une présence physique, presque palpable, alors que la véritable héroïne, bien vivante, elle, se trouve réduite à l'état d'ectoplasme, de tapisserie, tant elle est sans relief, sans courage, effacée, timide.

 

Pire, le prénom de l'héroïne n'est jamais cité dans les pages, nous ne saurons jamais comment elle se prénommait ! Fallait oser, non ?

 

Sincèrement, j'aurais dû détester celle qui deviendra la nouvelle Madame de Winter, cette jeune fille frêle, qui ne s'exprime que timidement, cette gamine qui épousa Maxim de Winter en seconde noces, cette gamine qui à l'air à côté de ses pompes, gauche, maladroite... Mais non, je l'ai comprise, tout simplement.

 

Voilà une jeune demoiselle de compagnie qui, après une cour éclair de 15 jours, se fait épouser par un homme deux fois plus vieux qu'elle et se retrouve ensuite propulsée dans une vaste maison - Manderley - pourvue de domestiques.

 

Comment cette petite prolétaire aurait-elle pu faire face à ce changement d'existence radical, plongée dans un monde qu'elle ne connait pas et devant faire face à l'hostilité froide de certaines personnes de son entourage ?? Impossible...

 

Je pense qu'à sa place, j'aurais eu du mal à trouver la mienne. Surtout quand TOUT, absolument TOUT dans cette grande maison est là pour vous rappeler l'ancienne madame de Winter, celle qui a bu la tasse dans la mer.

 

Vous voulez aller dans la bibliothèque après le petit-déjeuner ? Oh, madame de Winter allait toujours dans son petit salon... Et madame de Winter, ceci, et madame de Winter cela...

 

Bon sang, si la gamine avait soulevé ses fesses vers la droite pour péter, on lui aurait fait savoir que madame de Winter pétait par la gauche et que ça faisait un nuage rose avec des senteurs printanières !


Il ne m'appartenait pas du tout, il appartenait à Rebecca. Elle était toujours dans la maison, comme Mrs Danvers l'avait dit, elle était dans cette chambre de l'aile ouest, elle était dans la bibliothèque, dans le petit salon, dans la galerie au dessus du hall. Même dans le petit vestiaire où pendait son imperméable. Et dans le jardin, et dans les bois, et dans la maisonnette en pierre sur la plage. Ses pas résonnaient dans le corridor, son parfum traînait dans l'escalier. Les domestiques continuaient à suivre ses ordres, les plats que nous mangions étaient les plats qu'elle aimait. Ses fleurs préférées remplissaient les chambres. Rebecca était toujours Mme de Winter. Je n'avais rien à faire ici.

 

Apparemment, l'ancienne madame de Winter a marqué les esprits, tout le monde l'aimait, tout le monde chante encore ses louanges. Difficile de trouver ses marques dans une maison où l'on a l'impression que l'autre va franchir la porte à tout moment. Personne ne veut laisser les morts dormir tranquille.


De plus, son mari a tout l'air de n'avoir que son ancienne femme en tête et donne l'impression de traiter sa nouvelle comme on traiterait un chien : on lui grattouille la tête, on la tapote et ensuite, on vaque à autre chose. Un mari secret, taiseux, intrigant que je voyais avec le beau visage de Jeremy Brett qui l'a interprété dans un téléfilm.

 

C'est un roman qui m'a emporté, même si au départ, j'ai eu un peu de mal avec les 10 premières pages. Arrivée au bout, j'ai relu ces pages que j'avais survolées en soupirant afin de tout comprendre.

 

La tension dans ce roman est à couper au couteau à certains moments et les dernières pages sont un enfer de suspense au point que j'ai failli me bouffer les ongles.

 

L'écriture est belle, enivrante, et notre héroïne, bien qu'un peu gamine au départ, va gagner en maturité et on le sent dans notre lecture. Fini de se faire des scènes dans sa tête une fois que... Non, je ne dirai rien !

 

Les personnages sont tous travaillés, ils évoluent tous, bonifiant au fil des pages ou pas, mais on sent pour certains un changement radical, dans le bon ou le mauvais sens.

 

De plus, Madame Van Antwerpen... heu, madame Danvers, la femme à charge, saleté de personne méchante est bien réussie et perverse au possible. Pas à la manière brutale et sadique d'un Joffrey Barathéon, mais plus rusée, à la Tyrion Lannister, le capital sympathie en moins.

 

Rebecca, c'est une belle histoire d'amour, sans les niaiseries des Harlequin, mais avec la touche qu'il faut de drame et de suspense.


Je suis contente qu'on ne puisse l'avoir deux fois, la fièvre du premier amour. Car c'est une maladie et c'est un fardeau, quoi qu'en puisse dire les poètes.

 

Moi aussi je voudrais bien aller faire un tour à Manderley...


Un putain de bon livre rempli d'âmes tourmentées et les silences, les secrets, les non-dits sont aussi pesant qu'une chape de plomb.

 

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), Challenge "La littérature fait son cinéma - 4ème année" chez Lukea Livre et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

 

 

 

Titre : Les Hauts de Hurle-Vent
 
Auteur : Emily Brontë
Edition : Livre de Poche

Résumé :

Lorsque Mr Earnshaw ramène d’un voyage un enfant abandonné, Heathcliff, les réactions de ses enfants évoquent les orages qui s’abattent sur le domaine des Hauts du Hurlevent.

 

Le fils Hindley n’accepte pas cette enfant sombre et lui fait vivre un enfer.

 

La fille, Catherine, se lie très vite à lui, d’un amour insaisissable et fusionnel.

 

Tous trois grandissent, dans cet amas de sentiments aussi forts qu’opposés.

 

Heathcliff devient un homme sans scrupule, qui jure de se venger des deux hommes ayant empêché le déploiement de son amour : Hindley, le frère ennemi, et Edgar, le mari de Catherine.

 

La destruction de ces deux familles et de leurs descendances constitue alors son seul objectif.

 

Dans les paysages sauvages et immuables des landes du Yorkshire, les déchirements sont nombreux, et cohabitent dans une passion extrême et des tourments destructeurs.

 

Critique :

Ce que Edmond Dantès avait fait avec finesse, Heathcliff  l'a fait avec rudesse... Ce que le premier avait réalisé avec une ruse magistrale, le second a fait dans le registre bestial.

 

De quoi je parle ? De vengeance, pardi ! Mais là où je donnais raison à Dantès (le comte de Monte-Cristo), l'approuvant, même, je ne suis pas du même avis pour la vengeance d'Heathcliff.

 

Ce roman, il traînait dans ma PAL depuis tellement longtemps que son prix était encore en francs belge, c'est vous dire ! Acheté en 1997 ou 98, je l'avais entamé avant de le refermer. Je n'étais pas prête à le lire à ce moment là.

 

Profitant de deux challenges (voir fin de la critique), je me suis décidée à le sortir pour enfin le lire.

 

Bien que je l'ai moins apprécié que "Jane Eyre", la lecture m'a entrainé dans cette ambiance sombre et morose, sans que j'éprouve de l'amitié pour les personnages principaux, hormis Hareton.

 

Attention, je ne veux pas dire que les personnages manquent d'épaisseur, non, que du contraire !

 

C'est que certains m'ont tapés sur les nerfs, tant ils étaient susceptibles de déclencher chez moi de l'amour, de l'amitié, de la colère, voire de la haine... Oui, tous ces sentiments à l'égard de chaque personnage.

 

Catherine Earnshaw est une petite fille fort gâtée, assez égoïste, nombriliste. Pourtant, elle aura de l'amitié pour le petit bohémien ramené par son père, par un soir très sombre.

 

Bien qu'étant tout le temps avec lui, bien que l'aimant, elle le sacrifiera pour un mariage avec un pâle type nommé Edgar Linton. Là, je l'ai maudite, moi aussi. Pourtant, j'ai souffert avec elle.

 

Son frère, Hindley, fut un salaud avec Heathcliff, et lorsqu'il deviendra veuf, il finira alcoolo, brutalisant son fils, le tuant, presque.

 

Le fameux Edgard Linton est, limite, une couille molle, le vieux Joseph récite la Bible mais ne l'applique guère et le pire sera le fils d'Heathcliff, une sorte d'hypocondriaque gémissant à qui j'aurais bien collé un coup de pied dans le fondement. 

 

Quand à Cathy, la fille de Catherine, elle se comportera bien sottement avec la gémisseur de service, ne s'améliorant que sur la fin du roman.

 

Pareils sentiments contradictoires pour Heathcliff, qui, bien que je l'ai approuvé dans la première partie de sa vengeance, sur Hindley (le frère aîné de Catherine, pour ceux qui ne suivent pas), je n'ai pas aimé qu'il laisse le petit Hareton (le fils de Hindley) sans éducation, faisant de lui presque une bête.

 

Heathcliff n'a aucun scrupule et comme il a juré de se venger des deux hommes qu'il estime être les responsable de l'empêchement de son amour pour Catherine (Hindley, le frère ennemi, et Edgar, le mari de Catherine), il ira jusqu'au bout, détruisant tout sur son passage, ne rêvant que d'asservir le descendant de la famille Earnshaw afin que le fils du maître soit un serf sur ses propres terres. Violent !

 

La destruction de ces deux familles et de leurs descendances constitue alors son seul objectif, son leitmotiv, et au final, j'éprouvais une sorte de gêne car il pousse la vengeance trop loin, même sur l'unique fille de son amour, Catherine.

 

Ce livre m'a remué les tripes, oppressé, dérangé, presque.

 

Heathcliff est comme un vampire qui veut sucer la vie de ses ennemis à petites gorgées, les faisant mourir à petit feu.

 

Pour ce qui est de la description des lieux, c'est tout simplement magnifique, on a l'impression d'être sur la lande et je comprend mieux quand Phoebe, personnage de la série "Friends" qui, parlant de ce livre, disait à Rachel que "la lande symbolise le caractère sauvage d'Heatcliff" (Saison 5, épisode 9).

 

Ce que j'ai aimé aussi, c'est la narration. Toute l'histoire étant racontée par Helen Dean (dite parfois Nelly) à Lockwood. C'est une narration qui se fait même "en tiroir" parfois, Nelly racontant ce qu'un personnage lui a raconté ou écrit. C'est spécial, mais terriblement efficace.

 

Par contre, les mariages entre cousins, ça passe moins bien chez moi, même si la loi tolère les mariages au quatrième degré.

 

Ici, on sent bien que la série Dallas a dû s'en inspirer, parce que Heathcliffe qui épouse la soeur d'Edgar (le mari de Catherine, son amour), son fils Linton qui épousera la fille qu'Edgar a eu avec Catherine et celle-ci qui, veuve, se remariera avec le neveu de sa mère...

 

Bigre ! Comment diable une fille de pasteur, sortant peu (Internet loin d'être inventé) et d'à peine trente ans, a donc telle bien pu nous sortir un roman aussi noir ?

 

Pas de sexualité "apparente", mais on frôle la nécrophilie lorsque Heathcliff avoie avoir fait ouvrir le cercueil de Catherine, des années plus tard, pour contempler son visage.

 

Bref, une lecture éprouvante, remuante, oppressante, la lande et son brouillard envahissant votre corps, sans oublier les fantômes qui parcourent les lieux. Un seul rayon de soleil dans tout le roman : la fin.

 

Aucun regret d'avoir attendu si longtemps pour le lire, ça en valait la peine. Il me fallait juste attendre le bon moment. Ne passez pas à côté.

 

 

Lu dans le cadre du Challenge "Romans Cultes" de Métaphore ainsi que dans le challenge commun "PAL Noire à Zéro - Vingt mille lieux sous mes étagères" où je suis en partenariat avec "Les livres de George".

 

 

 

 

 

 

Titre : Le Portrait de Dorian Gray
 
Auteur : Oscar Wilde
Edition : Livre de Poche (2005)

Résumé :

Par la magie d'un voeu, Dorian Gray conserve la grâce et la beauté de la jeunesse. Seul son portrait vieillira.

 

Le jeune dandy s'adonne alors à toutes les expériences, s'enivre de sensations et recherche les plaisirs secrets et raffinés. « Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais », «il faut guérir l'âme par les sens, guérir les sens par l'âme».


Oscar Wilde voulut libérer l'homme en lui donnant comme modèle l'artiste. Pour se réaliser, il doit rechercher le plaisir et la beauté, sous toutes ses formes, bien ou mal.

 

Petit plus : L'art n'a rien à voir avec la morale. Dans une langue raffinée, l'auteur remet en question la société, le mariage, la morale et l'art. Ses propos sont incisifs et humoristiques.

 

Ce livre scandalisa l'Angleterre victorienne, Oscar Wilde fut mis en prison pour avoir vécu ce qu'il écrivait.

 

Au siècle suivant, Proust, Gide, Montherlant, Malraux ont contribué à la célébrité du génial écrivain.

 

 

Critique :

Dialogue imaginaire :

- Belzébuth ? Méphisto ? Hadès ? Est-ce que quelqu'un pourrait me répondre ? Y a quelqu'un ? demanda Dorian Gray.

- Que veux-tu, petit homme ? répondit une voix sépulcrale.

- Je souhaiterais vivre longtemps mais sans vieillir... Pouvez-vous m'aider, monsieur le Seigneur des Ténèbres ? 

- Nous avons des excellentes crèmes anti-rides : de l'Huile Ofolaz, de l'Oré-Al de chez Bête En Cours ou de la Diader Mine. Au choix.

- Maître des Ténèbres, je ne suis pas prêt à vous vendre mon âme pour une quelconque crème anti rides ! Je refuse de vieillir, point !

- Tu rigoles ou quoi ? s'esclaffa le diable. Jane Fonda semble avoir 20 ans dans ses spots publicitaire !

- S'il vous plaît, Votre Ténébreuse majesté ? Qui est cette Jane Fonda ?

- Oublie, c'est dans le futur ! Fais-toi tirer le portrait, mon cher Dorian et laisse-moi faire le reste ! rugit le diable dans un rire démentiel.

 

Et voilà comment, par la magie d'un voeu (ou d'un pacte avec le Diable, nul le sait), Dorian Gray conservera la grâce et la beauté de sa jeunesse. Seul son portrait vieillira.

 

Mais à tout pacte, il y a une contrepartie et Dorian laissera plus que son âme dans ce petit arrangement !

 

Durant tout le roman, nous le voyons s'avilir, à défaut de vieillir, n'hésitant pas à tuer pour que son petit secret soit aussi bien conservé que sa jeunesse. Et point de vue conservateur, c'était du costaud !

 

Au départ, je n'avais pas l'intention de lire ce roman d'Oscar Wilde, même en sachant que c'était CE livre qu'il avait écrit tandis que Conan Doyle écrivait "Le signe des quatre".

 

Nos deux auteurs avaient reçu une avance d'un américain nommé Joseph Marshall Stoddart, qui venait d’être nommé directeur du Lippincott’s Monthly Magazine, publié simultanément à Londres et à Philadelphie.

 

Une avance pour quoi ? Pour écrire chacun un roman...

 

Wilde, écrivit "The picture of Dorian Gray" qui allait scandaliser le Londres littéraire et mondain et Conan Doyle, lui, s'était vu réclamer, non pas un roman historique, mais une autre aventure de Sherlock Holmes ! Ce fut "Le signe des quatre".

 

Honte à moi... Si une connaissance ne m'avait pas conseillé, séance tenante, de me procurer ce livre et de le lire, je ne l'aurais jamais lu. Et je serais passée à côté d'un grand moment de lecture !

 

La descente de Dorian dans un abîme de noirceur est tout simplement magnifique. On lit et on est impuissant devant ce qui se trame.

 

Excellent !

 

Que dire de plus face à 136 autres critiques ?

 

Lu dans le cadre du challenge "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel, du challenge "Romans Cultes" de Métaphore et "I Love London" de Maggie et Titine.

 

 

 

 

Titre : Les cosaques


Auteur : Léon Tolstoï
Edition : Gallimard (1976)


Résumé :

À travers les paysages du Caucase et le régiment de Cosaques auquel il est affecté, un jeune officier, Olénine, qui n'est autre que Tolstoï lui-même, découvre la splendeur du monde primitif.

 

« Dieu que notre Russie est triste », soupirait Pouchkine ; le Caucase, c'est pour Tolstoï la découverte de la joie, l'oubli de l'accablant sentiment de culpabilité qui est au fond de l'âme russe.

 

D'admirables évocations de nature. Le pittoresque éclatant des voyages romantiques. Et une histoire d'amour où nous voyons Olénine s'éprendre d'une jeune Cosaque, Marion, qui est pour lui le symbole d'une liberté encore insaisissable.

 

Marion refusera d'épouser Olénine mais celui-ci ne l'oubliera jamais, et "Les Cosaques" sont le point de départ de l'évolution morale de Tolstoï.

 

 

 

 

 

 

Titre : Anna Karénine


Auteur :  Léon Tolstoï
Edition : Gallimard (1994)


Résumé :

La quête d'absolu s'accorde mal aux convenances hypocrites en vigueur dans la haute société pétersbourgeoise de cette fin du XIXe siècle. Anna Karénine en fera la douloureuse expérience.

 

Elle qui ne sait ni mentir ni tricher - l'antithèse d'une Bovary - ne peut ressentir qu'un profond mépris pour ceux qui condamnent au nom de la morale sa passion adultère. Et en premier lieu son mari, l'incarnation parfaite du monde auquel il appartient, lui plus soucieux des apparences que véritablement peiné par la trahison d'Anna.

 

Le drame de cette femme intelligente, sensible et séduisante n'est pas d'avoir succombé à la passion dévorante que lui inspire le comte Vronski, mais de lui avoir tout sacrifié, elle, sa vie de femme, sa vie de mère.

 

Vronski, finalement lassé, retrouvera les plaisirs de la vie mondaine.

 

Dans son insondable solitude, Anna, qui ne peut paraître à ses côtés, aura pour seule arme l'humiliante jalousie pour faire vivre les derniers souffles d'un amour en perdition.

 

Mais sa quête est vaine, c'est une "femme perdue".

 

Critique :

 

A lire dans le cadre challenge "Romans cultes"

 

 

 

 

Titre : L’Évangile du bourreau


Auteur : Gueorgui Vaïner
Edition : Gallimard (2005) 


Résumé :

Pavel Egorovitch Khvatkine, "honnête" professeur de droit, croyait bien avoir échappé à son passé d'ancien membre très influent des sections spéciales du KGB à la toute fin du règne de Staline.

 

Or, lors d'une soirée bien arrosée, surgit un homme se prétendant "gardien des fourneaux de l'enfer" et venu lui demander des comptes sur sa carrière passée...

 

Pavel, autrefois haut responsable des sections spéciales du KGB dans les années 1940, a été au coeur du système stalinien, en particulier de la répression sanglante contre les intellectuels juifs et du fameux “complot des blouses blanches”.

 

On a longtemps affirmé que le roman policier n’existait pratiquement pas dans l’ex-URSS.

 

Écrite à la fin des années 1970 par les frères Vaïner, mais publiée seulement après la chute de l’URSS, cette plongée terrifiante dans l’univers totalitaire soviétique pourrait bien être la remarquable exception qui confirme la règle.

 

Longtemps tenu secret, "L'Evangile du bourreau" est une peinture sidérante du système répressif soviétique sous Staline, a fait sensation lors de sa première publication en ex-URSS.

 

Sa langue faite de russe classique et d'argot des bas-fonds comme son étonnante galerie de bourreaux parfaitement intégrée dans un suspense romanesque font de ce livre un thriller inoubliable.

 

 

Biographie des auteurs :
Russes d'origine juive et juristes de formation, les frères Arkadi et Gueorgui Vaïner font partie des plus célèbres auteurs de romans noirs de leur pays.

Critique : 

Que voilà une critique difficile à écrire... D'un côté, nous avons un roman d'un noir profond, une descente horrifiante dans la Russie du camarade Staline, un pan peu reluisant de ce grand pays, la description d'un système qui fait froid dans le dos et de l'autre, il y a moi qui suis passée à côté du livre !

 

La profusion de personnages aux noms plus complexes que Dupond-Durand m'ont aidé à me paumer, sans compter que les souvenirs de Pavel Egorovitch Khvatkine viennent s'imbriquer dans le présent, rendant parfois le tout très confus.

 

Bien que je ne me sois pas forcée à lire les 770 pages, j'ai souvent décroché durant ma lecture.

 

Et j'enrage de n'avoir pas su m'immerger dans ce roman très sombre parce que je voulais vraiment le découvrir, ayant un faible pour la Russie (pas pour ses dirigeants) et voulant en apprendre plus sur son Histoire sombre.

 

Attention, les auteurs ne sont pas fautif, je vous rassure de suite. Leurs personnages sont travaillés, très profonds, ni tout blanc, ni tout noir et les auteurs ont été assez intelligents que pour éviter de faire porter le chapeau à l'un ou à l'autre. Ils sont russes avant tout et bien que de religion juive, ils ne font que décrire un système sans le juger. Le lecteur est assez grand pour le faire lui-même.

 

Niveau méchant, Khvatkine est au dessus du lot ! Un beau salopard, pas vraiment un méchant, non. S'il torturait ou tuait du temps de Staline, c'était parce que c'était les ordres... C'était ainsi et il ne se posait pas de question. Aucun remord, aucun sentiment de culpabilité. Bref, un salaud qui s'ignore et l'utilisation du "je" renforce ce sentiment ignoble, nous donne envie de vomir... Beaucoup plus terrifiant que si c'était à la troisième personne.

 

Les souvenirs de cette époque lui reviennent depuis qu'il a croisé un homme se prétendant être le machiniste de la chaudière de la troisième compagnie des enfers. Notre Pavel Khvatkine est donc un salaud, un manipulateur et n'aurait pas hésité à vous tuer s'il avait reçu l'ordre ou si vous dérangiez ses plans. Bref, un salaud réussi.

 

Niveau Histoire, les auteurs mélangent de véritables personnages avec des fictifs, rendant le tout cohérent et le final est superbe. La seule manière de clore un récit pareil.

 

Malgré tout ces points positifs, j'ai souvent perdu mon entrain en suivant le fil de ses pensées, assez décousue, parfois, de Pavel. Pas lorsqu'il parlait de ses exactions, là, j'ouvrais grand mes yeux devant toute cette horreur. Je décrochais surtout lorsqu'il parlait des événements du présent, hormis sur la fin, parce que Pavel m'a prouvé, une dernière fois, qu'il était le meilleur dans son niveau de salaud.

 

Dommage... Mais tout n'est pas perdu puisque j'en ai appris un peu plus sur cette période remplie d'un tas d'illogismes (accuser un juif d'avoir été un espion infiltré par les nazis... heu ??).

 

En tout cas, ce n'est pas parce que je suis passée à côté de la moitié du roman que je vais virer les frères Vaïner de ma bibliothèque ou vouer ce roman aux gémonies. Que du contraire, il ira sur les étagères du haut, à côté des autres tout grand.

 

Il avait vraiment tout pour me plaire, ce roman plus noir que le trou du cul d'un vieux mineur occupé à creuser une galerie, au fond d'une mine, à minuit, par une nuit sans lune (©Frédéric Dard, avec un léger changement car ce n'était pas un mineur). J'ai loupé le train, et ça me désole parce que la coupable, c'est uniquement moi. D'où les 5 étoiles.

 

Un jour, je reprendrai de roman très sombre, avec l'esprit branché sur la bonne longueur d'ondes !

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014) et le Challenge "Myself II" par Près de la Plume... Au coin du feu.

 

 

 

Titre : Une sale histoire
 
Auteur : Fédor Dostoïevski
Édition : Actes Sud (2001)

Résumé :

1862 : début des grandes réformes en Russie, qui annoncent une tentative de libéralisation du régime. Désireux de prouver sa largeur d’esprit, alors fort à la mode, un grand chef de l’administration s’invite à la noce d’un modeste fonctionnaire. La série de catastrophes découlant de cette très mauvaise idée est l’occasion d’une farce irrésistible qui, par son impertinence caustique, annonce déjà la révolution.

 

Critique : 

Ma décision est prise depuis quelques temps déjà, c'est décidé, je me mets ENFIN à lire des auteurs Russes ! Mais bon, pour commencer, je me suis dit qu'un roman assez fin conviendrait mieux que de m'attaquer à "Guerre et paix" !

 

Voilà pourquoi j'ai commencé ce projet par ce roman qui m'a fait entrer de plein-pied dans la Russie de 1862, celle des castes, des privilèges, de l'administration toute puissante et du début des réformes qui annoncent une tentative de libéralisation du régime.

 

Un grand chef de l’administration, désireux de prouver sa largeur d’esprit, ne trouve rien de mieux que de s’inviter à la noce d’un modeste fonctionnaire.

 

Le quatrième de couverture me parlait d'une farce irrésistible et je m'attendais à des éclats de rire, mais il n'en fut rien.

 

C'est bien une farce, mais c'est de l'humour à froid. C'est de l'impertinence caustique, pas du rire gras. Ne vous attendez pas à de la blague à deux balle (honte à moi) mais c'est encore plus terrible.

 

Bien que j'aie eu quelques difficultés avec les noms des protagonistes, n'arrivant pas bien à les reconnaître, au départ et obligée, de ce fait, à relire plusieurs fois les mêmes lignes, j'ai persévéré, obligeant mon cerveau à lire les noms et non les deviner (un personnage, ce n'était pas "Stéphane", mais "Stépane")

 

Ce qui m'a plu ? Les pensées de Mr Pralinski avant de s'inviter à la noce : il se fait un film de ce qu'il pense être le futur déroulement de son entrée surprise, se voyant déjà ensuite, adulé par les autres... Et la largeur d'esprit, à cette époque, c'était le must !

 

Mais c'était oublier que la première chose qui foire dans un plan de bataille, c'est le plan de bataille lui-même !

 

Pralinski et ses déboires, ce fut un peu à la manière de Perette de son pot de lait : elle se voit déjà en possession de poules, de vaches, de cochons... Et ensuite ? Adieu veau, vache, cochon, couvée !

 

Au final, une belle découverte de quelques moeurs de la Russie Impériale et une belle illustration du fameux "Tu t'es vu, quand t'as bu ?"

 

Titre participant aus Challenge "Myself" par Près de la Plume... Au coin du feu.

 

 

 

Titre : L’Éducation sentimentale


Auteur :  Gustave Flaubert
Edition : Gallimard (2005)


Résumé :

De 1840à 1867, la vie faitL'Éducation sentimentalede Frédéric Moreau et de toute une jeunesse idéaliste qui a préparé dans la fièvre la révolution de 1848.

 

Le roman s'ouvre sur des rêves exaltés et s'achève sur la médiocrité des uns et des autres. Entre temps, la vie s'est écoulée autour de Frédéric, qui semble n'avoir pas plus participéaux mutations de son temps qu'à l'édifice de sa propre destinée potentielle.

 

Au cours de cette existence, Madame Arnoux, dont les apparitions sont autant de surgissements mystiques, tient lieu au jeune homme d'absolu insaisissable.

 

Lui qui rêvait de terres lointaines et d'ouvrages romantiques déchirants dont il se voyait l'auteur génial, se retrouve, en guise de destination exotique, à Nogent, la ville de son enfance.

 

Au terme de son parcours, que peut-il faire d'autre que ponctuer sa conversation avec Deslauriers, le pragmatique non moins malheureux, de "te souviens-tu" ?

 

Flaubert éclaire ses personnages d'une lumière tantôt ironique, tantôt sympathique, et s'il adopte parfois une vision panoramique des choses, c'est semble-t-il pour mieux se couler dans l'esprit de son héros afin de faire vivre au lecteur les velléités de son caractère.

 

 

 

 

 

Titre : Madame Bovary


Auteur :  Gustave Flaubert
Edition : Gallimard (2001) 


Résumé :

Emma Rouault, bercée depuis toujours par ses lectures romantiques, rêve de grandeur, d’émotion, d’amours passionnées.

 

Elle épouse Charles Bovary, un homme honnête, veuf depuis peu, mais se trouve rapidement désillusionnée par un quotidien triste et monotone.

 

Opprimée dans cette vie trop étroite pour elle, elle la fuit de toutes ses forces et s’éloigne peu à peu d’un mari qui la dégoûte.

 

Elle tombe sous le charme d’autres hommes et se laisse porter par ces relations adultères. Des relations indéniablement vouées à l’échec, qui ne lui apportent que l’illusion du bonheur et la font tomber chaque fois un peu plus bas.

 

La dépression s’immisce dans la vie d’Emma. En même temps que ses dettes augmentent, sa vie rêvée s’éloigne.

 

Emma Bovary, l’éternelle insatisfaite, ne saura que s’approcher malgré elle d’une fin spectaculaire et d’un destin romanesque.

 

 

 

 

 

 

Titre : Les Chouans


Auteur :  Honoré de Balzac
Edition : Folio (1972) / Livre de Poche (1972 - 2004)


Résumé :

Dans les premiers jours de l'an VIII, au Commencement de Vendémiaire, ou, pour se conformer au calendrier actuel, vers la fin du mois de septembre 1799, une centaine de paysans et un assez grand nombre de bourgeois, partis le matin de Fougères pour se rendre à Mayenne, gravissaient la montagne de la Pèlerine, située à mi-chemin environ de Fougères à Ernée, petite ville où les voyageurs ont coutume de se reposer.

 

 

 

 

 

 

Titre : Le Colonel Chabert

 
Auteur : Honoré de Balzac
Edition : Gallimard (1999) / J'ai Lu Librio


Résumé :

Le colonel Chabert était un fier cavalier des armées de Napoléon… jusqu’au jour où un Cosaque lui fendit le crâne d’un coup de sabre.

 

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Chabert ! Un nom dur à porter pour cet homme foudroyé.

 

Chabert était célèbre, certes, mais il passe désormais pour un imposteur.

 

Car Chabert, colonel, comte d'Empire, est mort à Eylau, et son décès, historique, est consigné dans les actes militaires.

 

Enseveli vivant ! Tel fut le sort de Chabert. Jeté dans une fosse au milieu des cadavres, sortant de ce charnier par miracle pour rester pendant six mois entre la vie et la mort.

 

Un espoir ultime reste à ce malheureux : retrouver son identité. Hélas ! Enterré sous les morts, le voilà maintenant enterré sous des actes.


On le croit fou. Il gêne. Même sa veuve, remariée et héritière de ses biens, souhaite le voir rentrer sous terre.

 

Critique :

Ce livre, il faisait partie des livres obligatoires à lire pour l'école.

 

Quelle année ? Oh... Ben... Là, je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...

 

Sans exagérer.

 

Je me souviens de ma grimace en apprenant que je devais lire du Balzac. De Balzac, moi ?

 

Soupirant, je commençai le roman, assez court, du moins.

 

Je n'ai pas soupiré longtemps, je vous le jure. Prise dans le roman, je me souviens l'avoir dévoré, pestant et jurant contre l'injustice qui frappait ce pauvre colonel.

 

Son épouse indigne ? Elle aurait mérité de vivre ce qu'il a vécu : enterré dans la fosse, considéré comme "mort" alors qu'il était vivant.

 

Vous vous imaginez enterré, vous ? Moi, ça me fait froid dans le dos.

 

Vous vous imaginez en train de gratter pour sortir de la fosse, vous ? Avec des cadavres vous entourant ?

 

Et ensuite, au lieu de l'accueil qui devrait vous être réservé, vous n'êtes plus rien, vous n'existez plus.

 

Le cauchemar !

 

Lorsque j'avais refermé le livre, je m'étais dit, un peu tard, que je ne devrais plus critiquer les livres avant de les avoir lu. J'en suis sortie sonnée, dégoutée de cette injustice avec l'envie de hurler.

 

Aucun regrets de lecture !

 

Préjugés... quand vous chevauchez à mes côtés.

 

 

 

 

 

Titre : Crime et Châtiment, suivi de Journal de Raskolnikov


Auteur : Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Edition : Folio Classique (1995) / Livre de Poche (2008)


Résumé :

Seul l'être capable d'indépendance spirituelle est digne des grandes entreprises.

 

Tel Napoléon qui n'hésita pas à ouvrir le feu sur une foule désarmée, Raskolnikov, qui admire le grand homme, se place au-dessus du commun des mortels.

 

Les considérations théoriques qui le poussent à tuer une vieille usurière cohabitent en s'opposant dans l'esprit du héros et constituent l'essence même du roman.

 

Pour Raskolnikov, le crime qu'il va commettre n'est que justice envers les hommes en général et les pauvres qui se sont fait abusés en particulier. "Nous acceptons d'être criminels pour que la terre se couvre enfin d'innocents", écrira Albert Camus.

 

Mais cet idéal d'humanité s'accorde mal avec la conscience de supériorité qui anime le héros, en qualité de "surhomme", il se situe au-delà du bien et du mal.

 

Fomenté avec un sang-froid mêlé de mysticisme, le meurtre tourne pourtant à l'échec. Le maigre butin ne peut satisfaire son idéal de justice, tandis que le crime loin de l'élever de la masse, l'abaisse parmi les hommes.

 

Raskolnikov finira par se rendre et accepter la condamnation, par-là même, il accèdera à la purification. Crime et Châtiment est le roman de la déchéance humaine, l'oeuvre essentielle du maître de la littérature russe.

 

Critique :

Voilà une lecture dont je ressors mitigée tellement j'ai eu du mal à en venir à bout de ce pavé... Je sens que je vais faire grincer des dents, tant pis, ce ne sont pas mes dents et je suis ici pour donner mon avis, ce qui n'engage que moi.

 

Ayant fait, dernièrement, une superbe découverte avec les romans noirs et puisque les critiques dityrambiques de ce livre le cataloguaient dans les noirs de chez noir et autres thrillers psychologiques, j'ai décidé de franchir le pas et de me pencher sur ce pavé littéraire.

 

"Crime et châtiment", pour ceux qui reviennent de Mars, c'est une "odyssée" sur le thème du salut par la souffrance.

 

Le roman dépeint l'assassinat d’une vieille prêteuse sur gage et de sa sœur cadette par Raskolnikov, un ancien étudiant de Saint-Pétersbourg, et de ses conséquences émotionnelles, mentales et physiques sur le meurtrier.

 

Raskolnikov avait une théorie particulière : selon lui, il existe des êtres supérieurs pour lesquels la notion de mal habituelle ne s'applique pas.

 

Cette élite est au-dessus des gens inférieurs et si pour atteindre un objectif noble, une de ces personnes se voit obligée de commettre un crime, elle peut le faire et a même le droit de passer outre les lois et les scrupules. Est-ce qu'on accuse Napoléon d'être un criminel ? Que nenni ! On lui élève même des statues.

 

Et puis, la fin ne justifie pas t-elle les moyens lorsqu'il s'agit d'améliorer la justice sociale ?

 

Tuer cette vieille usurière afin de lui voler son argent pour faire le bien, selon lui, c'est moralement tolérable. Son plan de bataille foirera puisque, surpris par la soeur de sa victime, il lui donnera aussi l'extrême onction par la hache.

 

Commettre un crime est une chose, l'assumer en est une autre et Raskolnikov n'assume pas. Il est rongé par les remords et la culpabilité, torturé par des dilemmes moraux et sa raison commence à défaillir, le rendant paranoïaque.

 

Fièvre, délire, visions, sa plongée dans l'enfer va aller crescendo. Notre homme arrivera même à rejeter sa mère et sa soeur.

 

L'atmosphère du livre est oppressante, étouffante, dérangeante. Tout cela est représentatif de ce que notre criminel ressent lorsqu'il est bouffé par la culpabilité.

 

Enfermé dans sa petite chambre, la chaleur plombant la ville, tout cela ne l'aide pas, plongé qu'il est dans son huis-clos lugubre. Il en est de même pour la ville de Saint-Petersbourg : superbe et cruelle, certaines de ses rues suintant de misère qui grouille dans les taudis.

 

Ici, nous sommes aux côtés du criminel, on s'attache, non pas à la résolution du crime, mais à la manière dont Raskolnikov va pouvoir vivre avec son crime sur la conscience. Croyez-moi, ça le ronge comme de l'acide, surtout que notre homme a échoué dans son projet de vie.

 

Comment vous faire part de mon ressenti de lecture ? Pas facile... Parce que je ne sais pas trop où ça a coincé chez moi.

 

Le "message" du livre m'a bien plu, il m'a parlé, je l'ai compris; les personnages étaient tous bien travaillés, torturés; la misère noire dépeinte Dostoïevski était plus que réaliste et on peut dire qu'il a eu un regard acide sur la société russe de son époque.

 

Son écriture n'est pas plate mais plutôt frénétique, un peu folle, enflammée, les mots sont puissants, tout est décrit avec force et justesse. Bref, un grand auteur, cet homme.

 

Malgré tout, j'ai failli très souvent piquer du nez sur les pages durant ma lecture... Arrêtez de faire grincer vos dents, ce n'est pas bon pour l'émail ! De plus, cela me fait râler de ne pas avoir su entrer dans le livre pour l'apprécier, parce qu'il avait tout pour me plaire.

 

Tenez, les personnages, par exemple... Que du bon : ils sont tous taillés sur mesure, profonds, torturés.

 

Marmeladov, fonctionnaire désespéré et au chômage,  un alcoolo qui en a été réduit à accepter que sa fille Sonia se prostitue afin d'aider sa famille. Marmeladov qui, entre autre, mourra en laissant sa famille dans la misère totale.

 

Sa fille Sonia, justement, qui a dû vendre son corps et ses charmes pour aider sa famille et qui se dévoue ensuite corps et âme pour notre meurtrier. Magnifique.

 

Le juge d’instruction, qui utilise des méthodes psychologiques et qui joue avec Raskalnikov au jeu du chat et de la souris. Il est aussi terrible et tout aussi patient que le félin lorsqu'il serre une proie dans ses griffes. Un personnage terrible et bien travaillé.

 

Svidrigaïlov, qui a sombré dans le côté obscur de la force (représentant la part sombre de Raskolonikov) qui ne trouvera pas la voie de la rédemption; Loujine, un être machiavélique, cruel, bref, un personnage horrible mais superbement bien travaillé, comme tous les autres.

 

Rien à dire de plus sur les autres personnages, ils tous fascinants, excessifs, outranciers, travaillés. "What'else ?" me direz vous.

 

"Crime et châtiment" est une oeuvre majeure, phénoménale, dans laquelle l'auteur décrit avec force et justesse ce que peut être la nature humaine dans ce quelle a de plus terrible. C'est une peinture au vitriol de la misère et de la lâcheté, sans parler de la condition humaine.

 

Malheureusement, je suis passée à côté. Dommage... J'aurais peut-être dû fractionner la lecture de cette oeuvre car je manquais de concentration.

 

En tout cas, je m'en serais voulue de ne pas vous en parler avec emphase parce que ce n'est pas la faute du livre si je suis passée outre. Tout était bien fait, bien écrit, travaillé, et tout s'emboîtait à la perfection. Il avait tout ce qu'il fallait dans le récit, la psychologie, les personnages, la trame de fond.

 

Ce n'est pas parce que je l'ai loupé mon rencart avec lui que vous devez passer outre. Je compte revenir vers lui, plus tard, en fractionnant ma lecture.

 

Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), Challenge "Victorien" chez Arieste, Challenge "Les 100 livres à avoir lu" de Bianca, Challenge "Myself" par Près de la Plume-Au coin du feu, le Challenge "La littérature fait son cinéma - 3ème année" de Kabaret Kulturel et Challenge "XIXème siècle" chez Netherfield Park.

 

 

 

Titre : L'archipel du goulag


Auteur : Alexandre Soljenitsyne
Edition : Seuil (1974)


Résumé :

Immense fresque du système concentrationnaire en U.R.S.S. de 1918 à 1956, "L'archipel du goulag" (ce dernier mot est le sigle de l'Administration générale des camps d'internement) fut terminé par Soljénitsyne en 1968.

 

"Le coeur serré, je me suis abstenu, des années durant, de publier ce livre alors qu'il était déjà prêt : le devoir envers les vivants pesait plus lourd que le devoir envers les morts. Mais à présent que, de toute façon, la sécurité d'Etat s'est emparée de ce livre, il ne me reste plus rien d'autre à faire que de le publier sans délai."

 

227 anciens détenus ont aidé Soljénitsyne à édifier ce monument au déporté inconnu qu'est "L'archipel du goulag".

 

Les deux premières parties, qui composent ce premier volume, décrivent ce que l'auteur appelle "l'industrie pénitentiaire", toutes les étapes par lesquelles passe le futur déporté : l'arrestation, l'instruction, la torture, la première cellule, les procès, les prisons, etc. - ainsi que le "mouvement perpétuel", les effroyables conditions de transfert.

 

Les deux parties suivantes consacrées à la description du système et de la vie concentrationnaires feront l'objet du second volume à paraître prochainement.

 

"L'archipel du goulag" n'est pas un roman mais, comme l'intitule Soljénitsyne, un essai d'investigation littéraire.

 

La cruauté parfois insoutenable des descriptions, l'extrême exigence de l'auteur vis-à-vis de lui-même et l'implacable rigueur du réquisitoire sont sans cesse tempérées par la compassion, l'humour, le souvenir tantôt attendri, tantôt indigné ; les chapitres autobiographiques alternent avec de vastes aperçus historiques ; des dizaines de destins tragiques revivent aux yeux du lecteur, depuis les plus humbles jusqu'à ceux des hauts dignitaires du pays.

 

La généralisation et la personnalisation, poussée chacune à leur limite extrême, font de "L'archipel du goulag" un des plus grands livres jamais écrits vivant au monde, "notre contemporain capital".

 

 

 

 

Titre : L'Archipel du Goulag, 1918-1956

 

Auteur : Alexandre Soljenitsyne
Edition : Seuil (1974) 


Résumé :

"Dans sa lutte inégale contre le pouvoir terrestre, usurpateur et mystificateur, l'homme désarmé n'a pas eu depuis des siècles, sous aucune latitude, de défenseur plus lucide, plus puissant et plus légitime qu'Alexandre Issaïevitch Soljénitsyne..."

 

"C'est probablement le livre de ce siècle. Il va écraser sous sa masse, sous son poids spirituel et temporel, tout ce qui a été publié depuis la guerre..."

 

Ces deux phrases résument les milliers de réactions qui ont salué de toutes parts la publication du premier tome de l'Archipel du Goulag.

 

Ce volume central plonge à présent le lecteur au coeur même de l'histoire et de la géographie de l'Archipel.

 

On assiste à son surgissement, à sa consolidation, à son essaimage et à sa prolifération à la surface de ce pays qui a fini par devenir une sorte d'immense banlieue de ses propres camps, vivant du travail exterminateur d'une nouvelle nation d'esclaves, tout en s'imprégnant peu à peu de ses moeurs et de ses mots.

 

Voici décrite par le menu cette "culture" concentrationnaire qui s'est perpétuée pendant des décennies chez des dizaines de millions d'indigènes de l'Archipel, avec ses rites, ses règles, sa tradition orale, sa hiérarchie et ses castes, jusqu'à engendrer comme une nouvelle espèce infra-humaine - les zeks, peuplade unique dans l'Histoire, la seule sur cette planète à avoir connu une extinction aussi rapide et à la compenser par un mode de reproduction non moins accéléré : les flots successifs d'arrestations massives. Impossible à un seul rescapé de tout vouloir décrire en quelques centaines de pages, précise Soljénitsyne ; ajoutant toutefois : "Mais la mer, pour savoir quel en est le goût, il n'est besoin que d'une gorgée."

 

 

 

 

Titre : Une journée d'Ivan Denissovitch

 

Auteur : Alexandre Soljenitsyne
Edition : Presse Pocket (2007) / 10/18


Résumé :

En 1962, pour qu'Une joumée d'Ivan Denissovitch pût être publiée en URSS, Soljenitsyne avait dû consentir à des coupures et, par endroits, remanier le texte original.

 

Voici la version intégrale de ce roman si profondément, si tragiquement russe et qui, cependant, fait maintenant partie du patrimoine mondial de la culture.

 

Vingt ans ont passé depuis qu'il a vu le jour. Des oeuvres monumentales ont succédé à ce joyau : le Premier Cercle, le Pavillon des cancéreux, Août Quatorze et ce requiem colossal qu'est l'Archipel du Goulag ; pourtant, c'est toujours Ivan Denissovitch qui revient le premier à la mémoire dès qu'on nomme Soljenitsyne.


Récit, dans sa version intégrale, de la douloureuse expérience du maçon Denissovitch dans le camp Solovetski. Cette description crue du goulag a fait sensation dès sa parution.

Autre quatrième de couverture :

Une journée d'Ivan Denissovitch , c'est celle du bagnard Ivan Denissovitch Choukhov, condamné à dix ans de camp de travail pour avoir été fait prisonnier au cours de la Seconde Guerre mondiale.

 

Le récit nous montre sa journée depuis le coup sur le rail suspendu dans la cour qui marque le lever, jusqu'au court répit du soir et au coucher, en passant par les longues procédures de comptage, la peur des fouilles, les bousculades au réfectoire, les travaux de maçonnerie par un froid terrible dans l'hiver kazakhe, les menues chances et malchances de la journée.

 

Archétype du paysan russe moyen, Choukhov, homme humble et débrouillard en qui le bien fait encore son oeuvre, a su se libérer intérieurement et même vaincre la dépersonnalisation que ses maîtres auraient voulu lui imposer en lui donnant son matricule.

 

Le talent propre à Soljénitsyne, son don de vision interne des hommes apparaissent ici d'emblée dans une complète réussite : ce chef-d'oeuvre à la structure classique restera dans toutes les anthologies du vingtième siècle comme le symbole littéraire de l'après-Staline.

 

 

Critique : 

"Une journée d'Ivan Denissovitch", c'est du café fort, du café fort noir, bien qu'en apparence, il n'en ait pas l'air. À vue de nez, le café a l'air fort clair, pour peu, on apercevrait le clocher de l'église dans le fond de la tasse, mais lorsqu'on le goûte, sa force se fait ressentir dans la bouche et elle vous prend à la gorge.

 

Étrange pourtant, puisque ce récit d'une journée dans un goulag, en plein hiver, ne comporte pas de scènes violentes, ni de scènes de tortures. Pour peu, on lirait bien cette histoire avec le sourire... jusqu'à ce que la dure réalité se fasse ressentir : hé, on est au goulag !

 

Voilà toute la force du roman de Soljénitsyne : faire du roman fort, nous prendre par les tripes, nous faire ressentir la faim d'Ivan et des autres, nous faire ressentir le froid mordant, la peur, la résignation, la violence des gardiens, l'inhumanité des lieux, le travail titanesque qu'on leur demande d'accomplir, le tout sans épanchements, sans forcer le trait, en restant sobre... Tout en nous donnant un récit d'une forte intensité.

 

Ben oui, c'est quoi une journée dans toute une vie ? Rien... Mais pourtant, si importante. Surtout qu'au goulag, il faut rester en vie.

 

Il ne se passe pas de choses exceptionnelles dans le roman, pourtant, l'ennui est impossible et j'ai suivi cette journée d'Ivan avec passion, mes les tripes nouées tout de même.

 

Ivan, il est un homme simple, avec de l'enthousiasme. Ce n'est pas un tire-au-flanc ou un salaud, mais pour survivre au goulag, il doit ruser afin que son morceau de pain qu'il a caché ne soit pas dérobé durant son absence, ne pas se faire donner par un autre qui aurait à gagner un petit avantage, bref, éviter de se faire remarquer et d'aller au cachot qui signifierait la presque mort.

 

Mieux qu'un Spartiate, le prisonnier CH-854 de la brigade 104 a mis au point tout un tas de petites combines afin d'améliorer quelque peu sa détention inhumaine : ne pas dévorer toute sa miche de pain le matin pour la faire durer;  magouiller afin d'avoir une soupe en plus; rendre des services à ceux qui reçoivent des colis; faire correctement son travail pour ne pas mettre leur brigadier dans la merde; cacher quelque lames dans son uniforme et faire en sorte de ne pas se faire attraper...

 

Denissovitch se permet même le luxe, à la fin, d'être optimiste et de se dire qu'une journée de plus était passée, sans seulement un nuage, presque un bonheur...

 

Un récit minimaliste qui donne naissance à une œuvre puissante, fallait le faire et le génie de l'auteur l'a fait. Poignant.

 

Et si le lecteur se donne la peine de réfléchir à l'envers du décor, cela lui donnera la vision d'un système totalitaire qui nie l'individu, qui lui enlève tout espoir et toute possibilité de réintégrer la vie normale. Ils savent tous qu'ils ne sortiront jamais de là...

 

On peut comprendre qu'à l'époque où le roman fut publié dans le "Novy Mir" il fallu couper quelques passages pour la publication (pourtant, ils n'étaient pas excessifs, ces passages) et que cela péta comme une bombe dans l'opinion russe puisque c'était la première fois qu'un écrivain parlait des goulags, lui qui y avait été.

 

Un grand roman à découvrir !

 

Challenge "Myself" par Près de la Plume... Au coin du feu

 

 

 

 

Titre : Le Pavillon des cancéreux

 

Auteur : Alexandre Soljenitsyne
Edition : Presse Pocket (2005)


Résumé :

En 1955, au début de la déstalinisation, Alexandre Soljenitsyne est exilé dans un village du Kazakhstan après huit ans de goulag.

 

Il apprend alors qu'il est atteint d'un mal inexorable dont le seul nom est un objet de terreur. Miraculeusement épargné, il entreprendra quelques années plus tard le récit de cette expérience.


Au " pavillon des cancéreux ", quelques hommes, alités, souffrent d'un mal que l'on dit incurable. Bien que voisins de lit, Roussanov et Kostoglotov ne se parlent pas.

 

Pour l'un, haut fonctionnaire, la réussite sociale vaut bien quelques concessions.

 

Pour l'autre, Kostoglotov, seule compte la dignité humaine.

 

Pour ces êtres en sursis, mais également pour Zoé la naïve, Assia la sensuelle, Vadim le passionné, c'est le sens même de leur vie qui devient le véritable enjeu de leur lutte contre la mort. Une oeuvre de vérité.

 

Critique : 

Il est des chroniques plus difficile à écrire que d'autres parce qu'on ne sait pas vraiment par quel bout commencer, ni comment l'introduire.


Un peu comme un oeuf qu'une poule aurait du mal à pondre tant la lecture fut longue, dure, intensive, mélangeant des tas d'émotions qu'à la fin, on termine un peu saoule.


Éliminons déjà le caillou dans la chaussure, perçons l'abcès de suite : j'avais pris plus de plaisir dans "Une journée d'Ivan Denissovitch" mais les deux romans ne sont pas comparables au niveau du nombre de pages (700 ici).


Pourtant, dans cet hôpital qui soigne les cancéreux, nous avons ici aussi un large panel de la société russe dans toute sa splendeur.


Paul Roussanov est un crétin fini (dans le sens de veule et méprisant) qui s'insurge qu'une tumeur ait osé s'en prendre à lui, cadre zélé du parti communiste ! Non mais... Il est exigeant, s'insurge qu'on ne l'ait pas encore examiné après 18h et menace toujours de porter plainte.


Face à lui, Kostoglotov, un relégué qui a vécu les purges staliniennes, les camps du goulag et la guerre. Un personnage que j'ai mis du temps à cerner...


Nous avons aussi, pour équilibrer le bateau, le bienveillant Sigbatov, condamné à se faire emporter par sa maladie, le cynique Pouddouïev, un moribond désœuvré... Chaly qui boit de la vodka,


Sans oublier l'étrange Chouloubine, qui  contemple la salle, silencieux. Du côté des médecins, on a la dévouée Lioudmila Dontsova, Vera Kornilievna Gangart dont la vie se résume à son travail, le serein Léonidovitch, le chirurgien respecté, et Zoé, l'impudente et naïve infirmière.


Dans cet espèce de huis-clos où toutes ces personnes sont obligées de cohabiter, malgré leurs différences de statut social (le Roussanov a refusé le pyjama de l'hosto et a amené le sien), vous n'échapperez pas aux méthodes de soin de l'époque - déjà des rayons, oui ! - ni aux regards des médecins sur ce crabe qu'ils tentaient déjà d'enrayer à l'époque.


L'époque, parlons-en, tien ! Elle n'est pas de tout repos non plus... 1955, Staline est out, mort et embaumé, et le pays est dans une phase de déstalinisation, ce qui n'arrange rien.


La maladie, par contre, les met égaux, se fichant pas mal qu'ils soient ancien prisonnier ou cadre du parti !


Malgré le fait que j'ai aimé découvrir ce petit monde qui souffre, qui espère, qui partage, qui se chamaille, qui perdent courage, qui se battent, j'ai souffert de certaines longueurs dans le roman au point que j'ai sauté des lignes.


Problème aussi, le nom des personnages qui changent souvent, étant appelé selon un nom et ensuite un autre... ça n'aide pas ! Lioudmila Afanassievna alias Dontsova, par exemple ou Paul Nikolaievitch qui est ensuite appelé Roussanov ou Paul Nikolaievitch Roussanov. Bon, lui, vu son caractère de chien, il était reconnaissable.


Soljenitsyne a été soigné dans un pavillon pour cancéreux et il a connu le goulag... Kostoglotov devait lui ressembler un peu. Un homme qui a connu l'horreur dans la vie et qui malgré tout, avance encore et toujours. J'ai aimé le personnage.


C'est un roman sombre, un roman qui ce régime qui oubliait sciemment ses membres les plus faibles et qui se complaisait dans ses odieuses certitudes.


Un roman qui vous fera découvrir la Russie du 20ème siècle, celle de tous les excès, sa grandeur, ses injustices et l'amour énorme que portent ses habitants à leur chère patrie.


C'est un roman où il ne faut pas vraiment chercher un récit, une histoire, du suspense, car vous êtes juste face à un panel de patients et des médecins qui sont confrontés à la maladie et au manque de place dans cet hôpital de Tachkent


Un roman sombre, un roman qui dénonce un régime, un roman humaniste aussi, qui met en avant la capacité de l'humain à s'inscrire dans son destin. Ou pas.


Challenge "Myself II" par Près de la Plume... Au coin du feu et le "Pavé de l'Été" chez Sur Mes Brizées.

 

 

 

Titre : Le Deuxième Sexe, tome 1 : Les faits et les mythes

 

Auteur : Simone de Beauvoir
Edition : Gallimard (1986)


Résumé :

«Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique.

 

Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la "réalité féminine" s'est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l'Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes.

 

Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu'il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s'évader de la sphère qui leur a été jusqu'à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain.» 

 

 

 

 

Titre : Le Deuxième Sexe, tome 2

 

Auteur : Simone de Beauvoir
Edition : Gallimard (1986)


Résumé :

Comment la femme fait-elle l'apprentissage de sa condition, comment l'éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire.

 

Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux femmes qui, héritant d'un lourd passé, s'efforcent de forger un avenir nouveau.

 

Quand j'emploie les mots "femme" ou "féminin" je ne me réfère évidemment à aucun archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de mes affirmations il faut sous-entendre "dans l'état actuel de l'éducation et des mœurs".

 

Il ne s'agit pas ici d'énoncer des vérités éternelles mais de décrire le fond commun sur lequel s'enlève toute existence féminine singulière.

 

 

 

 

Titre : Les Liaisons dangereuses

 

Auteur : Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos
Edition : Folio Classique


Résumé :

Au petit jeu du libertinage, l'adorable Valmont et la délicieuse Madame de Merteuil se livrent à une compétition amicale et néanmoins acharnée : c'est à celui qui aura le plus de succès galants, et le moins de scrupules.

 

Peu importent les sentiments, seule la jouissance compte. Les conquêtes se succèdent de part et d'autre, jusqu'à ce que Valmont rencontre la vertu incarnée : la présidente de Tourvel.

 

Elle est belle, douce, mariée et chaste : en un mot, intouchable. Voilà une proie de choix pour Valmont : saura-t-il relever ce défi sans tomber dans les pièges de l'amour ?

 

De lettre en lettre, les héros dévoilent leurs aventures, échangent leurs impressions et nous entraînent dans un tourbillon de plaisirs qui semble n'avoir pas de fin.

 

Petit plus : Ce sulfureux roman a longtemps été censuré, ce qui ne l'a pas empêché de fasciner des générations de lecteurs et, plus près de nous, de captiver bon nombre de cinéastes : "Les Liaisons Dangereuses" de Stephen Frears mais aussi les adaptations de Roger Vadim, et de Milos Forman.

 

Critique :

Ce roman traînait dans ma PAL depuis tellement longtemps...

 

Pourtant, j'avais commencé sa lecture, il y a de cela bien longtemps, mais le style épistolaire et la baratin tarabiscoté utilisé à cette époque m'avaient paru tellement fastidieux que je n'avais pas accroché et je l'avais reposé définitivement.

 

Que je croyais.

 

Vive les challenges littéraires qui nous motivent à nous pencher sur ces romans perdus dans le fond de nos biblio.

 

Je laisserai à Valmont le soin de vous déflorer l'histoire, si jamais vous ne la connaissiez pas.

 

Sinon, je pourrais vous dire que je viens de lire 380 pages de machiavélisme ! A croire que la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont sont les descendants directs de Machiavel.

 

La vengeance entraînant des dommages collatéraux, vaut mieux pas de trouver dans les parages de la marquise et du vicomte. Surtout si vous êtes un mâle et que la marquise de Merteuil a décidé de s'offrir votre tête pour le petit déj.

 

Pareil si vous êtes une femme fidèle qui résiste.  Cela poussera Valmont à tous les artifices pour vous attirer dans ses rets.  Une femme qui est parée de toutes les vertus, que à côté, la Vierge Marie fait pâle figure, une femme qui  se refuse, c'est bien plus excitant pour le vicomte que une qui les écarte tout de suite. Le gibier n'en sera que meilleur une fois la chasse terminée.

 

De même que l'oie blanche en provenance direct du couvent et qui doit marier un vieux mec plein de thunes. C'est si bon... et la puisque la marquise lui demande si gentiment, Valmont peut courir deux lièvres à la fois.

 

J'ai bien souvent écarquillé les yeux en lisant leur prose et toutes les stratégies retorses qu'ils élaborent pour arriver à leurs fins. Le pire est quand la victime que Valmont décide d'instruire est mineure d'âge (15 ans).

 

On peut comprendre le scandale que le livre fit à l'époque. Les pires travers de l'aristocratie s'y trouvent.

 

C'est du joli, tout cela ! Je ne regrette pas de m'y être penché à nouveau sur cet ouvrage.

 

Attention, je vous avoue tout de même que j'ai commencé la lecture le 2 octobre et que je l'ai terminé le 29 octobre (de la même année, hein, n'exagérons pas).

 

Entre les coups, j'ai lu d'autres livres tellement celui-ci me prenait du temps.  Les tournures du langage sont bien souvent lourdes et il vaut mieux être attentif pour comprendre de qui Merteuil veut se venger et toutes les petites subtilités de l'histoire.

 

De plus, mon édition (vendue avec le journal "Le Soir" à l'époque) avait les paragraphes qui commençaient tout en haut de la page, allait tout en bas et bien sur les côtés aussi. Voilà une raison de plus à la longueur de ma lecture.

 

Moralité de l'histoire ? Les dégâts fait autour de Valmont et Merteuil sont incommensurables; on est puni par là où on a péché; il vaut mieux sortir "couvert"; l'amour rend les femmes complétement débiles (et les jeunes hommes aussi); la vanité et l'orgueil mènent tout droit dans le talus et un jour, tout se paie... Et cash !

 

Un roman de plus qui m'a marqué, un !

 

Lu dans le cadre du challenge "Badinage et libertinage" organisé par Minou, dans le cadre du Challenge "Romans Cultes" de Métaphore, dans le cadre du challenge "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel ainsi que dans le cadre de l'Objectif PAL Noire à Zéro en partenariat avec George et L'Or et de mon propre challenge "Vingt mille lieues sous mes étagères".

 

 

 

Titre : Justine, ou "Les malheurs de la vertu"

 

Auteur : Marquis de Sade
Edition : Livre de Poche (1973)


Résumé :

« Avec Justine, un homme du XVIIIe siècle parle, un prisonnier vitupère, un philosophe argumente, tous ensemble, dans une symphonie agressive que notre oreille douillette, accoutumée à de trop douces harmonies peut-être, reçoit comme un coup de poing.

 

C'est précisément dans ce choc que la vérité de Sade doit se trouver, dans l'hématome, la boursouflure, le filet de sang qui suinte de la plaie.


"Vous avez imaginé faire merveille (écrit-il à ses censeurs) en me réduisant à une abstinence atroce sur le péché de chair ; eh bien vous vous êtes trompés : vous avez échauffé ma tête, vous m'avez fait former des fantômes qu'il faudra que je réalise."

 

Les menaces de Sade vont se concrétiser et les "fantômes", nés de son cerveau incendié par l'injustice, se mettre en marche, pour ne plus s'arrêter.

 

Sade a 50 ans lorsqu'il écrit "Justine ou les malheurs de la vertu", il ne sait pas encore qu'il est un écrivain.

 

Il l'apprendra dans l'enfermement, ce qu'il appelle lui-même le "pressurage" de son isolement. »

 

 

Critique :

 

A lire dans le cadre de "Objectif PAL Noire à Zéro" organisé par "Les livres de George" et "L'Or des chambres" et avec lesquelles je suis en partenariat.

 

Sans oublier mon propre challenge "Vingt mille lieues sous mes étagères".

 

 

 

 

Titre : La philosophie dans le boudoir ou Les instituteurs immoraux
 
Auteur : Marquis de Sade
Édition : Maxi Poche

Résumé :

Cachez cet auteur que je ne saurais voir. J'ai nommé le marquis de Sade. Grand absent des anthologies scolaires, Sade fut longtemps le paria de la littérature française.

 

Et pourtant, c'est bien de littérature qu'il s'agit et d'éducation qui plus est.

 

"La Philosophie dans le boudoir", chef-d'œuvre du divin marquis, est le plus ambitieux des manifestes du libertinage jamais écrit. Avec Sade, l'acte accompagne toujours la théorie et il est plaisant de voir son Dolmancé, mâle incroyablement membré dans la pleine possession de ses moyens, éduquer la jeune Eugénie, 15 ans à peine, aux acrobaties du corps et à la gymnastique de l'esprit.

 

Confiée aux mains de Mme de Saint-Ange et de Dolmancé, Eugénie, élève douée, progresse très vite dans le domaine du plaisir.

 

"Nous placerons dans cette jolie petite tête tous les principes du libertinage le plus effréné, nous l'embraserons de nos feux, nous l'alimenterons de notre philosophie", annonce Mme de Saint-Ange.

 

Au terme de 300 pages voluptueuses, la jeune fille ignorante sera devenue experte et aguerrie en philosophie du plaisir.

 

"La Philosophie dans le boudoir" n'est pas un classique de l'érotisme, c'est le livre fondateur, la Bible du plaisir qui pourrait faire passer le Kama Sutra pour une simple fiche technique.

 

Critique : 

Que dire de ce livre si ce n'est que les protagonistes feraient mieux de parler moins et de s'envoyer en l'air plus !

 

Ben oui, durant les moments de "pause" entre deux sodomies ou autre pénétrations en "al", les protagonistes pérorent sur Dieu, la politique, la morale et autres sujets qui m'ont fait bailler d'ennui tant ces messieurs étaient sûr de détenir la Vérité Absolue.  La diatribe sur la non-existence de Dieu est à mourir d'ennui !

 

Désolée, mais durant les phases réfractaires de chouchou, je n'aurais pas du tout envie de l'entendre me parler de politique ou de religion ! Surtout que Sade y va quand même fort dans sa philosophie qui tient plus de celle "du comptoir" que d'ailleurs.

 

Oh pardon... Pour ceux qui aurait une cul-ture zéro, " La philosophie dans le boudoir ou Les instituteurs immoraux", c'est l'histoire de la journée d'éducation sexuelle et de débauche de la jeune Eugenie, 15 ans au compteur, que madame de Saint-Ange et son frère incestueux vont initier a toutes les facettes du sexe par tous les orifices.

 

C'est "la journée de la luxure", le tout aidé d'un sodomite qui cause beaucoup trop : Dolmancé.  Plus un shyphilitique, mais en fin de roman.

 

En deux mots : ça éduque la gamine, ça baise tous ensemble ou séparé, ça cause et ensuite, ça refornique par tous les trous qui existent.

 

Les scènes de sexe ? C'est de la resucée : un "sandwich" entre trois hommes, de l'inceste frère-soeur, de la sodomie en veux-tu-en-voilà, du décalotage et suçage en tout genre. Rien de neuf sous le soleil, si ce n'est la perversion de certaines histoires où Dolmancé parle d'un homme qui a des rapports sexuels avec sa fille, lui fait un enfant, le dépucelle aussi, etc... Sade voulait choquer, il l'a fait.

 

Par contre, peu de descriptions dans les scènes de sexe. Certes, pour l'époque, ça a dû choquer la ménagère de moins de 50 ans, mais maintenant, bof. J'ai lu des fan-fics cochonnes bien plus détaillées dans leur scène hot que celles du roman du Marquis !

 

Ce que je reproche d'autre au livre ? Les dialogues qui sont souvent à se taper la tête au mur tant ils peuvent être bêtes, parfois.

 

Pire, lors de la fameuse scène de couture (ceux qui ont lu comprendront, les autres, imaginez), la mère - qui est censée avoir très mal vu l'endroit où on la coud - ne hurle pas très fort sa douleur, c'est limite si on n'a pas l'impression d'une mauvaise actrice qui veut en faire trop : "Tu me déchires, scélérate ! Que je rougis de t'avoir donné l'être !".

 

Heu, on est en train de lui suturer un certain endroit... Ça ne m'a même pas collé de frissons de dégoût tant cela ne faisait "pas vrai", ses récriminations de douleur.

 

Sans parler que les dialogues sont présentés comme dans une pièce de théâtre, et là, ça ne passait pas, malgré la vaseline.

 

De plus, une gamine de 15 ans qui se fait débaucher l'arrière-train sans arrières-pensées, comme si on lui expliquait la cuisine, demandant qu'on la débauche fissa... Là, je tique un peu en raison du fait qu'elle devient une grosse cochonne en deux secondes chrono.

 

N'ayant jamais vu un vit de sa vie (vit = pénis), elle se fait prendre par derrière comme d'autre vont prendre un verre, criant même qu'on la lui fourre profond. Hop, ça glisse comme chez une vielle péripatéticienne. Pas très réaliste.

 

Les personnages sont parfois à tuer, surtout Dolmancé, qui, à force de crier "je décharge, je décharge", m'a pompé l'air !

 

Je termine "No shocking" par le livre, ayant juste ressenti de l'ennui profond, mais très profond !

 

Marquis, tu aurais pu détailler plus tes scènes au lieu de nous faire toujours le même scénario sexuel !

 

Lu dans le cadre du challenge "Badinage et libertinage" organisé par Minou et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : Je suis une légende

 

Auteur : Richard Matheson
Edition : Folio SF (2001)


Résumé :

Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l'abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil...

 

Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu'aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme.


Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l'ultime survivant d'une espèce désormais légendaire.

 

Critique :

Que dire sur ce livre qui n'a pas encore été dit ici ?? Pas évident. Vous dire que, comme bon nombre, j'ai découvert le film bien avant le roman original et que j'ai vite mis de côté les souvenirs que j'avais de Will Smith silonnant un New-York vide avec son berger allemand ?

 

Et bien oui, pour ceux qui débarqueraient de la planète mars (John Carter, si tu me lis...), les deux oeuvres ont des points communs mais ne se ressemblent guère.

 

Déjà, l'époque (1976 pour le livre), la non-présence de Rex chien flic, si ce n'est un pauvre clébard famélique, et surtout que Robert Neville est blond... et encore des tas d'autres détails. Dont la fin qui est loin d'être Holywoodienne.

 

Ce fut donc une belle découverte ce roman que j'ai commencé ce matin et fini ce soir (mais pourquoi j'ai évité comme la peste les romans de Classiques SF, moi ?).

 

Le pitch (Black ?) : Robert Neville est le dernier survivant d'une pandémie. Cette épidémie fut causée par un bacille qui transforma les gens en espèces de vampires (loin des Bisounours de la mère Meyer) qui, heureusement pour lui, ne survivent pas à la lumière du soleil.

 

Robert tient tête, depuis trois ans, à ces vampires, parmi lesquels se retrouvent ses anciens amis et voisins devenus des vampires.

 

Vivant dans une maison barricadée et fortifiée afin de résister aux attaques nocturnes de ces noctambules hémoglobinovore, il ne sort que pendant la journée afin de se ravitailler.

 

Je me plains parfois du climat Belge, mais notre pauvre "last men" vit dans un climat d'horreur, étouffé par la solitude et les remords. Je me suis attachée à lui.

 

Bien qu'il y ait des cadavres à la pelle dans le livre, il n'y a pas de temps mort dans la lecture. Attention, pas de scène de bastons grandiloquentes, pas d'action pure et dure et pourtant, on ne s'emmerde pas en le lisant. Loin de là, le rythme est trépidant et les pages tournent toutes seules.

 

C'est un huis-clos puisque, à quelques exceptions près (les souvenirs et les morts-vivants), Neville est seul avec ses pensées qui le hantent.

 

Et pour ce qui est des dialogues, les vampires ne sont pas très prolixes !

 

Puisque je vous cause des vampires, j'ai aimé l'approche que Richard Matheson fait sur ce mythe. Point de mystère ou de fantastique, mais de la science ! Cela change tout.

 

Avec l'ami Will Smith, le film tournait autour d'un combat à mort de l'homme (le gentil) contre les vampires (les méchants). Manichéen à mort et très "simpliste".

 

Diable, nous étions bien loin des subtilités que le roman nous offre et que les studios d'Hollywood ont laissé de côté. Le roman de Matheson est bien plus ambivalent.

 

"C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés". Et tout est dit.

 

Lu dans le cadre des challenges "Romans Cultes" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : Fahrenheit 451

 

Auteur : Ray Bradbury
Edition : Folio SF (2000)


Résumé :

451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume.

 

Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif.

Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable.

 

Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

Petit plus : Né en 1920, Ray Bradbury s'impose à la fin des années 40 comme un écrivain majeur, avec la parution d'une série de nouvelles oniriques et mélancoliques, plus tard réunies sous le titre de Chroniques martiennes.

 

Publié en 1953, Fahrenheit 451, qui finit d'asseoir la réputation mondiale de l'auteur, sera porté à l'écran par François Truffaut.

 

Critique :

Un pompier qui brûle des livres, c'est aussi révoltant qu'un contrôleur à la fraude fiscale qui fraude... qu'un garde-chasse qui braconne... et quand c'est autorisé par l'Autorité Suprême, c'est encore plus révoltant.

 

Guy Montag est un pompier qui joui presque à chaque fois qu'il nourri les flammes de son feu avec des feuilles de livres. Cette "purification" par le feu ne se conteste même pas. Aucune questions sur le fait de savoir si ce qu'il fait est bien ou pas. Pour lui, un bon livre est un livre brûlé. Un pompier, c'est fait pour détruire par le feu.

 

Un soir, il rencontre Clarisse, une jeune fille de son quartier, une jeune fille différente, une jeune fille qui se pose des questions et qui lui en pose une de taille : "C'est vrai qu'autrefois les pompiers éteignaient le feu au lieu de l'allumer ?". Montag nie. Un pompier qui éteint un incendie, c'est du n'importe quoi.

 

Pourtant, Clarisse, à force de le croiser, instille le doute dans son esprit et Montag va tenter d'en apprendre plus sur ces autodafés qui ont lieu depuis des siècles et il commence à faire travailler son cerveau, son esprit... Ce faisant, il va à l'encontre de tout le monde.

 

"Fahrenheit 451" fut écrit en 1953... Un vieux brol ? Que nenni, il est plus que d'actualité parce qu'en le lisant, j'avais l'impression de me retrouver dans un monde proche, un monde fait d'écrans de télé, de relations virtuelles, de gens qui ne pensent à rien, qui ne veulent même pas penser, qu'on empêche de penser...

 

Puisque les livres vous donnent des informations différentes, ils les ont banis et les détruisent pour vous éviter de vous fouler les neurones avec toutes ces données perturbantes. 

 

Afin de rendre les gens heureux, on les bombarde d'images et de faits, sans émotion, sans réflexion... Pour être heureux, il ne faut pas penser.

 

L'écriture précise et incisive de Bradbury ne m'a laissé aucun répit et j'ai dévoré ce livre plus vite que le feu ne l'aurait consumé.

 

Bradbury nous met face à une société ou l'anti-culture est la norme, ou la liberté brille par son absence, où les gens refusent de savoir, préférant se mettre la tête dans le trou ou écouter leur murs - plutôt que d'autres êtres humains - et ils vivent complaisamment dans la soumission.

 

Napoléon disait : "Le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude". Dans la société décrite par l'auteur, les fers et la cage sont dorés.

 

L'auteur ne vous plante pas les actes des autodafé sans vous les justifier, sans donner des arguments à ceux qui accomplissent cette tâche sans conscience ni remords : "Pour éliminer les différences, il faut éliminer les sources de réflexion et de contestation". Dont acte.

 

Bam, prends-ça dans la face, Montag, toi qui veux penser, toi qui veux découvrir les livres et lire ce qu'il y a à l'intérieur. Pauvre fou, va ! Tu crois que l'on va te laisser faire ?

 

Non, non, dans cette société, on ne pense pas !

 

"Si vous ne voulez pas qu'un homme se rende malheureux avec la politique, n'allez pas lui cassez la tête en lui proposant deux points de vue sur une question, proposez-lui un seul. Mieux encore, ne lui en proposez aucun".

 

C'est un merveilleux nivellement par le bas que l'auteur nous décrit. Il ne fait pas bon être intello, dans ce monde là.

 

Quoi ? Dans le notre non plus ? Quand je vous disais que ce livre n'était pas si vieux que ça ! Les gens s'abrutissent devant de la télé-réalité bête à pleurer et les idiots qui la peuplent sont mis sur un piédestal tandis que les émissions "avec des neurones" sont virées des écrans. Normal, les émissions intelligentes ne donnent pas du temps de cerveau disponible à la marque de boisson gazeuse.

 

Comme le dit d'ailleurs Bradbury  : "Il y a plus d’une façon de brûler un livre", l’une d’elles, peut-être la plus radicale, étant de rendre les gens incapables de lire par atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire, paresse mentale ou simple désinformation (ceci est un extrait de la préface).

 

On me disait bien, à moi, que lire c'était s'isoler du monde et certains me raillaient... Ils ne me raillent plus !

 

Dans cette préface, on nous dit aussi "Aujourd'hui, on ne brûle pas les livres. Ou plutôt on ne les brûle plus" ce qui me fait réagir et dire "c'est faux". Nous l'avons bien vu au Mali avec des livres transformés en bûcher.

 

Je pardonne à la préface, à l'époque où elle fut écrite, on n'en brûlait peut-être plus...

 

L'Histoire nous apprend qu'en cas de conflit, c'est toujours la culture qui est sacrifiée en premier. Un peuple sans culture, c'est un peuple sans identité, nus, sans âme,... Sans compter que certains, ne comprenant sans doute rien à rien, sont les premiers à flinguer des livres quand ils en croisent.

 

Un sacré visionnaire, Bradbury...

 

Oui, en 2013, on interdit toujours certains livres, parce que leur vérité dérangent, parce que l'auteur révèle des choses intimes sur X, parce que certains se déclarent les véritables gardiens ou les vrais interprètes d'un livre religieux ou de la parole de Dieu.

 

Oui, des cathos ultra ont manifesté pour empêcher une pièce de se dérouler parce que pour eux, elle était insultante pour dieu sait qui.

 

Oui, dans certains pays, certaines vérités ne sont pas bonnes à dire...

 

Une vision de l'avenir pas si SF que ça... nous n'en sommes pas encore là, mais qui sait si un jour les lobotomisés du cerveau ne prendront pas le pas sur ceux qui ont encore une cervelle et savent s'en servir ?

 

A découvrir si ce n'est pas encore fait, il n'est jamais trop tard !

 

Pour conclure, je reprendrai la phrase de Jean d'Ormesson : "On ne brûle pas encore les livres, mais on les étouffe sous le silence".

 

Lu dans le cadre du Challenge "Romans Classiques" de Métaphore Challenge et celui de "La littérature fait son cinéma - 3ème année" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : 1984

 

Auteur : George Orwell
Edition : Folio (1972)


Résumé :

L'origine de 1984 est connue : militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s'est inspiré de Staline pour en faire son "Big Brother", figure du dictateur absolu et du fonctionnement de l'URSS des années trente pour dépeindre la société totalitaire ultime.

 

Mais Orwell n'oublie pas de souligner que les super-puissances adverses sont elles aussi des dictatures...

 

Ce qui fait la force du roman, outre son thème, c'est la richesse des personnages, qu'il s'agisse du couple qui se forme, malgré la morale étroite du Parti, ou même du policier en chef qui traque les déviants, ex-opposant lui-même, passé dans les rangs du pouvoir...

 

C'est aussi cette "novlangue", affadie et trompeuse, destinée aux "proles", et ces formules de propagande ("L'ignorance, c'est la force") scandées par des foules fanatisées et manipulées. 1984 est un livre-phare, apologie de la liberté d'expression contre toutes les dérives, y compris celles des sociétés démocratiques.

 

Critique :

Que dire de nouveau après 203 critiques ? Que depuis l'incident avec la grosse curieuse NSA, les ventes du livre ont augmenté de... 7000% ? Comme quoi, tout le monde veut en savoir plus sur Big Brother...

 

Big Brother n'est pas vraiment un système de surveillance, c'est surtout le portrait d'un homme avec des grosses moustaches qui fait curieusement penser à Staline.  Sa tronche est présente partout en Océania.

 

Océania ? Nouveau Club Med ? Non ! Un Régime Totalitaire dans toute sa splendeur qui nivelle à mort par le fond. Même la télé réalité n'arriverait pas à faire aussi bien qu'eux parce que nous possédons encore le libre arbitre de la regarder ou pas.

 

Sûr que ce livre m'a fait dresser les cheveux sur la tête ! Quand je vous dis que c'est un régime "totalitaire", vous pouvez me croire, on frôle même la perfection, la machine est bien huilée, style rouleau compresseur et vu d'ici, la mécanique me semble sans faille.

 

Observons là de plus près.... L'espion qui espionne les espions, c'est nous. En cas de problème, le terminal de l'aéroport en Russie nous servira de Terre Promise !

 

A Océania, on surveille tout le monde derrière des écrans et pour votre intimité, vous repasserez ! Une sorte d'écran de PC ou de télé au mur qui voit tout.

 

A Océania, l'ennemi d'hier devient le super pote du lendemain et on afface des "journaux" le fait qu'on ait été en guerre avec lui durant quelques années. La population ne doit pas savoir, elle doit oublier.

 

Oh, pardon, les journaux ne sont pas en vente libre dans le kiosque du coin, mais disponibles aux archives et constamment remis à jour.

 

Winston, notre "z'héros", est chargé, avec d'autre, de changer les infos des journaux que la population n'a jamais eu l'occasion de lire. Le tout pour le bien de l'Histoire.

 

Quand je dis que l'on nivelle par le bas, on y va à fond et même Nabilla a plus de mot de vocabulaire que leurs dicos. Fini les synonymes et les antonymes, on utilisera "bon" ou "inbon" et "plusbon"... Les dictées de Pivot seront insipides... pardon, en Novlangue, c'est "inbon".

 

Le sexe ? Bientôt comme chez les animaux d'élevage : pour assurer la pérennité de la race, quand au plaisir... Quel plaisir ?? "Orgasme" ne se trouve pas dans leurs dictionnaire.

 

Vous faites un pas de travers ? On peut vous dénoncer, surtout votre famille, vos enfants... déjà bien conditionné, les moutards ! Pffffttt, vous serez vaporisés et votre nom disparaîtra aussi. Existence zéro.

 

A Océania, à 7h du mat', on vous réveille grâce à l'écran et c'est parti pour une séance de gym tonique  style "Véronique et Davina" mais sans elles, sans les jolies poitrines qui dansent, sans le sourire, mais avec la sueur et les injonctions : "Élève Winston, touchez vos pieds avec vos mains, mieux que ça !".

 

Tout est manipulé et la population gobe tout comme des oies au gavage... Les mensonges sont répétés et deviennent Vérité Historique. Sont gravés, quasi.

 

C'est pas le cas dans notre société ? Non ? Z'êtes bien sûrs ? Je suis tracée avec mon GSM, mon abonnement aux transports en commun, le PC du boulot, mon PC personnel aussi car Obama lit mes critiques que la NSA surveille de près, je dois être sur la liste rouge parce que tout à l'heure, j'ai dit à mon collègue que... Hé, non, je ne vais pas l'écrire, sinon, je vais monter en grade à la NSA !

 

Pharmacie ? Idem avec la carte SIS (Vitale en France), si vous avez une carte "GB-Carrefour", ils savent même ce que contient votre panier de ménagère de moins de 50 piges !

 

Caméras par-ci, caméras par-là... Les JT ne nous disent pas tout, on ne sait rien, les gouvernements nous mentent, les banques et assurances aussi, les lobbys contrôlent tout et certains osent même affirmer que la croissance va remonter... Une bonne nouvelle pour faire plaisir à la masse, comme dans le livre ??

 

Si le roman est assez long à lire et à certain moment "lourd", il faut s'accrocher afin d'arriver jusqu'au bout. Je l'ai lu par petites doses.

 

Dans "L'épée de vérité", Richard Rahl était le caillou dans la mare. Winston sera-t-il ici le grain de sable qui vient gripper la grosse machine bien huilée ou se fera-t-il prier d'aller voir sur la plage s'il n'y a pas de pavé en dessous ?

 

À l'heure ou nos gouvernements stockent nos données, nos messages, nos conversations téléphoniques dans un but "sécuritaire" (mon cul !), à l'heure ou Oncle Sam regarde par-dessus notre épaule, entassant un max de données qu'il ne saura jamais traiter, qu'avons-nous fait de notre indignation ?

 

Diantre, Frigide Barjot n'était pas là pour s'offusquer de l'oeil de Washington ? D'ailleurs, les manifestants des derniers temps ne sont pas là pour crier que les bornes ont des limites ??

 

Le mariage joyeux, non, l'espionnage à grande échelle, oui !

 

Orwell, relève-toi, on se laisse faire comme des moutons à l'abattage !

 

Challenge "Romans Classiques" de Métaphore, "La littérature fait son cinéma - 3ème année" de Kabaret Kulturel et "Les cent livres à avoir lu" chez Bianca.

 

 

 

Titre : Des fleurs pour Algernon

 

Auteur : Daniel Keyes
Edition : J'ai Lu


Résumé :

Algernon est une souris de laboratoire, Charlie Gordon un simplet employé aux médiocres besognes. Tous deux vont emprunter, grâce à une découverte du docteur Strauss et du professeur Nemur, le chemin vers l'intelligence.

 

Suivi par la psychologue Alice Kinnian dont il tombe rapidement amoureux, Charlie va faire de grands progrès sur le plan intellectuel.

 

Ainsi, au terme du troisième mois de traitement, il consigne dans son journal, originellement intitulé CONTE RANDU : J'ai téléphoné à Landsdoff au New Institute for Advanced Study, au sujet de l'utilisation des paires d'ions produites par effet photo-nucléaire, pour des recherches exploratoires en biophysique.

 

La progression est fulgurante. Mais le plus dur est à venir, et la découverte du monde qui l'entoure sera sans concession.

 

Puis soudain le rêve s'effondre, Algernon décline et finit par mourir.

 

Petit plus : A rapprocher de Quotient intellectuel à vendre de John Boyd, cette fable émouvante conviendra autant aux jeunes lecteurs avides de découvertes qu'aux amateurs qui seraient passés à côté de ce livre aujourd'hui classique.

 

Il obtint en effet le prix Hugo en 1960 et fut porté à l'écran par Ralph Nelson en 1968 sous le titre de Charly.

 

Critique : 

« Un bon livre, c'est un livre qui te fait mal quand tu le refermes. »

 

Cette année 2012 est un bon millésime car riche en "coups de coeur"  littéraires.

 

Ces coups de coeur, je les dois aux critiques sur Babelio, qui m'ont données envie d'enrichir ma bibliothèque, mais aussi à certains membres qui m'ont conseillé des livres dont ils se doutaient qu'ils me procureraient des heures de plaisir.

 

Et bien, ce livre, c'est aussi grâce aux bonnes critiques lues sur Babelio et surtout grâce au fait que Métaphore me l'ai recommandé comme j'hésitais avec un autre titre.

 

Cette oeuvre de science-fiction (que je n'aurais eu l'idée de lire), je l'ai acquise et lue dans le cadre du challenge "Romans Cultes" organisé par Métaphore.

 

C'est grâce à son challenge que j'ai découvert cette pépite.

 

"Des fleurs pour Algernon" fera, lui aussi, partie de ces romans qui me hanteront encore longtemps après avoir tourné la dernière page.

 

Pourtant, ma première impression, en commençant ma lecture, fut un écarquillement des yeux pas possible.

 

En effet, sur la première ligne, je venais de lire "Conte randu" et je me suis dit qu'il devait y avoir une grève des correcteurs, le jour où le livre fut édité.

 

La deuxième ligne me fit tiquer aussi sur une faute d'orthographe énorme et là je me suis dit qu'il devait y avoir une subtilité que je n'avais pas vu, étant donné que j'avais commencé ma lecture en buvant mon premier café, au réveil.

 

Ok, c'est Charlie Gordon, le "héros" qui nous parle et vu qu'il est arriéré mental, ces fautes d'orthographe sont normales.

 

Le personnage de Charlie est sympathique, on aurait presque envie de gueuler sur tous ceux qui se moquent de lui, sans que Charlie s'en rende compte.

 

Evidemment, il est toujours plus facile de se moquer de ceux qui ne savent pas se défendre, cela nous rend plus fort...

 

Charlie ne veut qu'une chose, devenir "un telligent". La science le fera, mais les rêves, une fois qu'ils sont réalisés, ne sont pas toujours agréables et Charlie va le découvrir à ses dépends.

 

Puisque son QI se développe, Charlie va tout doucement se rendre compte que les autres se moquaient de lui, qu'il peut éprouver de la colère, que lui aussi peut devenir condescendant envers les autres parce qu'ils n'ont pas un esprit aussi vif que le sien.

 

Voilà donc un roman qui m'a pris aux tripes, me laissant à la fin avec une boule dans la gorge parce que l'issue est tout tracée.

 

J'ai suivi l'évolution de Charlie, son retour dans son passé, dans ses souvenirs qui sont remontés à la surface durant l'augmentation de son QI, j'ai souffert avec lui en découvrant que sa mère, après avoir fait comme si son fils était "normal", a tout fait pour le rendre intelligent, préférant se dire que c'était de la paresse plutôt qu'une déficience mentale.

 

Le début est fort prenant, on remarque de suite l'amélioration de Charlie en lisant ses billets où les fautes s'estompent, où les phrases deviennent de plus en plus construite. 

 

L'homme ayant toujours eu peur de ce qu'il ne connaît pas, de ce qui est différent de lui, voilà que les collègues de travail de Charlie ont peur de lui, ne veulent plus le voir, son niveau d'intelligence étant tellement élevé, qu'ils se sentent en infériorité devant lui.

 

Et vu qu'ils s'élevaient en écrasant un plus faible, une fois que le faible d'esprit devient un génie, ça les rabaissent.

 

Le pire c'est que Charlie devient comme eux, regardant les autres qui sont moins vifs d'esprit que lui, avec supériorité, changeant de personnalité, perdant même son sourire qu'il affichait tout le temps auparavant.

 

Si une partie du livre peut sembler moins importante, je l'ai lue avec avidité parce que elle signifiait aussi la révolte de Charlie qui en avait marre de ne pas être traîté en être humain et sa fuite, avec Algernon.

 

Arriéré avant, cobaye ensuite, il se révoltait contre ceux qui le considérait comme leur "propriété", comme s'ils lui avaient donné naissance. Ils traitaient Charlie comme Algernon, la souris blanche devenue intelligente, elle aussi, suite à une manipulation scientifique.

 

L'auteur ne s'appesantit pas non plus sur la vie de misère de Charlie, distillant plutôt tout cela dans les rapports écrits par Charlie, lorsqu'il se souvient et comprend. Je pense que c'est encore pire de cette manière. On a mal avec lui.

 

La fin est prenante, vous collant une boule dans la gorge lorsque Charlie se rend compte que le processus s'inverse...

 

Je l'ai terminé avec les larmes aux yeux, tant je m'étais attachée au personnage et tant il est déprimant de se rendre compte de sa déchéance.

 

C'est comme lorsqu'une personne atteinte d'Alzheimer se rend compte, dans un bref moment de lucidité, qu'elle perd les pédales... ça lui fait mal et aux autres aussi.

 

Ce livre a beau être de la science-fiction, il illustre de belle manière les dangers de la science ou de la médecine, lorsqu'elle utilise son savoir à mauvais escient.

 

Comme le disait Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Et c'est la vie et l'âme de Charlie qu'ils ont ruiné, même si le fait de devenir aussi intelligent était son rêve. Ceci dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions...

 

Le mal était plus fort que le bien qui fut fait et, ma foi, ils auraient mieux fait de lui ficher la paix, à Charlie !

 

Après un roman pareil, un de ceux qui me hantera longtemps après que la dernière page se soit tournée, il me faut lire un roman simple, un roman avec un meurtre ou un truc léger, une lecture qui ne prendra pas la tête, qui ne me nouera pas les tripes, ne me causera pas de l'humidité dans les yeux, un truc du genre... 

 

Lire un Harlequin ? Non, j'ai dit "divertissant", pas "abrutissant" ! Oh, vite, un San-Antonio !

 

Lu dans le cadre des challenges "Romans Cultes" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : American Psycho

 

Auteur : Bret Easton Ellis
Edition : 10/18 (2005)


Résumé :

" Je suis créatif, je suis jeune, [...] extrêmement motivé et extrêmement performant. Autrement dit, je suis foncièrement indispensable a la société ".

 

Avec son sourire carnassier et ses costumes chics, Patrick Bateman correspond au profil type du jeune Yuppie des années Trump. Comme ses associés de la Chemical Bank, il est d'une ambition sans scrupules.

 

Comme ses amis, de il rythme ses soirées-cocktails pauses cocaïne. À la seule différence que Patrick Bateman viole, torture et tue. La nuit, il dévoile sa double personnalité en agressant de simples passants, des clochards, voire un ami.

 

Mais il ne ressent jamais rien. Juste une légère contrariété lorsque ses scénarios ne se déroulent pas exactement comme prévu...

 

 

Critique :

ABANDON !! Oui et je vous jure que ça me fait bien râler (pour rester un tant soit peu polie) parce que ce roman, je voulais à tout prix le découvrir, surtout en lisant toutes les critiques positives sur Babelio.

 

Et oui, je savais ce qui m'attendait, du moins en ce qui concerne les scènes gores.

 

En fait, ce n'est pas ça qui m'a fait décrocher, mais les quantités de ce que je nommerai "des élucubrations" (celles d'Antoine me faisaient rire, pas celles des personnages du roman).

 

Déjà, dès les premières pages, j'ai soupiré en découvrant la scène du taxi et les dialogues sans queue ni tête. Surréaliste...

 

Et ce ne fut qu'une longue suite de soupirs en tournant les pages et en tombant sur des pavés indigestes de bla-bla, de liste de marques pire que si je me trouvais sur une chaîne consacrée aux pubs.

 

Ok, c'est bien que l'auteur insiste sur le fait que l'argent a fait d'eux des esclaves, que le dieu fric est leur maître et que ces gens ont perdu toute notion de ce qu'est la réalité. Mais de là à nous décrire, jusqu'à l'indigestion, les détails de leurs repas et toutes leurs vaines distractions... Soupirs, soupirs. 

 

Heureusement que ces divagations endormantes étaient entrecoupées de scènes plus sanglantes pour me réveiller.

 

Patrick Bateman, notre personnage principal est psychopathe à ses heures perdues et il dézingue des SDF. On passe son temps comme on peu, non ?

 

Golden boy friqué, il est élégant, ne porte que des costumes qui valent votre mois de salaire, il est plus brillant qu'un sapin de Noël illuminé et nous pouvons dire que c'est une espèce de bôgosse. Bôgosse infernal et infect, oui !

 

Le pire, c'est que nous entrons à un moment dans l'ère du surréalisme poussé à pleine puissance puisque personne ne s'émeut des traces de sang sur les draps, le sol, les journaux imbibés de fluide vital que la femme de ménage dépose tout simplement dans la poubelle.

 

Il l'a vraiment fait ou pas ? Il a rêvé, fumé, disjoncté tout seul ?

 

Je n'en sais rien parce qu'au final, j'ai zappé des centaines de pages, les tournant en grimaçant pour finir par lancer le livre sur la table, de rage.

 

Même le sang qui giclait m'énervait à cause de tout le reste.

 

Le plus râlant ? Au boulot, tout était terminé, plié, encodé, clôturé, bref, j'avais le droit de m'affaler dans mon fauteuil de bureau, de mettre les pieds sur la table et de lire durant 4h...

 

Non, je n'avais rien d'autre à lire avec moi... et là, ce fut un long cri de douleur. Mes collègues ont cru que le PC avait planté, serveur y compris et que toutes les données étaient perdues. Z'ont eu peur.

 

No stress, c'était juste ma frustration de lecture après quelques chef-d'oeuvre littéraires. American Psycho ne sera pas mon coup de coeur et ma critique ira dans le sens contraire des autres.

 

Le livre qui a ébranlé l'Amérique ne m'a pas ébranlé, moi...

 

P'têt que le film avec Christian Bale sauvera les meubles ?

 

Titre participant aux Challenges "Romans Classiques" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : Bel-Ami

 

Auteur : Guy de Maupassant
Edition : Livre de Poche (1979)


Résumé :

Le monde est une mascarade où le succès va de préférence aux crapules. La réussite, les honneurs, les femmes et le pouvoir: le monde n'a guère changé.

 

On rencontre toujours - moins les moustaches - dans les salles de rédaction ou ailleurs, de ces jeunes aventuriers de l'arrivisme et du sexe.

 

Comme Flaubert, mais en riant, Maupassant disait de son personnage, l'odieux Duroy : " Bel-Ami, c'est moi."

 

Et pour le cynisme, la fureur sensuelle, l'athéisme, la peur de la mort, ils se ressemblaient assez.

 

Mais Bel-Ami ne savait pas écrire, et devenait l'amant et le négrier d'une femme talentueuse et brillante.

 

Maupassant, lui, était un immense écrivain. Universel, déjà, mais par son réalisme, ses obsessions et ses névroses, encore vivant aujourd'hui.

 

Critique :

"Mais d'aventure en aventure, D'arrière-train en arrière-train, De corps en corps, De lit en lit, Jamais encore, je vous le jure, Je n'ai réparé mes torts"... (sur une chanson bien connue de Serge Lama).

Georges Duroy, jeune homme arriviste et ambitieux, surnommé Bel-Ami, aurait pu chantonner ce refrain, lui qui, dénué de tous scrupules, n'a pensé qu'à son ascension, en parfait petit arriviste qu'il était, utilisant les femmes comme des objets selon son bon plaisir, toujours en quête de plus de pouvoir et de luxe.

 

Mais qu'est-ce qu'il a ce Georges qui leur fait sortir le coeur par la gorge ?

 

Il avait le charme... et les femmes tombaient comme des mouches. Il faut dire qu'il les attrapait avec du miel et non du vinaigre.

 

"Bel Ami" nous raconte donc l’ascension de Georges Duroy, jeune homme arriviste et ambitieux (je répète pour les deux du fond qui ne suivent pas), qui se hissera du pavé Parisien jusqu’aux plus hautes strates de la bonne société.

 

Ce fils de paysan normand travaillera d’abord modestement comme employé aux Chemins de fer du Nord, mais sa rencontre avec Charles Forestier, ancien conscrit du même bataillon que lui,  va changer sa vie mieux que les six croix du Lotto.

 

Grâce à son ami, il entre au journal "La vie française" mais Georges, éternel insatisfait de sa condition, lorgne déjà plus haut.

 

Il veut toujours gagner plus pour dépenser plus (tiens, ça me fait penser à un autre type...), il veut la reconnaissance de ses pairs, les éloges,... Bref, un sale emmerdeur jamais content de ce qu'il a.

 

Je dois vous avouer que je n'ai ressenti aucune empathie pour Georges Duroy. Juste un énervement envers ce petit arriviste qui voulait péter plus haut que son cul, dilapidant même son premier salaire et les quatre suivants, reçu en avance !

 

Une maîtresse à satisfaire, ça coûte cher... Et ça fait des dettes à l'ami Georges.

 

Grâce à son joli minois de Bôgosse, à sa moustache blonde et à sa maîtresse, une femme mariée, les frivolités des salons mondains lui sont ouvertes, et Bel-Ami est vite remarqué par le reste de la gente féminine.

 

Le Bôgosse arriviste va rapidement faire son chemin de lit en lit, jusqu’à fréquenter l’intelligentsia Parisienne de la fin du dix neuvième siècle.

 

Sans aucun scrupule, il utilisera sa beauté et son charme pour mener grand train, brisant les vies, la paix des ménages et les cœurs autour de lui, sans un regard en arrière.

 

Il ne se marie pas par amour, mais pas opportunité, sa femme devenant son nègre puisque Môssieur Bel-Ami à dû mal à écrire ses articles.

 

C'est aussi un homme jaloux qui, bien que trompant sa femme, ne supporte pas qu'elle fasse de même. Lui, c'était sans doute pour l'hygiène qu'il trempait son biscuit dans d'autres tasses de café...

 

Philippe Geluck, auteur du "Chat", dans un dessin non publié en France (z'ont pas osé le publier) faisait dire à la Une d'un journal lue par le Chat "DSK, le coup de b***  qui change l'histoire de France".

 

On pourrait, par analogie, appliquer cette phrase à Bel-Ami : ça lui a changé la vie aussi, ses galipettes. La différence c'est que lui, ça l'a bien servi ! Et que, il n'a pas toujours dû sortir la flûte de son pantalon pour charmer les femmes.

 

Par contre, gare au biscuit d'un homme politique important qui traînait dans les environs de la tasse de café de son épouse... Encore un coup de b*** qui change l'histoire de France !

 

Ah, ah, ah mais vraiment, Georges Duroy est un salaud ! (chanson paillarde bien connue).

 

Sadique, calculateur, manipulateur, enjôleur et vengeur, voilà son portrait peu flatteur.

 

La lecture m'a bien plu dans le sens où j'ai suivi le récit de cet arriviste qui ne s'est inquiété en rien du mal qu'il pouvait faire, brisant les coeurs pour arriver à ses fins, jouant et trompant les femmes avec de jolis sourires.

 

Mais j'ai détesté se personnage.

 

Lu dans le cadre des Challenges "Romans Cultes" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : Des souris et des hommes
 
Auteur : John Steinbeck
Édition : Gallimard (1972)

Résumé :

George Milton et Lennie Small, deux amis, errent sur les routes de Californie. George protège et canalise Lennie, une âme d’enfant dans un corps de géant.

 

Lennie est en effet un colosse tiraillé entre sa passion - caresser les choses douces – et sa force incontrôlable.

 

Animés par le rêve de posséder leur propre exploitation, ils travaillent comme journaliers, de ranch en ranch.

 

L’amitié qui les lie est pure et solide, mais ne suffit pas à les protéger de la maladresse de Lennie.

 

Une maladresse presque poétique, qui les conduit à changer sans cesse de travail, et qui laisse poindre à l’horizon un drame sans égal.

 

Critique : 

Allez, la 101ème sera pour moi ! Non, je ne vous parle pas de la 101ème division aéroportée US (Airborne Division), mais bien de la 101ème critique sur ce livre que je n'hésiterai pas à qualifier de chef-d'oeuvre littéraire.

 

Ce livre, c'est court, c'est bref, mais c'est de l'intense, du concentré.

 

Comme quoi, il vaut mieux un petit roman percutant qu'un gros roman endormant... La taille ne fait pas tout, c'est la manière de manier la plume qui est importante (Canel, si tu me lis...).

 

Je ne permettrai pas de déflorer le roman, vous êtes grand assez que pour l'acheter/louer et le lire. Croyez-moi, il en vaut la peine.

 

Des personnages principaux, nous en savons peu sur leur passé, juste le strict minimum. Pourtant, loin de les survoler, nous sommes en plein dedans. Ils sont attachants, touchants...

 

Lennie est un grand et fort gars, avec l'esprit d'un enfant, Georges, son ami, le protège et le canalise. Ensemble, ils travaillent comme journaliers, de ranch en ranch. Le rêve de Lennie est d'avoir une petite ferme, avec des lapins et il adore que Georges lui raconte encore et encore ce rêve qu'ils ont.

 

Roman dévoré d'une traite !

 

Le final, je l'ai vu venir... Il m'a fait prendre conscience que je devrais prendre rendez-vous chez l'ophtalmologue, pour cause de "vision troublée". Fort troublée... Les dernières lignes, je les voyais de moins en moins bien.

 

A mon avis, je devais avoir une crasse dans chaque oeil car ils sont devenu singulièrement humides suite à l'activité des glandes lacrymales.

 

Une superbe découverte littéraire !

 

PS : En tapant le titre dans le moteur de recherche, j'ai découvert que l'acteur Gary Sinise ("Forrest Gump" - "Apollo 13" - "Snake Eyes" - "La Ligne verte" - Mac Taylor dans "Les Experts Manhattan") avait joué le rôle de Georges (face à Malkovich dans le rôle de Lennie) et qu'il avait même produit le film.

 

Durant ma lecture, Georges avait la tête de Gary Sinise...

 

Lu dans le cadre des Challenges "Romans Cultes" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : L'île au trésor

 

Auteur : Robert Louis Stevenson

Edition : Le Livre de Poche (1973)

 

Résumé :

Le succès considérable d'un livre qui, a priori, n'était pas destiné aux enfants, lui a causé beaucoup de tort, et ses lecteurs adultes se font sans doute plus rares aujourd'hui.

 

Pourtant, à l'image de "Robinson Crusoé" ou de "Moby Dick", "L'Île au trésor" constitue bel et bien un pilier essentiel de notre littérature.

 

Ce récit investit un mythe, lui donne chair et couleurs, et l'inscrit dans notre imaginaire de façon irréversible.

 

Délaissant les clichés, Stevenson crée une atmosphère de cauchemar, fait revivre des pirates sanguinaires, plus vrais que nature, qui s'entre-déchirent sur une île pestilentielle brûlée par le soleil, battue par le ressac.

 

La mer, il la décrit peu, et ne s'embarrasse guère de métaphores : mais elle nous pénètre de son sel, de sa houle, de son vacarme.

 

Sans aucun effet de style, il charge son encre d'iode et de sang, déroule son fil narratif avec un mélange unique de tension et de fragilité sereine.

 

Et nous lègue un chef-d'oeuvre universel, en toute simplicité.

 

Critique :

C'est un fameux trois-mâts, fin comme un oiseau... Hisse et ho... Santiano ? Non, c'est l'Hispaniola. Raté !

 

"Hisse et ho, marins d'eau douce ! Souquez ferme et plus vite avant que Jack Sparrow n'ait vent du trésor et ne nous le souffle !".

 

De l'histoire, je ne connaissais que celle de la série animée réalisée par Osamu Dezaki (à vos souhaits) et diffusée en France en 1987 au très célèbre Club Dorothée (celui que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître).

 

Je confirme que la série animée était assez fidèlement adaptée du roman et que non, le livre n'est pas pour les ti n'enfants !

 

Ce roman, c'est celui d'une chasse au trésor, d'une île mystérieuse, des pirates et des honnêtes gens embarqué sur le même bateau... sans que les braves gens ne s'en doutent...

 

Bref, une vraie histoire de pirates et de trésor comme on les aime, le livre qu'il faut lire lorsque la pluie cingle les carreaux dehors, que le vent souffle, que la baromètre est calé sur "tempête" et qu'un bon feu de bois crépite dans la cheminée.

 

Ce roman, c'est aussi dépaysement assuré, aventures garanties, frissons et gilet de sauvetage en option. Et l'impôt sur la fortune en cas de découverte du trésor ? Voyez cela avec sa Majesté le roi d'Angleterre !

 

Dans ce roman, il y a des marins qui boivent (à la santé des putains d´Amsterdam ?), y a des marins qui meurent, qui fomentent et qui complotent, prêts à se mutiner (à défaut de se lutiner).

 

Le pitch ? Le héros et le narrateur, c'est Jim Hawkins, un gamin qui a croisé le chemin d'un marin nommé Billy Bones (plus pirates que marin). C'est un ivrogne, il est violent et cet homme est venu se réfugier dans l'auberge de ses parents.

 

Lorsque Bones avalera son certificat de naissance, tout va s'enchaîner et c'est sur une lande sombre et désertique, battue par les vents que Jim verra avec épouvante surgir...

 

Mais non, pas le Chien maudit des Baskerville... Heathcliff, dégage toi aussi, c'est pas ta lande désertique.

 

Non, il assistera, impuissant, à l'arrivée d'une bande de flibustiers (et pas d'eau douce) à l'aspect plus qu'inquiétant et fermement décidés à avoir la peau de Billy Bones qui, d'après eux, possèderait la carte de l'emplacement d'un trésor !

 

Mais c'est Jim qui a la carte et c'est lui qui se retrouvera sur le pont de l'Hispanolia en route vers cette île mystérieuse où ce scélérat de capitaine Flint a enterré son trésor... Yo, oh, oh, et une bouteille de rhum.


Pas de bol quand on jacasse trop (n'est-ce pas, sieur Trelawney ?) et que même le perroquet connaît le but du voyage, c'est que l'on court le risque de se retrouver avec de drôles d'hommes d'équipage dont le plus inquiétant de tous n'est autre que Long John Silver, le flibustier le plus redouté de son temps...

 

Le matricule du pauvre Jim et de ses amis, le docteur Livesey, Sir Trelawney et le capitaine Smolett va chauffer, c'est sûr !

 

Waw, ça c'était de l'aventure qui décoiffe !

 

Lu dans le cadre des Challenges "Romans Cultes" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

Titre : Le tour du monde en quatre-vingts jours
 
Auteur : Jules Verne
Édition : Gallimard (2001)

Résumé :

Faire le tour du globe en 1920 heures ou 15200 minutes, c'est le pari fou que le gentleman anglais Phileas Fogg relève en 1872 contre les membres du Reform Club de Londres ! Il entraîne Passepartout, son valet, dans une course effrénée...


Poursuivi, de steamboat en railroad par les polices anglaises qui voient en lui le cambrioleur qui vient de dévaliser la Banque d'Angleterre.

 

Une grande aventure où se croise une belle indienne à sauver du bûcher. où les ponts s'effondrent, les navires flambent... et où un gentleman dépense et se dépense sans compter pour atteindre son but à l'heure exacte !

 

Critique : 

Sorry, veuillez excuser mon léger retard, mais je viens de boucler un tour du monde en 80 jours en compagnie de mon ami Passepartout et son nouvel employeur, Mr Phileas Fogg.

 

Y'a pas à dire, c'était une sacrée aventure que nous venons de vivre, tout ça pour un pari avec ses amis du club auquel il appartient ! Monsieur Fogg a tout de même parié la moitié de sa fortune.

 

Qui je suis ? Mais enfin, je suis Tico et je voyage dans la poche de Passe-Partout.

 

Quoi ? Ah, pardon, je vous présente mes excuses. Tico ne fait pas partie du roman de Verne. Là, je me croyais revenue en 1983, sur Récré A2, dans ce grand classique du dessin animé japonais "animalier" (comme dans le dessin animé "Sherlock Holmes").

 

Voilà tout le paradoxe de ma lecture : l'omniprésence des images du dessin animé qui avait bercé mon enfance et que j'avais revu avec plaisir il y a 10 ans.

 

Le dessin animé, bien que fidèle au livre, possédait quelque différences, dont une de taille : l'humour !

 

Ici, le Philéas Fogg n'a pas une tête de lion et est moins sympa, l'inspecteur Fix du livre n'est pas aussi crétin que celui de la version animée (et sans compère encore plus crétin) et pas de Tico pour faire des bêtises.

 

Alors, j'ai dû faire table rase sur mes souvenirs et une fois que ce fut fait, ma lecture s'est accélérée et bien que connaissant la fin, j'ai ressenti l'ivresse de la course et du poteau final qui s'approchait. Oui, on peut connaître la fin et jouir du suspense malgré tout.

 

Verne n'est pas avare de descriptions, que se soit au niveau des personnages ou des endroits qu'ils traversent. On voyage à peu de frais en compagnie de nos deux compères, Fogg gardant son flegme quoi qu'il arrive.

 

Quant à Passepartout, il fera bien quelques bêtises, bien vite pardonnées et puis, il se rattrape à la fin !

 

Le seul bémol est la princesse que j'ai trouvée un peu trop lisse, pas assez présente et Fogg moins sympa que sa représentation en lion.

 

Pour le reste, une lecture agréable, rapide, sans prise de tête, un voyage autour du monde à une vitesse folle et un dépaysement certain. Je me devais de le lire et j'ai bien fait.

 

"80 jours à courir, pas plus pour réussir
Le tour complet de la planète
Personne ne l'a jamais fait
Mais on fera tout pour être les premiers
80 jours à courir, pas plus pour réussir
Le tour complet de la planète
Pla_nète, quel pari de fou mais on y arrivera
Oh, quel pari de fou mais on y arrivera"

 

Y'a pas de raison qu'elle ne vous trotte pas dans la tête à vous aussi !

 

Livre lu dans le cadre des challenges "Romans Classiques" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma - 3ème année" de Kabaret Kulturel.

 

 

 

 

Titre : Les Raisins de la colère
 
Auteur : John Steinbeck
Édition : Gallimard/Folio

Résumé :

L'histoire débute au moment où Tom Joad sort de prison. Tandis qu'il retourne chez lui, il rencontre un ancien prédicateur, Jim Casy, avec qui il partage des souvenirs d'enfance.

 

Les deux personnages font la route ensemble. Alors qu'ils arrivent à la ferme familiale, ils s'aperçoivent que celle-ci a été désertée. Déconcertés et un peu perdus, Tom et Jim décident d'aller chez l'Oncle John où ils retrouvent les autres membres de la famille Joad. Ces derniers sont en train de charger un camion Hudson avec ce qui leur reste de biens.

 

Les cultures ont été anéanties par le Dust Bowl (tempête de sable) et la famille n'a par conséquent pas pu honorer ses dettes. Chassés de chez eux, ils espèrent que la situation s'arrangera en Californie grâce à des feuillets leur proposant du travail et qui sont distribués un peu partout dans leur état : ils pensent que, là-bas, ils auront à manger et gagneront assez d'argent pour vivre.

 

Séduits par cette publicité, la famille Joad décide d'investir tout ce qui lui reste dans ce voyage. Bien que ce projet enfreigne les termes de sa liberté conditionnelle, Tom décide de partir avec sa famille. L'ancien pasteur J. Casy se joint également à la famille.

 

Les Joad empruntent la Route 66 pour aller vers l'ouest. 

 

Dans des camps de fortune dressés au bord de la route ils entendent l'histoire d'autres familles, dont certaines reviennent de Californie.

 

La famille Joad ne veut pas admettre que les promesses auxquelles elle croit ne seront pas tenues. Juste avant la limite d'état, Noah (l'aîné des fils Joad) quitte la famille pour rester vivre au bord du Colorado et la grand-mère de la famille meurt pendant la traversée du désert.

 

En arrivant en Californie, Connie (le mari de Rose of Sharon, la fille, qui est enceinte) quitte la famille. Le reste de la famille, dirigé par Man, n'a d'autre choix que de poursuivre sa route.

 

A leur arrivée, ils s'aperçoivent qu'ils ne gagneront jamais beaucoup d'argent car il y a trop de travailleurs et les propriétaires importants de la région ne les respectent pas tandis que les plus petits font faillite. Ils profitent du grand nombre d'émigrants pour baisser les salaires et les familles émigrantes vivent dans des camps de fortune provisoires appelés Hooverville.

 

Les travailleurs étant exploités, des individus essayent de les faire adhérer à des syndicats ; Jim Casy, qui a fait de la prison pour couvrir Tom car il avait agressé un shérif, est l'un d'entre eux.

 

Critique : 

Un roman qui, malgré ses quelques longueurs, m'a pris aux tripes... Un roman porteur d'un message sur le capitalisme qui, non content d'exploiter l'homme, fait en sorte que toutes les richesses ne soient détenue que par quelques mains (la racaille en col blanc).

 

L'industrialisation a beau être pointée du doigt dans ce roman (les tracteurs), ce n'est pas elle qui est citée à comparaître sur le banc des accusés : la machine n'est pas responsable du mal qu'elle fait.

 

Non, mais l'auteur dénonce la mauvaise utilisation et le fait que les banquiers - eux, une fois de plus - aient entraînés les plus pauvres à payer leurs erreurs (♫ non, non, rien n'a changé ♪).

 

Oklahoma, fin des années 20... 1929 pour être plus précise. Les cultures ont été anéanties par le Dust Bowl (tempête de sable) et les agriculteurs qui avaient emprunté de l'argent aux banques après une récolte merdique, se retrouvent à ne plus savoir honorer leurs dettes puisque aucune de leurs récoltes ne fut vraiment bonne.

 

Et que font les banquiers lorsque vous ne savez pas payer vos dettes ? Ils vous saisissent vos biens, vos terres et vous saisissent à la gorge. Ils ont expulsé les fermiers sans aucun état d'âme (et nous savons que cela continue de nos jours)...

 

Le passage où les tracteurs charruent les terres des pauvres gens, massacrant au passage leurs maisons de bois est émouvant. C'est toute leur vie qu'on met à bas, leurs terres que l'on massacre, leurs terres que l'on va épuiser en plantant du coton.

 

À non, c'est vrai, ce ne sont plus leurs terres, ce sont celles de la banque, de la société, de on-ne-sait-pas-trop-qui, mais le repsonsable n'est pas "humain" en tout cas. Il est bien plus facile de dire que c'est la Société Machin.

 

Chassés de chez eux, ils penseront comme tous les immigrants que leur situation s'arrangera ailleurs - en Californie, ici - puisque des feuillets leur promettent monts et merveilles, notamment du travail à foison. Ces pauvres gens pensent que, là-bas, ils auront à manger et gagneront assez d'argent pour vivre. Pauvres fous... (pas en tant qu'insulte, mais en tant que visionnaire de leur futures emmerdes).

 

La famille Joad, c'est elle que nous allons suivre sur leur chemin d'exil  depuis l'Oklahoma jusqu'en Californie, sur la mythique route 66 qui ne sera pas une partie de plaisir, mais s'apparentera plus à une descente aux Enfers.

 

De fait, nous n'avons jamais vu d'immigrants voyager en Rolls. Ici, ce sera un vieux "camion". De nos jours, ce sont des containers, des embarcations de fortune...

 

Mais comme Moïse, la terre promise, certains ne la verront jamais, et les autres, ils ne feront que l'avoir rêvée parce qu'on leur a vendu de belles images. Non content de les spolier de leurs terres, on les spolie de leurs rêves d'avoir une vie meilleure.

 

Ce livre comporte des passages assez long et j'ai parfois eu dur de continuer le voyage, mais comme les Joad, je me suis accrochée afin de lire ce chef-d'oeuvre de Steinbeck, ce pamphlet qui n'épargne pas les banques et qui nous raconte ce que fut la grande dépression de 1929 au travers du voyage d'une famille.

 

Il vous prend aux tripes parce que vous vous retrouvez à abandonner ce que fut votre vie, vos affaires, vos amis, vous voyagez sur une route qui a tout du fleuve Styx (celui des Enfers), parce que vous vous retrouvez dans des camps de fortune dressés sur les bords des routes, parce que les promesses de travail vantées par les put**** de prospectus ne sont pas tenues, entrainant les familles déjà démunies à crever de faim parce que sans emploi et sans nourriture.

 

Et tout retour en arrière est impossible, c'est marche en avant ou crève en faisant marche arrière.

 

La famille Joad, qui ne sera pas au bout de ses peines, va devoir se disloquer, elle crèvera de faim aussi, subira comme d'autres l'injustice et l'exploitation, elle devra faire face à des conditions de survie inhumaines, elle connaîtra le rejet, la discrimination, la mort, la prison,..

 

Comme le dit la devise de mon pays, "L'Union Fait La Force" et c'est uni que tout ces opprimés arriveront à s'en sortir. La solidarité étant souvent très forte entre eux (dans le livre).

 

Autre paradoxe soulevé par le récit et qui me fait penser à ce que nous vivons toujours : les habitants de Californie ne veulent pas les immigrés mais ils en ont besoin pour le travail... "Travaille et puis casse-toi, pauv'con".

 

Bref, un livre à lire, les personnages sont attachants, ce qui est écrit est une partie de l'histoire, malgré quelques longueurs, ça vaut la peine de l'ouvrir, de plus, le style d'écriture est implacable. Dire que depuis, rien n'a changé.

 

L'auteur a reçu pour cette œuvre le prix Pulitzer en 1940.

 

Lu dans le cadre des Challenges "Romans Cultes" de Métaphore, de "La littérature fait son cinéma - 3ème année" de Kabaret Kulturel, du "Pavé de l'été" chez Sur Mes Brizées, pour Le "Challenge US" chez Noctembule et pour Lire "À Tous Prix" chez Asphodèle.

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Commentaires: 4
  • #1

    Métaphore (dimanche, 02 décembre 2012 19:09)

    Hihihi, c'est rigolo, moi je l'ai bien aimé :)
    Mon avis sera en ligne demain
    Bonne soirée

  • #2

    Thérèse (mardi, 31 juillet 2018 13:47)

    Je conseille très vivement les romans de Thomas Hardy

  • #3

    Robert (jeudi, 19 septembre 2019 06:46)

    Je m'appelle Robert de France, je rejoins les illuminati parce que je voulais être riche et puissant, mais le plus important, c’est que je voulais être un joueur de basketball, c’était mon rêve. Je suis français, mais je suis né aux États-Unis. J'ai contacté le grand maître Edmundo pour qu'il m'aide à rejoindre les Illuminati, il m'a aidé et je rejoignis les Illuminati et ils me donnent tout ce que je veux dans la vie. Je suis maintenant très riche et je suis l'un des joueurs de basketball aux Etats-Unis. venez tous et profitez de votre vie au maximum si vous voulez être membre, contactez mon grand maître pour vous aider à devenir un grand homme ou une grande femme ci-dessous sont son contact

    Mon seigneur grand maître nom: Edmundo
    Courriel: grandmasteredmundoilluminati@gmail.com
    numéro Whatsapp: +2348159768201

  • #4

    Agnes Cervenansky (lundi, 03 octobre 2022 12:13)

    Bonjour, juste rapidement, je découvre cette page et ce site, et voilà j'ai à nouveau envie de lire, et non seulement de lire mais de découvrir des classiques, ou pas. Merci, merci.


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